Séjour Février 2014

Chers adhérents, chers amis,

 

                Fidèles à notre habitude, nous venons vous rendre compte de notre séjour népalais pour une lecture estivale car elle est copieuse mais elle permet de vous faire partager notre quotidien varié.

                Cette année encore, nous étions quatre à nous relayer au Népal de façon à couvrir la plus longue

durée possible. En effet notre volume de travail s’accroît chaque année pour plusieurs raisons : augmentation du nombre de familles/d’enfants pris en charge, recherche d’écoles de formation pour les élèves du secondaire, de centres d’accueil pour enfants handicapés, etc…

 

                Donc, après avoir terminé nos emplettes à Katmandu, la capitale, nous partons en bus vers l’Ouest, pour Pokhara, (seconde ville du Népal) qui bénéficie d’une température plus clémente et possède un grand lac, le Phewa Tal face aux Annapurna (8 078m) et au Machhapuchhare qui ressemble au Cervin (6 998m).

                Autrefois poissonneux, ce lac à l’eau très claire propice à la baignade est aujourd’hui pollué par le déversement des eaux usées des habitations et surtout des hôtels construits près du rivage sans permis de construire ni plan d’urbanisme, ni infrastructures adéquates.

 

                Les seules activités qui s’y pratiquent encore sont les traversées en barque vers le temple édifié sur une buttée de terre en son milieu, les promenades le long des berges ou l’élevage des carpes en bassins. De temps en temps, un touriste-parapentiste malchanceux y tombe aussi  (cette activité sportive est très appréciée mais extrêmement dangereuse entre vents instables, lac, jungle et secours quasi inexistants. Mais que la vue doit être sublime et le vol avec les aigles fascinant ! )

                Il y a une quinzaine d’années nous y emmenions « nos 4 filles » scolarisées en internat à la renommée école Junior Citizen Academy située à 15km environ de Pokhara. Cette promenade sur le lac avec escale à la petite île du temple pour le rituel de la prière était devenue une étape incontournable des activités que nous leur proposions durant leur temps libre. Aucune ne savait nager mais toutes aimaient cette balade au fil de l’eau.

 

                La ville de Pokhara offre deux visages très contrastés : « Le Lake side » d’abord où se concentre l’activité touristique: hôtels, restaurants, boutiques, officines pour les treks et banques pour touristes et le quartier de « Mahendrapool » ou « Pont de Mahendra » en français, qui fait référence à Mahendra Bir Bikram Shah Dev, roi du Népal de 1955 à 1972.

                Dans ce dernier quartier commerçant très animé et typiquement népalais, nous trouvons tout ce dont nos familles prises en charge ont besoin : matelas, couvertures, tissus pour les uniformes des élèves, mercerie, fournitures scolaires dont une grande quantité de cahiers que nous achetons directement à la fabrique, et aussi matériaux, outils et matériels nécessaires à l’entretien du centre de santé ou de l’école de couture, voire plus.

                Depuis une dizaine d’années, quelques supermarchés s’y sont installés proposant une grande variété de produits qui n’ont rien à envier à ceux que nous connaissons en France, à cette différence près que seuls les népalais les plus aisés peuvent y accéder financièrement. Nous y faisons provision de confiture, fromage (de Yak ou de Bufflonne), sachets de noddles soups, thé, café en poudre, conserves de thon, papier toilette, éponges, produit à vaisselle, etc… indisponibles chez les épiciers de Milanchowk qui ne commercent pratiquement qu’avec les népalais.

 

                Le quartier de Mahendrapool est lui-même divisé en plusieurs secteurs regroupant médecins, pharmaciens, opticiens, dentistes, mais aussi boutiques de tissu et tailleurs, de literie en grand nombre, de machines à coudre, d’ustensiles de cuisine, de réfrigérateurs, de télévisions, d’ordinateurs etc…

A mi-chemin entre le Lake Side et Mahendra Pool, on trouve les commerces plus techniques tels que vendeurs de sanitaires, de mobiliers et de motos ou voitures. Pour l’exemple, chaque voiture est taxée à 400% par le gouvernement népalais, ce qui rend son prix prohibitif malgré leur taille minuscule et leur confort rudimentaire.

