Séjour Février 2015
COMPTE-RENDU de SEJOUR du 6 JANVIER au 31 MARS 2015
Avant de vous détailler les nombreuses actions que nous avons menées encore cette année dans le district de Kaski, je ne peux passer sous silence les deux terribles tremblements de terre qui ont secoué le Népal le 25 avril et le 12 mai 2015 de force 7.9 et 7.3 sur l’échelle de Richter.
L’épicentre du 1er séisme était situé à l’aplomb de GORKHA à 90km au Nord-Ouest de Katmandu, ancienne ville royale qui comptait un des plus anciens temples et la forteresse qui avait résisté à l’envahisseur anglais en 1816, aujourd’hui détruits. Des villages entiers ont été rasés sur un très vaste périmètre et les rares survivants ont cherché refuge dans les villages alentour. Mais la secousse s’est propagée aussi vers l’est, vers Katmandu la capitale, projetant à terre les anciennes constructions de briques sèches, souvent à un ou deux étages, bordant les ruelles commerçantes du Thamel, pittoresque vieux quartier de Katmandu. Les temples situés au cœur de Katmandu (Durbar Square) ont subi de très gros dégâts, certains ne sont plus qu’un amas de pierres et de poussière.
Le second tremblement de terre à 50 kms à l’Est de Katmandu vers l’Everest et la frontière chinoise a ravagé tout le pays Sherpa et les dégâts -là aussi- sont considérables et les maisons épargnées lors de la 1ère secousse sont encore plus fragilisées si elles ne sont pas tombées. On fait état de 600 000 maisons et de 8 000 écoles détruites, de barrages hydrauliques fissurés…
Le décompte des personnes décédées ou blessées est encore provisoire, mais il est vraisemblablement très important : 10 000 décès ont été constatés sur la seule vallée de Katmandu mais ailleurs, il sera difficile de savoir : état civil incertain, populations qui ont fuit leurs villages enfouis sous les gravats et les torrents de boue, pas d’équipes de secours pour dénombrer les victimes le plus souvent incinérées très rapidement par les familles…
Les hôpitaux sont débordés. Ils manquent de place, de médecins, de médicaments. Ils ont dû sortir les blessés et les malades à l’extérieur par peur des répliques. Tout y est précaire.
Les survivants ont quelquefois trouvé refuge sous des abris de fortune, tentes, bâches plastiques qui ne les protègent guère de la pluie diluvienne de la mousson. La plupart des familles ont tout perdu : maison, ustensiles de cuisine, nourriture, linge… L’électricité déjà rare en temps ordinaire fait défaut partout et il est difficile d’avoir des nouvelles faute de pouvoir recharger les portables. La nourriture et l’eau manquent cruellement (même distribuée par des camions citernes pris d’assaut). Enfin, le manque hygiène (peu de WC) fait craindre des épidémies de type choléra.
Le séisme a été ressenti dans la région de Pokhara, le district de Kaski et Hemja* la ville et la vallée où se trouve l’AFEN, (90 kms Ouest de Gorkha) mais cette zone a été relativement épargnée tant au niveau des victimes que des destructions de maisons. Lors de notre prochain séjour et après avoir pris conseil de notre entourage népalais, nous apporterons l’aide de L’Afen là où elle sera la plus nécessaire dans des actions concrètes et utiles. Nous pensons essentiellement à la fourniture de matériaux de construction. Dès maintenant, nous pourrions sponsoriser le projet d’élèves infirmières pour la fabrication et la distribution de kits d’hygiène de 1ère nécessité pour les femmes (serviettes, savon, brosse, peigne, dentifrice…).
*HEMJA, 10 kms de Pokhara est une localité étendue sur plusieurs quartiers comme le camp tibétain distant de 3 kms et le centre du bourg « Milanchowk » où est positionnée l’école de couture. Le dispensaire est en hauteur, à 1h de marche et nos familles sont dispersées sur un rayon de 20 kms
A/ NOUVELLES FAMILLES PRISES EN CHARGE par l’AFEN en 2015
Au cours de ce séjour, 9 familles ou adolescents ont été sortis des effectifs, soit parce qu’ils avaient terminé leurs études, choisi de travailler ou que les familles avaient déménagé. En contrepartie 3 nouvelles familles et un adolescent isolé ont été pris en charge, soit 9 enfants/ adolescent et 4 adultes + 3 familles/ 5 jeunes en aide temporaire scolaire (4) ou santé (1).
Nota. Lors de la prise en charge d’une nouvelle famille ou d’un(e) adolescent(e) nous évaluons les besoins et mettons en place une aide alimentaire personnalisée et une aide scolaire comprenant généralement un uniforme et des fournitures scolaires ; nous nous engageons également à payer les frais d’admission et frais d’examen. Leur montant peut varier d’une école à l’autre car décidé par le directeur. Obligatoires, ces frais contredisent la gratuité affichée de l’école publique.