               

Enfin, Pokhara abrite l’hôpital public « Gandaki Hospital », son école d’infirmières et plusieurs autres hôpitaux privés ainsi qu’une grande clinique pour soins dentaires et formation de dentistes. Excepté le Gandaki  Hospital où les consultations sont bon marché, tous les autres centres de santé privés sont payants avec des tarifs hors de portée de la très grande majorité des népalais.

 

PLAN : Page 2 : le dispensaire  et l’école de couture

Page 3 : l’aide alimentaire et les commerçants, l’informatique à l’école de Bidawari, l’inauguration de la maison des Associations

            Pages 4 à 8, , l’école de Sidding en altitude, les familles (anciennes, nouvelles et en fin d’aide)

            Page 9 et 10 : la chevauchée d’Indra, le trek des théiers, la corvée féodale, l’expatriation des népalais

            Page 11, statistiques sur l’aide alimentaire et l’aide scolaire,

 

FONCTIONNEMENT DU DISPENSAIRE/ « CLINIC de KALIKA »

                Réunion du comité de gestion :

                Le chef du village Gurung, Tech Nath professeur et travailleur social, Indra notre professeur de couture, Krishna  assistante du représentant municipal, 4 représentantes des villageois, Bimala notre nurse et 3 membres de L’AFEN. (Photo 1)

 

                Rapport annuel d’activité de Bimala :

                Ouverture 6 jours sur 7. Fréquentation du centre de santé satisfaisante, de 7 à 8 patients par jour, 3 accouchements. Quelques consultations avec des médecins, dentistes, participation à des campagnes de vaccinations ou autres.

 

                Rapport financier :

                Année équilibrée, trésorerie saine avec un peu d’avance ; le salaire a bien été versé à Bimala chaque mois. Il va être porté de 8 000 à 8 400 roupies et le 13ème mois va lui être payé compte tenu de sa présence régulière.

                La participation de la municipalité étant incertaine (30% du salaire) d’après nos correspondants, L’AFEN décide de régler, seule, la totalité du salaire à partir du 1er janvier 2014, soit la somme annuelle de 100.800 roupies ou 109.200 roupies si le 13ème mois est versé (Total de 840 €).

                Les démarches entreprises auprès de l’hôpital local ont permis d’obtenir un fonds de médicaments/pansements gratuits qui sera renouvelable tous les mois en fonction de la consommation ; bien évidemment, les recommandations de ne pas gaspiller ou d’accroître inconsidérément les stocks de produits non utilisés sont données à l’infirmière.

                Avantages : les médicaments sont distribués gratuitement et seuls ceux qui ne sont pas fournis par l’hôpital, et donc achetés par l’Afen, sont remboursés par les patients qui le peuvent ; les plus pauvres bénéficient de la gratuité totale.

                Le dispensaire a aussi une vocation d’éducation à l’hygiène et à la santé ; nous avons ainsi collecté, dans divers centres de soins ou cliniques en ville, des affichettes illustrées en Népali que Daniel (vice-président) a punaisé sur des panneaux confectionnés et disposés dans les 2 salles d’examen et la salle d’attente. L’infirmière doit changer les tracts et les thèmes régulièrement (lavage des mains, premiers soins, contraception, sida, prévention des chutes…).

                Peu de travaux prévus cette année car les locaux sont neufs mais pose de gouttières avec récupération de l’eau pour arroser les bordures plantées par Henri (le Président) et les jeunes arbres.

                La vue qui domine à 1800 m toute la vallée est superbe, balcon sur les cultures en terrasse des collines, les hameaux dispersés aux maisons traditionnelles et les sommets de 7000m situés à moins de 10 kms à vol d’oiseau. En contre-bas, les rivières miroitent au soleil, maigres filets sur lits de graviers immenses en attendant les débordements liés à la mousson ou la fonte des neiges. Quelle sérénité !               

 

L’ECOLE DE COUTURE/ « TRAINING SEWING CENTER » à HEMJA

 

                L’année s’est bien passée, les élèves très méritantes ont travaillé avec application et dans la bonne humeur sous la houlette d’Indira toujours très dynamique. Le principe est de dispenser 2 cours par jour, l’un de 6 à 10h et l’autre de 11 à 15h permettant ainsi à 18 élèves d’apprendre à coudre et à tricoter, de s’exercer sur des tissus parfois ramenés de France pour confectionner des pièces de vêtements qui seront vendus et de fabriquer la soixantaine d’uniformes de nos élèves (1 par an pour les plus jeunes, sinon 1 tous les 2 ans). La confection vendue, robes, sarouals-curtals (tunique sur pantalon large) et vêtements d’enfants permet de financer  la mercerie utilisée. Henri (le président) a profité de son long séjour pour huiler, régler et entretenir les 9 vaillantes machines Singer à pédale qui fonctionnent sans électricité ; nous prévoyons d’ailleurs de remplacer la plus défaillante.