Si nécessaire, nous offrons un lit (qui sera commandé au menuisier), une ou plusieurs couvertures, quelquefois encore des ustensiles de cuisine ainsi que des vêtements.
1°) Hupi Poum MAGAR (Tamang), 33 ans, dont le mari est parti depuis sept ans sans donner de nouvelles, la laissant seule avec ses trois enfants :
- Shankar, garçon de 7 ans, en classe 2
- Suraj, garçon de 9 ans en classe 5
- et Shanti, fille de 11 ans en classe 6
La famille habite à Milanchowk (au centre d’Hemja) dans une maison typique de village construite en terre qui détonne un peu dans le bourg. Le propriétaire occupe la partie gauche et Hupi Poum la partie droite. Une seule pièce obscure sans fenêtre dont le toit de vieilles tôles fuit. Le sol est en terre battue. La cuisine s’abrite sous une petite avancée. Le loyer de 1200 roupies engloutit la plus grande partie des revenus qu’elle tire de son travail dans les champs. Pour tout mobilier, un grand lit, les autres occupants dorment par terre. Pas de place pour installer d’autres lits, aussi nous donnons 2 gundris (nattes en paille de riz) et 2 couvertures pour compléter celles prêtées par le propriétaire.
Depuis début 2015, Hupi Poum a repris avec elle sa fille aînée Shanti et sa mère qui vivaient dans un village; en effet, pour intégrer la classe 6, l’adolescente n’a pas d’autre choix que d’étudier à l’école secondaire de Milanchowk, les écoles de village n’assurant pas les cours au-delà du primaire.
Nous avons mis en place une aide scolaire pour les 3 jeunes et une aide alimentaire mensuelle de 3 patis de riz (11kg), 2 kg de lentilles, ½ litre d’huile et 3 savons.
2°) Maya MAGAR, 35 ans, dont le mari est décédé d’un cancer il y a deux ans (malade durant quatre ans) a trois enfants :
- Rajendra, garçon de 6 ans, en classe 1,
- Sapana, fille de 13 ans, en classe 8,
- et Bipana, fille de 15 ans, en classe 10 (très bonne élève)
La famille loge dans deux pièces de 9 m² au fond d’une cour, plutôt lugubre, moyennant un loyer de 2500 roupies. Le logis est petit mais propre, on y trouve 3 lits en tout avec des couvertures. La première des pièces abrite Maya et ses enfants et la deuxième sa mère. Mais cette pièce est également utilisée comme resserre pour les fruits et légumes que Maya vend sur la place du village au moyen d’une charrette à deux roues comme les anciennes « marchandes de quatre saisons » en France. Ses revenus sont grandement insuffisants pour faire vivre deux adultes et trois enfants.
Nous mettons en place une aide scolaire et alimentaire mensuelle : 3 patis de riz (11kg), 2 kg de lentilles, 2 kg de bitten rice, 1 litre d’huile et 3 savons et une savonnette pour les filles,
3°) Sékuna NEPALI, 65 ans, veuve, élève seule ses deux petits-enfants :
- Sudesh, garçon de 12 ans, en classe 6 (bon élève dit le proviseur)
- et Subena, fille de 7 ans, en classe 1
Le père est parti il y a 6 ans et la mère s’est remariée et vient d’abandonner les enfants à la grand-mère. La petite famille habite une maison de village proche du centre de soins de l’Afen. Nous avons pu y voir une chèvre et quelques poules proches de la maison qui avait subi un incendie mineur il y a quelques années et pour laquelle nous avions payé quelques tôles pour le toit.
Nous avons mis en place une aide scolaire et alimentaire mensuelle : 3 patis de riz (11kg), 2 kg lentilles, 2kg de « bitten rice » (riz cru aplati consommé comme en-cas) 1 litre d’huile et 3 savons.
Très aimablement, Ramu, notre commerçant attitré de Milanchowk a proposé d’apporter la nourriture au cours de ses livraisons dans le hameau.
4°) Abisek MAGAR, jeune de 11 ans, assez petit et intimidé. Son père a disparu, sa mère s’est remariée et son beau-père le maltraitait.
A présent, il vit dans une seule pièce (2 lits) avec sa tante Siri Maya MAGAR qui a elle-même deux enfants adolescents de 15 et 12 ans tandis que l’oncle travaille dans le golfe. Abisek n’est allé qu’un an à l’école car il travaillait dans les champs et va donc reprendre sa scolarité en classe 2 grâce à une aide scolaire (adaptation scolaire avec des enfants de 7/8 ans à surveiller) et alimentaire, soit par mois : 2 patis de riz (+/- 7kg), 1 kg de lentilles, 1kg de riz aplati, et 2 savons.
B/ DES NOUVELLES DE NOS ETUDIANTS AYANT SUIVI UNE FORMATION PROFESSIONNELLE
Gaïtri GAUTAM et Sabin ADHIKARI, tous deux âgés de 20 ans.
Après avoir réussi le SLC en fin de classe 10 (School level certificate) équivalent à notre fin de seconde), ils ont tous les deux suivi les cours des classe 11 et 12 (pour atteindre le niveau baccalauréat) avant d’intégrer une école privée qui prépare au diplôme d’assistant de laboratoire.
Brillants élèves depuis le début de leur scolarité, c’est d’autant plus méritoire pour Sabin opéré du cœur en 2008 (grâce à l’AFEN) mais qui reste un garçon fatigable ayant besoin d’un emploi sans efforts physiques. Nous avons retrouvé aussi Gaïtri, sortie major de sa promotion et stagiaire dans un laboratoire d’hôpital à Pokhara. Son sourire et sa fierté de nous présenter à la responsable nous a grandement émus. D’autres stagiaires (uniquement des garçons) nous observaient discrètement pendant qu’elle nous expliquait le fonctionnement des divers appareils de mesure.
Gaïtri avait environ 8 ans lorsqu’elle nous a été présentée avec son jeune frère de 6 ans, Jaga Nath en vue d’obtenir une aide alimentaire et scolaire. A cette époque, ils étaient élevés par leurs grands-parents, leur mère étant décédée et leur père remarié ; ce dernier a fait comme beaucoup de parents, à savoir, confier la garde de leurs enfants à des membres de leur famille pour recommencer plus librement une autre vie conjugale voire fonder une nouvelle famille sans les enfants du 1er lit.
Dès leur plus jeune âge, les deux enfants se sont montrés bons élèves. Nous les avons suivis et encouragés pendant de nombreuses années et 2015 voit le couronnement de leurs efforts et la réussite de cet accompagnement; Jaga Nath est diplômé en informatique et suit régulièrement des formations pour parfaire ses connaissances.
Bishnu ADHIKARI, 20 ans vient de terminer ses 2 ans de formation agricole et aide vétérinaire. Il lui reste un examen à passer avant de faire ses 6 mois de stage qui donnera lieu à un examen de pratique avant le diplôme final. C’est une bonne élève motivée et elle peut trouver un travail local pour suivre plusieurs fermes via la VDC (organe d’administration du district)
Shova PAUDEL, 17 ans suit des études d’assistante médicale et c’est une très bonne élève. Après 15 mois de cours pratiques, elle aura 6 mois de stage avant d’être diplômée. Elle habite à Pokhara dans une famille et s’occupe des tâches ménagères et autres en étant logée et nourrie. Pas facile !
Une nouvelle étonnante, celle de Sunita Ganti Chétri, autrefois parrainée dans ses études par plusieurs membres de L’Afen et diplômée depuis assistante-nurse (aide-soignante) : Sunita est partie cette année au Japon pour apprendre la langue ! Et peut-être y vivre…
Depuis peu, d’autres langues que l’anglais attirent les jeunes étudiants : le chinois ou le japonais, en liaison avec les échanges commerciaux et les propositions de bourses d’études.
C/ MARIAGES PRECOCES
Malgré leur prise en charge de scolarité par L’Afen, certaines familles marient leurs filles précocement à 15 ou 16 ans, 5 cas en 2014 dont l’un le lendemain du passage du SLC (Rotchia Gaîné). Elles cèdent à la tradition culturelle du pays mais c’est aussi une façon de ne plus avoir à les nourrir. Plus les familles sont pauvres, plus les filles sont mariées jeunes, mais toutes doivent avoir un bébé dans l’année du mariage pour prouver leur fécondité et la capacité de leur mari à engendrer.
Les mariages d’amour où les jeunes se connaissent et s’aiment sont rares comme ceux entre jeunes de castes différentes car ils donnent lieu, le plus souvent, à l’exclusion des jeunes mariés de leurs familles réciproques. Or, sans réseau familial, d’amis et de relations, il est difficile de survivre.
Les mariages arrangés par les familles sont la règle et font l’objet de tractations par le biais d’un intermédiaire souvent rémunéré et chargé de trouver un mari à leur fille. Quelques critères du choix : même caste pour fille et garçon, âge en rapport, avec une conjonction astrale satisfaisante établi par un astrologue –souvent un prêtre ou un lama-, un niveau de vie équivalent. Quand il s’agit de jeune gens diplômés, la future épouse devra toujours l’être un peu moins que son futur époux. Les époux font connaissance quelques jours avant le mariage, voir le jour des noces ! Après la cérémonie, les époux iront vivre dans la maison familiale du mari (parfois loin) et sa femme sera au service des beaux-parents. C’est un arrachement à son cadre de vie habituel, à sa famille, ses amies, son école ... Néanmoins les choses commencent à évoluer en ville et dans les classes moyennes.