 

                Comme chaque année, au cours de la fête de fin d’année de l’école, nous avons remis solennellement leur diplôme à chaque élève mais nous avons également célébré les 20 ans de sa création au cours desquels environ 360 diplômes ont été décernés. Après les discours, un grand pique-nique préparé par les élèves (plats succulents) a été suivi  de chants et de danses animés par les familles Gainées dont nous parrainons les enfants, (musiciens indispensables mais de « basse caste » car ils touchent les peaux des tambourins et tambours ce qui les rend impurs). (Photos 2, 3 et 12)

                Rappelons que notre école accueille et forme gratuitement toutes les jeunes femmes quelle que soit leur caste, ce qui nous a valu au début pas mal de critiques et réticences de certains, mais aussi  le soutien inattendu des combattants de l’ombre qui militent pour la parité H/F, le droit à la formation pour tous et la suppression des systèmes de castes. Bien qu’au pouvoir depuis 2008, ils peinent à réaliser leur programme car transformer les mentalités et les traditions ne se décrète pas, hélas, avec un effet immédiat. La résistance au changement et aux réformes est universelle mais du moins notre école montre-elle depuis 20 ans que la chose est possible sans mettre en péril l’équilibre de la société locale. Mais nous sommes « l’Occidental » et  ceci nous est plus facile !

 

                Financièrement, le centre fonctionne sans comité local, seulement avec Indira et l’AFEN. Tout est contrôlé et réglé lors du séjour : salaire annuel d’Indira, loyer pour Bisho Raj (propriétaire des locaux), enveloppes pour achats de tissus d’uniforme et enveloppe de précaution pour les réparations de matériels.

 

 

L’AIDE ALIMENTAIRE et les COMMERCANTS

 

                En 2013, nous avons travaillé avec 4 épiciers répartis sur 4 sites permettant aux différentes familles d’aller chercher leurs provisions au plus près de chez elles. Dès notre arrivée, Betty, la trésorière, va dans chaque commerce pour valider les factures de l’année précédente et compléter, si nécessaire, l’avance versée, par un reliquat dû aux variations du prix des denrées. C’est un système simple basé sur la confiance : les familles ont une carte de l’AFEN avec les quantités mensuelles décidées selon plusieurs critères : - composition de la famille : nombre d’adultes en capacité de travailler, d’enfants - état de santé, - patrimoine : maison, terre cultivable, animaux de ferme.

                L’épicier a un tableau des mêmes quantités par famille mais valorisées à partir des prix observés ensemble et nous lui versons trimestriellement l’avance calculée (total/4). S’il y a litige en notre absence, Indira nous en informe, sinon nous réglons le problème quand nous revenons de nouveau au Népal ce qui n’est pas arrivé souvent, heureusement. En 2014, nous avons arrêté de travailler avec le commerçant de Suiket car il avait vendu sa boutique à la fin de l’année 2013 et son successeur semblait avoir des problèmes personnels. Les 3 familles qui lui étaient rattachées ont été transférées à la boutique de Milanchowk.

                La devise de L’Afen est de limiter son aide alimentaire aux familles à 50% environ de ses besoins réels afin que les adultes en charge de ces familles ne se sentent pas humiliés de ne pouvoir eux-mêmes faire face ou ne produisent pas l’effort nécessaire pour un jour s’affranchir de cette aide.

 

 

L’ECOLE BARAHA DE BIDAWARI A L’HEURE DE L’INFORMATIQUE

 

                La modernité entre à l’école secondaire de la Baraha ! La moitié des bâtiments est en cours de rénovation mais Tech Nath, l’un des professeurs, nous fait entrer dans une grande salle équipée de 8 ordinateurs récents fournis par une association australienne qui fonctionnent sur deux grosses batteries rechargeables lorsque l’électricité revient (elle ne fonctionne toujours que 5 à 6 h sur 24h !!!!). Grâce à ces installations la connexion à internet est possible (même si elle n’est pas encore très développée) ainsi que le téléphone par satellite sans box.