L’épousée pourra, si elle le souhaite et si son mari et sa belle-famille l’y autorisent, continuer ses études ou travailler mais elle devra aussi assumer ses rôles de mère, d’épouse, et de belle-fille. Une charge bien lourde pour une jeune-fille parfois à peine sortie de l’adolescence.
La famille de la future mariée devra offrir au futur époux un cadeau à la hauteur de son patrimoine. Quand elle est assez fortunée, il est courant par exemple d’offrir une moto ou une voiture. Elle paiera également plusieurs tenues (trousseau) ainsi que tout ou partie du banquet. Un bus est quelquefois affrété pour transporter les invités et musiciens jusqu’au lieu de la cérémonie.
Dans les familles modestes, un simple repas est servi en plein air mais avec musique et danses.
D/ NOS ELEVES HANDICAPES
1°) Lokesh et sa soeur Suk Maya albinos sont internes dans une institution pour enfants aveugles ou malvoyants à Pokhara. Depuis la rentrée d’avril 2015 Lokesh étudie en classe 7 et Suk Maya en classe 6 ; ils sont tous deux bons élèves, particulièrement Lokesh.
Lokesh a 14 ans, il est plus grand que la moyenne des adolescents de son âge, par exemple il chausse du 43, pointure difficile à trouver au Népal. Par chance, l’été dernier nous avons acheté deux bonnes paires de chaussures soldées que nous avons transportées dans nos bagages.
Pour la petite histoire : Alors que nous lui avions donné les chaussures dès notre arrivée, Lokesh ne portait aucune des deux paires lors de notre seconde rencontre au village mais ses tongs habituelles. Comme nous l’emmenions à l’hôpital des yeux, il nous semblait logique qu’il porte l’une d’elle, aussi lui en ai-je demandé la raison et sa réponse a fusé : « parce que je n’ai pas de chaussettes ! » Eh oui, il fallait y penser ! Donc, achat de 2 paires de chaussettes à Pokhara.
Plus ennuyeux, sa vue a baissé et les lunettes fournies par l’AFEN l’an dernier sont très insuffisantes. Sur les conseils de l’ophtalmologiste de l’hôpital, nous lui avons acheté une loupe, seule alternative à son déficit visuel actuel. Son avenir nous préoccupe car à la fin de sa scolarité (en classe 10) nous devrons lui trouver un apprentissage adapté à son handicap; mission délicate.
2°) Sandya, 10 ans, est la petite-fille de Padaom et Mongoli PARIYAR, respectivement âgés de 73 et 81 ans. L’enfant est muette, mais commence à parler. Très vive, elle est de plus en plus expressive et semble dotée d’un heureux caractère. Elle est placée dans une institution spécialisée depuis deux ans et a fait de remarquables progrès à l’école où elle était si désireuse d’aller comme les autres enfants. Elle dit (par gestes) beaucoup se plaire à l’internat et y avoir plein d’amis. Son grand père vient la chercher aux vacances et elle retrouve ses 2 ainés de 17 et 15 ans avec sa grand-mère. Tous se portent mieux car ils mangent, vivent normalement et vont à l’école (cl 9 et 6).
3°) Prakash PARIYAR, a 13 ans, c’est un garçon au comportement imprévisible alternant des phases normales, ou très agressives vis-à-vis d’autrui ou de lui-même voire dépressives. Il souffre par épisodes de violents maux de tête, de nausées et parfois de vomissements (peut-être liés aux médicaments donnés par le psychiatre). Nous l’avons accompagné avec sa mère au Manipal Hospital, à Pokhara, pour y subir différents examens et consultations médicales de spécialistes. Il a aussi passé un scanner de la tête et a eu une prise de sang. Au résultat, rien d’anormal.
Le dernier médecin rencontré (psychiatre) a indiqué à sa mère de continuer le traitement en cours, et s’adressant à Prakash, lui a vivement recommandé de retourner à l’école. Ce qu’il a fait.
Nous reverrons ce garçon l’année prochaine pour faire le point.
4°) Naron ADHIKARI, 11 ans, est sourd-muet mais surtout hyperactif ce qui pose problèmes et il n’a pas été possible de le placer en internat spécialisé depuis 2 ans (trop indiscipliné et manque d’autonomie pour se laver, s’habiller…). Il a été accepté comme externe car depuis qu’il a découvert qu’il y avait des enfants comme lui et qu’il pouvait apprendre, Naron est très motivé pour aller à l’école (3h de différents bus chaque jour). Sa maman l’a accompagné pendant 3 mois et restait sur place à l’attendre alors que maintenant il y va seul ! Grosse responsabilité, mais il est aidé par les chauffeurs et autres voyageurs. Nous lui avons fabriqué un jeu de 2 cartes plastifiées à porter autour du cou avec son nom, sa destination et les numéros de téléphone au village de ses parents et à l’école). Vif et intelligent, il devrait pouvoir progresser surtout s’il arrive à se tempérer.
Daniel et Indira l’ont emmené à l’Hôpital des yeux à Pokhara où il a fait l’attraction du jour car il a fallu l’assistance de 5 jeunes hollandais en stage pour arriver à lui mettre des gouttes dans les yeux avant de l’examiner. Fou d’angoisse et de fureur, il n’arrivait pas à comprendre le pourquoi de ces examens et de ces gouttes aux effets bizarres dans les yeux malgré l’exemple de Lokesh qui le précédait. Il va porter des lunettes et nous espérons qu’elles ne seront pas brisées. Pas facile!
5°) Puja, ancienne jeune fille aidée de 20 ans et mariée depuis 2 ans, est décédée subitement en janvier. Son mari travaillant dans le Golfe, elle partageait son logement avec Sabin, notre étudiant laborantin, opéré du cœur en 2008. Sommes-nous passés à côté d’une malformation ? Nul ne sait ce qui s’est passé, rupture d’anévrisme où crise cardiaque ? Elle s’est juste affaissée au moment du départ de chez elle, devant chez sa mère où elle était en visite. Sita, la maman que nous avons rencontrée à plusieurs reprises est anéantie et a peur pour ses enfants. Aussi, Késari, 16 ans, cl8, ira faire un check up à l’hôpital avec son frère (contrôlé tous les ans).
6) Ramit, 7 ans, doit être opéré d’une insuffisance cardiaque depuis presqu’un an. Nous avions donné le feu vert l’automne dernier pour les consultations et les examens à Katmandu avec Teck Nath comme accompagnateur de cette famille très modeste, puis pour l’opération début janvier 2015. Celle-ci a été repoussée au 12 janvier puis annulée, jugée trop risquée par le chirurgien.
Les parents sont alors partis en Inde à New Delhi, puis, sur les conseils du chirurgien consulté, sont retournés faire hospitaliser l’enfant une dizaine de jours pour examens complémentaires. Finalement la date de l’opération a été fixée au 2 février 2015, puis au 16 février et pour finir le chirurgien a annoncé sa décision aux parents d’attendre environ 18 mois de plus.
Nous avons donc vécu ainsi 6 semaines éprouvantes avec cette famille qui lutte pour la guérison de son enfant tandis que nous imaginions plusieurs scénarios pour son financement (à Katmandu, les frais chirurgicaux des enfants sont payés par l’état) tandis qu’en Inde c’est payant et très cher). Là, nous avons pris en charge tous les frais des 3 voyages, plus la pension à l’hôtel, ainsi que tous les frais médicaux (hospitalisation, examens et traitement). Comment ira Ramit à notre retour en janvier 2016 ? Le reverrons-nous ? Son état est-il si sérieux qu’une opération est jugée inutile ?
E/ VIE DES FAMILLES : Les déconvenues
La famille de SUNAR, handicapé par une polio dans l’enfance. Cet ancien bijoutier ne peut plus travailler depuis longtemps. Il habite avec sa femme dans une pièce sordide à proximité du camp tibétain et ils ont été volés, pendant une absence, de l’unique pot qui servait à cuire le riz ...
La jeune fille Shova , mariée à 16 ans l’an dernier a eu un bébé tandis que son frère Som (16 ans) a quitté la maison et vit on ne sait pas où mais rackette ses parents avec beaucoup d’agressivité.
Nous maintenons l’aide alimentaire (4 patis de riz /15 kg de riz, 2 kg de lentilles, 1kg riz aplati, savons, 0.5 l d’huile, plus les médicaments … A la fin de notre séjour, le pot était revenu.
La famille Amar BK nous avait beaucoup souciés les années passées tant était grande la misère de cette femme abandonnée par son mari, sans ressources, avec ses 4 filles et son fils. Avec l’aide de l’AFEN, la famille allait mieux, mangeait à sa faim et les enfants allaient à l’école. En 2014, situation de crise, le mari était de retour, ne voulait pas payer ses dettes générées par son départ à l’étranger tandis que les créanciers faisaient pression sur Amar qui se retrouvait désespérée.
Cette année, la famille ayant (encore) déménagé nous sommes partis à sa recherche. Nous n’avons retrouvé que les 2 filles ainées de 18 et 12 ans qui se partageaient une minuscule chambre séparée des voisins par une cloison partielle n’atteignant pas le plafond, avec 1 seul lit pour tout mobilier. Où était le reste de la famille ? Après moult discutions, nous apprenions qu’elle vivait à 100kms environ de Milanchowk, que leur mère était partie avec son mari et qu’elle était enceinte de 8 mois. Que la nourriture donnée par L’Afen lui était envoyée tous les mois grâce au service de cars, Kima et Pabitra s’en réservant une petite part. Et, enfin, que les 3 autres enfants restaient scolarisés mais ailleurs (confirmation de l’école d’Hemja). Kima est en classe 10, elle termine ses études cette année, ce qui est méritoire compte tenu de l’instabilité familiale, des déménagements successifs (faute de pouvoir payer le loyer), et de la mauvaise nutrition pendant des années. C’est une jolie jeune fille, bonne élève. Nous limitons l’aide scolaire et alimentaire à ces 2 filles adolescentes.