                Les enfants sont appliqués et travaillent sur des claviers en anglais. Le professeur nous dit que les progrès en informatique et en anglais vont de pair et que la stimulation est générale. Pour l’instant, il s’agit surtout d’apprendre les bases de Word et d’Excel.

 

 

INAUGURATION DE LA MAISON DES ASSOCIATIONS à BIDAWARI

 

                Ce bourg, encerclé par 2 rivières la Mardi Khola et L’Indi Khola, a vu plusieurs de nos réalisations au fil des ans car il a été le siège de notre école de couture pendant de nombreuses années et plusieurs familles y sont toujours aidées.

 Il y a 14 ans, nous y avons construit une passerelle suspendue de 86 m, pour laquelle nous avons fait des travaux de sécurisation l’an dernier (les garde-fous en grillage étaient très abimés). Elle est d’autant plus élégante que les poteaux et traverses ont été repeints. Les villageois qui l’empruntent chaque jour le font en toute sécurité; auparavant, il y avait de nombreuses noyades quand la rivière était gonflée par les pluies et le courant violent, surtout en période de mousson.

                En face de cette passerelle, le comité local a construit un bâtiment qui abrite 3 associations: la Croix Rouge avec du matériel de secours, le Comité des Femmes très actif et celui de la Formation agricole dont le vaste local aura certainement une vocation mixte pour toutes sortes de réunions. L’AFEN a participé l’an dernier au financement du toit (pour moitié) mais il restait encore des aménagements intérieurs à faire. L’inauguration s’est faite en grandes pompes avec des notables de la région et nous avons reçu chacun une superbe cocarde multicolore nominative de bienfaiteurs que nous avons épinglé à notre veste à l’aéroport autant par fierté qu’à usage de « laissez-passer » en cas de besoin.

 

 

UNE ECOLE DE MONTAGNE

 

                Situé à 2000m d’altitude le village de Sidding est niché au fond de la vallée, dernier lieu habité avant le Machhapuchhare qui culmine à 6998 m.

                Faiblement exposé au soleil, ce village est peuplé de familles gurungs qui pratiquent l’agriculture en terrasse et le travail de la pierre schisteuse extraite de la montagne. Les plaques sont descendues vers la route lointaine à dos de mulets aux sabots agiles et aux cloches joyeuses.

                Nous aidons depuis quelques années la population très pauvre mais qui a gardé ses traditions car les habitants sont isolés et rencontrent peu de touristes. Les choses pourraient changer avec la construction d’un hôtel japonais, en belvédère au-dessus du village avec vue sur l’Annapurna et la construction d’une piste pour le desservir.

                En 2013 L’AFEN a financé la fabrication et la pose de 2/3 des volets de bois de la nouvelle école, volets protecteurs contre les intempéries et le soleil car ici, il n’y a pas de vitres aux fenêtres et il y fait froid, venteux et humide plusieurs mois par an. Cela permet aussi de lutter contre l’absentéisme pour maladie.

                Les années précédentes, 5 familles parmi les plus pauvres avaient bénéficié de la construction de WC et le village avait été doté d’un brancard de secours. Tous les ans, des bonnets et des pulls sont distribués à une trentaine d’enfants, parfois jusqu’à cinquante selon nos réserves ainsi que de cahiers et de matériel scolaire pour une vingtaine d’enfants pauvres.

                Nous avions aussi apporté de petits jouets donnés par une classe d’enfants de Cré (Sarthe) où Elisabeth et Daniel avaient fait en décembre une conférence sur la vie des enfants au Népal. Les billes et les toupies fabriquées par des artisans français ont eu beaucoup de succès. L’équipe des enseignants est très dynamique et enthousiaste, tous semblent très motivés par leur métier alors qu'ils sont peu payés et parfois peu formés. C’est toujours un grand plaisir de les revoir autour de Shanti, la directrice qui vient d’avoir un bébé. Nous avons eu la curiosité de découvrir le soir après diner, comment on s’occupait d’un tout-petit là-bas. La maman, assise par terre devant le foyer de la cuisine, dénude progressivement le corps du bébé et sa main préalablement réchauffée devant les braises, masse doucement chaque parcelle de peau y compris la tête avec de l’huile. La peau est propre, souple, bien hydratée et le bébé calme, détendu. On voit souvent cette scène dans la rue au soleil. Au Népal, chacun pratique cet art en famille, nous dit-on.