La famille de Sun Tuli Tamang avait été prise en charge la veille de notre départ du Népal, il y a 2 ans, sur demande du directeur de l’école des 2 garçons, tant la situation était douloureuse.
Le père parti à la naissance de sa petite fille polyhandicapée, la mère ne pouvait avoir qu’une activité réduite pour gagner de l’argent. Le grenier immonde et irrespirable où elle avait trouvé refuge ayant été déclaré « en réhabilitation » la famille est partie en octobre 2014 (confirmation par l’école et Ramou, le commerçant auprès duquel elle prenait la nourriture fournie par l’AFEN). Où est-elle ? Si elle revient, ses aides (scolaire et alimentaire) lui seront redonnées car sa situation est inextricable.
La famille UJULI a eu des soucis cette année avec Resham, 13 ans qui a été renversé par un bus il y a 2 mois. Il a été opéré au coude mais souffre toujours et doit revoir le chirurgien pour enlever les broches. Il faudra envisager une rééducation (payée assurance du bus ?) sinon risque d’handicap. Par contre, si nous voyons bien Sarada (17 ans, cl 9) à l’école avec son frère (cl 6), Sarala, 16 ans est absente et aurait été mariée, ce que la grand-mère avait omis de nous dire. Après confirmation de sa part, nous réduisons un peu les quantités de nourriture et réglons les frais scolaires des 2 jeunes.
F/ VIE DES FAMILLES : Les améliorations
Les enfants de Sita Paryar BB (décédée il y a 2 ans de désespoir).
Nous avons une tendresse particulière pour cette famille avec laquelle nous avons dû faire face à des situations dramatiques liées principalement au comportement du père qui, pris de boisson, était violent (et il l’est toujours). Il reste 2 enfants à la maison : Bipana, préadolescente de 12 ans, en classe 3, fluette mais vive, « sérieuse et travailleuse à l’école » dit sa maîtresse. Nous la voyons, habillée « en garçon» pour une danse donnée à la fête de l’école où nous sommes invités. C’est très réussi et Bipana est toute joyeuse et fière des félicitations. L’école est le seul endroit où elle reste une enfant car c’est elle qui gère la maison et qui s’occupe de son père et de son petit frère Ram.
Ram a 6 ans maintenant et est en classe 1. Il semble assagi ; il a grandi et va bien. Les aînés sont partis, Bidhyia a été mariée vers 16 ans (pas de nouvelles) et Laxuman, 14 ans travaille dans un élevage de poulets. Il passe de temps en temps voir sa famille et donner un peu d’argent à Bipana.
La famille Lamichanée,
Nous avions pris en charge cette famille il y a une dizaine d’années au décès du père atteint d’un cancer. Pour payer les soins, les champs avaient dû être hypothéqués. La famille était ruinée et les 4 enfants ont bénéficié durablement d’une aide scolaire et alimentaire de L’Afen.
Les 2 aînés ont passé leur SLC avec succès et Komala 17 ans est en classe 10 et passe son SLC en mai 2015. Santos, 14 ans, qui est également un bon élève, est en classe 9. La maman vient nous voir pour nous dire que la famille a réussi progressivement à se désendetter grâce au travail de toute la famille et surtout avec l’aide efficace de l’Afen, ce dont elle nous remercie chaleureusement.
La famille Itcha Bahadur Gurung, prise en charge il y a 3 ans dans des circonstances dramatiques (suite à un accident de jeep, la mère avait été tuée, le père grièvement blessé et les 2 jeunes enfants confiés à leurs grands-parents). Au sortir de l’hôpital, le papa s’était trouvé mêlé à une rixe entre des passagers pris de boisson et un chauffeur de taxi qui fût atteint d’un coup de couteau mortel. La police arrêta tous les témoins et les mis en prison, même cet homme soutenu par des béquilles.
Il en est sorti au bout de 18 mois (!) et la famille est partie en octobre 2014 : les enfants ne sont plus scolarisés à l’école de Lwang et la nourriture n’a pas été prise chez le commerçant désigné. Il serait aidé par une autre association, disent aussi certains voisins.
La famille Purna Bahadur BK n’habite plus dans la maison « sous les bambous » le long de la rivière.
Expulsé il y a 2 ans d’un village éloigné, le père s’était retrouvé dans un grand dénuement avec sa femme et ses 5 enfants. Depuis quelques mois, il a trouvé sur la colline, une ancienne petite ferme assez délabrée qu’il loue et dont il cultive les terres avec son fils aîné de 16 ans. Il la restaure et espère pouvoir l’acheter au propriétaire qui habite en ville maintenant. Sandra 17 ans a été mariée, Arati, Shanti et Arukha, âgées de 8 à 13 ans, vont à l’école et la maman semble moins anxieuse.