               

QUELQUES NOUVELLES DES FAMILLES SUIVIES :

Famille DURGA GAIAK

                L’an dernier, nous avions quitté cette jeune femme attachante  sur un projet de construction d’une maison de bambous (quasi  gratuit s’il y a les tôles) avec l’aide de ses voisins compatissants. Abandonnée avec ses 2 petites filles et dépouillée de tout par son mari, il y a 3 ans à la naissance d’AURUNA, elle n’arrivait pas à payer un loyer et sa mère qui l’aidait un peu, se retrouvait handicapée suite à une attaque cérébrale. Nous l’avions tout de suite prise en charge tant sa situation était critique.

                Cette année, surprise, en tant que « femme divorcée » mais possédant un jardinet de 25 m² de terre, elle a bénéficié d’une aide gouvernementale pour construire une maison de 2 pièces de 9 m² donnant sur une terrasse d’1.6mx6m où elle pouvait faire sa cuisine. Les tôles données par l’AFEN l’an dernier ont été posées sur le toit. La maison vient d’être terminée mais il manque les châssis des fenêtres (vitrées) que nous allons faire fabriquer et poser par le menuisier local tandis qu’un rideau occultant préservera son intimité. Les filles sont vives et très souriantes comme la maman. Aruna est en maternelle et sa sœur ainée de 6 ans, Anou, est plus assidue à l’école, dit l’institutrice. Elle n’est plus réquisitionnée comme l’an dernier (à 5 ans !) pour garder sa sœur pendant le travail de sa mère. Celle-ci peut aussi travailler plus facilement sur un chantier de construction ou dans les champs et la situation progresse doucement. Durga pourra peut-être même louer la seconde pièce et améliorer ainsi sa condition. Nous vérifions en fin de séjour la pose des châssis qu’Henri enduira d’huile de moteur pour les protéger de la vermine avant la peinture suscitant ainsi un vif intérêt de la communauté. Recyclage bon marché et efficace.

                Quel changement en 3 ans! Nous maintenons l’aide à l’identique cette année et les enfants exhibent fièrement leurs bonnets donnés par leur marraine de France. (Photo 4)

Famille SITA PARIYAR « Ashok »

                Rencontrée au centre de couture et chez elle en seconde partie de séjour car elle habite souvent dans la famille où Saradoch réside, en haut de la colline, à Astam. Elle reste fragile après le décès brutal de son fils d’Ashok âgé de 15 ans il y a 2 ans, Saradoch a 15 ans maintenant lui aussi, c’est un grand gaillard qui travaille bien (cl 9)  et qui a veut réussir. Les cadeaux de sa marraine de Paris sont très appréciés et soulagent leur peine car ils se savent soutenus. Nous maintenons l’aide car la santé de Sita est précaire, elle ne peut guère travailler et son état peut se dégrader rapidement. 

               

                                                                                              Famille SITA PARIYAR « BB »

C’est avec beaucoup d’émotion que nous rencontrons la famille PARIYAR ou ce qu’il en reste : Le père, Jhahak Bahadur, 40 ans, la fille cadette Bipana 11 ans et Ram, le petit garçon de 5 ans. Leur mère, Sita, s’est suicidée mi 2013. Trop d’insultes, trop de coups pour cette femme de 33 ans mariée à un homme fruste, peu travailleur, alcoolique et violent. (Photo 5)

Les deux autres enfants ont déjà quitté la maison malgré leur jeune âge plutôt que de subir les accès de violence du père. L’ainée vient d’être mariée à 15-16 ans et son frère, Latsuman, 13 ans, travaille dans un élevage des poulets pour 3000 roupies par mois. Il apporte régulièrement de l’argent à la maison même s’il n’y habite plus car il loge chez son patron.

                Dès le lendemain de notre arrivée à Milanchowk , nous leur rendons visite. Ils habitent à l’entrée du bourg une grande pièce dont l’unique fenêtre donne sur la route qui mène à Pokhara. Pour tout mobilier: 2 lits, un garde-manger, un réchaud à gaz sur une petite table.