La famille Maya BK India est revue à l’école des 2 garçons pour le règlement des frais scolaires. Nous lui remettons un petit paquet de ses parrains que les enfants ouvrent avec plaisir. Binod et Bibek vont bien, se sont bien adaptés à l’école et ont appris le nepali. Se sentant indésirables chez la famille paternelle où ils s’étaient réfugiés au décès de leur père il y a 2 ans, la maman a trouvé à se loger gratuitement (1 pièce) en échange de la garde d‘une maison dont le propriétaire habite en ville.
La famille Ama Maya BK, prise en charge il y a 3 ans dans l’urgence (père parti plusieurs mois avant, mère assassinée lors d’une tentative de vol, 2 garçons confiés à leurs grands-parents). Habitant tout en haut d’une colline au milieu des théiers, Ama, 64 ans, peine à remonter ses courses (1 h environ de la boutique) et les enfants sont loin de l’école d’autant que Sumit s’est cassé le pied cette année sur le chemin glissant. Les frais ont été bien sûr payés par l’AFEN et l’enfant marche bien.
Nous retrouvons la famille en train de construire une petite maison de 25m² environ avec coin cuisine, wc et mini-terrasse à côté de celle des parents de Ramit. Les maisons se trouvent au-dessus de la rivière, à 15 mn de Koramok et des écoles que l’on atteint sans dénivelé. C’est la principale amélioration des conditions de vie. Présence aussi du compagnon d’Ama, âgé mais encore alerte qui serait un peu hostile aux enfants d’où l’importance de continuer les aides tant scolaire (les enfants sont bons élèves) qu’alimentaire. Cela permet aussi à Tech Nat d’exercer une surveillance discrète.
G/ L’ECOLE DE COUTURE
Sans surprise, l’école de couture fonctionne bien sous la direction d’Indra KHADKA qui maîtrise parfaitement sa façon d’enseigner. Toutes les apprenties sans exception lui vouent une grande reconnaissance mêlée d’affection et ont à cœur de suivre régulièrement les cours.
Il est courant de voir chaque année une des élèves se détacher du groupe et d’aider de façon tout à fait informelle celles qui rencontrent des difficultés ; Indra est ainsi plus disponible pour faire avancer les autres.
Après trois mois d’apprentissage seulement, la majorité des élèves est capable de confectionner les uniformes scolaires : chemise et pantalon pour les garçons, chemisier et jupe pour les filles, en tout : 60 uniformes à coudre chaque année. Il s’agit là d’un gros effort de travail fourni avec enthousiasme par les élèves en contrepartie d’un apprentissage d’un an entièrement gratuit.
Pour ces jeunes filles ou jeunes femmes, quelquefois mères de famille, ces heures consacrées à l’apprentissage de la couture, du crochet, du tricot et de la broderie sont une heureuse alternative à leur condition féminine consacrée aux soins de la famille, aux travaux des champs ou au portage.
Elles redécouvrent le plaisir de l’apprentissage (certaines ont quitté très tôt les bancs de l’école) et la joie de créer des liens, d’avoir des amies car la plupart sont venues dans ces villages après leur mariage et leurs amies d’enfance et familles sont elles aussi dispersées. C’est une parenthèse gaie et rare de prendre du temps pour soi dans leur vie d’adulte responsable des autres.
Et comme chaque année, toutes vont participer avec joie et bonne humeur à la préparation de la fête de l’école et à la remise des diplômes qui leur permettra de travailler.
En notre qualité de représentants de L’Afen, nous sommes leurs invités ; elles nous servent le repas qu’elles ont fait préparer en toute discrétion par la propriétaire d’une boutique du village et puis c’est la fête, chants et danses accompagnés de musique jouée sur des instruments traditionnels. Au passage, nous en profitons pour distribuer des bonbons à tous et aux enfants, des petites peluches ou voitures récupérées auprès d’Approche, association Saint Maurienne de recyclage …
Et tandis que les mamans dansent, les enfants jouent ensemble avec leur précieux jouet qu’ils s’échangent aussi sans disputes.
H/ LE DISPENSAIRE
L’activité du dispensaire à Dhital, sur la crête de la colline, aura été soutenue toute l’année malgré un changement de nurse en mai, lié à l’accouchement de Bimala. Elle a été remplacée par Garisna Sunwar, 21 ans, active et avenante. Elle habite près du village et les habitants semblent bien l’apprécier. Sur le plan financier, les comptes sont maintenant équilibrés car le salaire de la nurse est 100% à la charge de l’AFEN, le versement de la subvention de la VDC étant trop aléatoire.
Les médicaments de base et pansements sont fournis par l’hôpital suite à un accord négocié l’an dernier, d’autres sont achetés et donnés gratuitement ou payés par les malades qui le peuvent.
Le principal évènement de l’année 2014, (suite à de fortes pluies de mousson en août) aura été le glissement de terrain de la parcelle située au-dessus du dispensaire avec un torrent de boue qui a envahi les 4 pièces. Heureusement, tout le monde sur place a réagi très vite pour tout nettoyer et que le dispensaire puisse rouvrir rapidement. L’intérieur est propre, ordonné, sans traces de dégâts. Les murs extérieurs ont été repeints en vert foncé sur un mètre de hauteur pour que ce soit moins salissant et des arbustes replantés. Bien évidemment, les ouvriers ont été payés pour leur travail.
Que faire pour consolider la parcelle et éviter qu’un tel évènement ne se reproduise ? Nous pensons à faire élever un mur de soutènement de 12 m de long sur 1m60 de haut, appuyé à la colline laissant un espace de 80cm avec le mur du dispensaire.
Après des discussions très animées où chaque passant trouvait à s’en mêler (sic), il a été décidé de rehausser le mur à 2 m (demande du propriétaire du champ en partie écroulé) et d’utiliser les pierres de la rivière cimentées et renforcées par des tiges de fer. Le mur se prolongerait de chaque côté, par des murets bas permettant de canaliser et rejeter plus loin les eaux de ruissellement.
Les travaux, décidés fin février 2015, devaient être finis fin Mars 2015. Si les délais ont été tenus, l’exécution n’a pas été à notre totale convenance car le plan établi, bien qu’il soit passé entre de nombreuses mains, n’est finalement pas parvenu à celles du maçon ! Avant leur retour, Daniel et Henri ont toutefois réussi à faire rectifier certaines choses avant qu’il ne soit trop tard. Daniel a aussi remplacé le robinet automatique du tank d’eau et repeint le panneau d’entrée tandis qu’Henri posait les verrous des portes et arrosait les plantations.
A noter que le site (murs de protection et bâtiment) ne semble par avoir été endommagé par les secousses sismiques nous ont rapporté les responsables locaux en mai.
I/ Conclusion : Nous restons attentifs à ce qui se passe au Népal actuellement par de multiples contacts ici et là-bas. Un grand merci pour tout votre soutien indéfectible. Ce n’est qu’ensemble que nous pouvons apporter secours, amitié, écoute dans le respect de la vie difficile et pourtant joyeuse de toutes ces personnes dignes de notre attention et notre estime. Soyez-en remerciés.
J/ Données générales lues dans la presse népalaises en janvier-Février 2015 AVANT LES SEISMES.
« Programme des Notions Unies pour le NEPAL :
1/ Eradiquer l’extrême pauvreté et la faim
2/ Achever l’éducation primaire universelle
3/Promouvoir l’égalité entre Hommes et Femmes
4/Réduire la mortalité infantile
5/Protéger la santé des femmes enceintes
6/ Combattre les maladies infectieuses (Sida, Malaria …)
7/ Assurer un meilleur environnement biotechnique à la population (50% ont accès à l’eau potable, 53% à l’hygiène mais dès 2014, 73% ont eu accès à des WC clos, portés à 85% en 2015 (effet de la campagne des toilettes obligatoires par famille en 2013)
8/ Développer des partenariats de développement
Actuellement moins de 40% du territoire est couvert de forêts. Depuis 1990, on assiste à une déforestation importante pour défricher des terres et y cultiver des champs ou construire des maisons. Absence de gestion concertée en raison des conflits armés entre 1998 et 2008. »
Les Népalais commentent et trouvent cet ambitieux programme irréalisable sans le développement de l’énergie y compris hydro-électrique. Développer les énergies solaires, micro-hydroélectrique et biogaz est une des voies, mais 80% de la population dépend de sources classiques dont 64% utilisent le bois pour la cuisson alimentaire et qu’il y a pénurie sur l’apport de gaz venu d’Inde.
Les progrès sur l’éducation sont très lents. La moitié des enfants redoublent au moins 1 fois, 95% sont scolarisés mais 76% finissent l’école primaire (cl 5). L’égalité Garçons/Filles est respectée à l’école. Mais plus de 75% des enfants des villages Dalit (castes d’intouchables) ne vont pas à l’école au-delà du primaire et 30% n’y vont pas du tout. Cependant, ne pas oublier que le pays part de loin (75% des adultes ne savent pas lire) et avoir présent à l’esprit que l’absence de scolarisation favorise le travail précoce pour tous mais aussi les addictions (drogue, alcool) chez les garçons et le mariage dès 12 /13ans chez les filles. Légalement les mariés doivent avoir plus de 15 ans, mais...
Comité de rédaction : Françoise Grillot et Betty CROZET / www.nepal-afen.com 4 JUIN 2015
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Date de dernière mise à jour : 02/07/2021
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