                Quand je frappe à la porte, c’est Bipana qui nous accueille ; fluette, elle se jette dans mes bras et m’enlace, nous nous faisons un gros câlin et je sens son petit cœur battre très fort. Ram, son jeune frère, continue de jouer avec une petite boîte qu’il fait rouler d’un bout à l’autre du logement. Le chien avec lequel il jouait l’an dernier a disparu, pas possible de vivre à l’étage.

                Nous nous asseyons sur le lit pour interroger le père. Il est plus ou moins alcoolisé, comme hier et comme demain probablement. Larmoyant, sans dire un mot, il nous montre le portrait de sa femme accroché au mur. Sa tristesse ne m’émeut pas, je ne pense qu’à Sita et à ses deux petits qui n’ont plus de mère. Quel départ dans leur jeune vie !

                Nous parlons école, j’interroge le père: en quelle classe sont les enfants ? C’est Bipana qui me répond, elle est en classe 2 (elle a donc 2 années de retard) et son frère est en maternelle. Quel est le montant des frais de scolarité ? Là, Bipana ne sait pas, son père non plus ; l’alcool lui a brûlé tous les neurones. Nous irons donc à l’école interroger le directeur et lui donnerons l’argent nécessaire. Les enfants sont calmes et gentils disent les institutrices rencontrées le matin.

                Après réflexion, nous décidons de poursuivre l’aide alimentaire dans les mêmes proportions que par le passé et de leur acheter une couverture supplémentaire. C’est Bipana qui fait office de maîtresse de maison et protège Ram. Elle se montre très affectueuse envers son petit frère et son institutrice prend en compte ses responsabilités, mais il faut qu’elle continue de progresser dans les acquis scolaires. C’est promis, nous les reverrons l’année prochaine.

Famille DE SURAJ NEPALI

 

Visite en demi-teinte de cette famille suivie depuis quelques années par L’AFEN et composée d’un couple de grands-parents élevant seuls un garçon  de 15/16 ans cette année.

                Ils sont très fatigués et se meuvent de plus en plus difficilement ; le grand-père a fait un AVC qui a beaucoup diminué ses facultés et la grand-mère est quasiment aveugle. (Photo 6)

                Au début de leur séjour et constatant leur extrême dénuement Françoise et Henri avaient commandé un grand lit, matelas et couverture. Quand Elisabeth et Daniel sont arrivés un mois plus tard, Suraj était là, un sourire narquois aux lèvres et n’a pas daigné sortir les saluer.

                Nous devions apporter une couverture supplémentaire et Suraj était chargé d’en prendre livraison à la boutique située en bas de la colline pour la porter jusqu’à la maison en empruntant un chemin pentu sur une longueur d’environ 700m, ses grands-parents en étant incapables.

                Mais Suraj n’ira jamais chercher cette couverture et c’est finalement sa grand-mère, lassée de dormir dans le froid, qui fera ce long chemin pierreux malgré son handicap

                Suraj ne va plus à l’école, il travaille depuis deux ans comme aide-receveur de bus. Il est autonome mais n’apporte aucune aide à ses grands-parents qui lui ont pourtant prodigué tous leurs soins depuis que ses parents sont décédés; ils nous disent leur déception et dans leurs yeux nous lisons une grande tristesse mais aussi beaucoup de rancœur.

                Pour toutes ces raisons, mais surtout parce que ces deux personnes âgées sont quasiment incapables de travailler, nous poursuivons notre aide-alimentaire en espérant que Suraj n’entamera pas trop leurs provisions lors de ses visites épisodiques.

 

Famille LILA SUK BAHADUR BISHOKARMA

 

                Dans cette famille, le problème majeur est la gestion des deux enfants albinos, Lokesh 13 ans et Suk Maya 10 ans nés d’un second mariage. (Photo 7). Trois autres enfants composent cette fratrie, telles que les 2 filles aînées nées d’un premier mariage, courageuses et bonnes élèves, respectivement en classes 9 et 10 et qui vont bientôt terminer leurs études. Et enfin Nikil, 4 ans, né du 3 ème père et actuel mari, en nurserie (école maternelle).

 

                Lokesh et Suk Maya sont internes depuis plusieurs années dans une école spécialisée pour enfants aveugles ou malvoyants comme c’est le cas pour ces deux enfants et jusqu’à présent leurs frais d’internat et de scolarité étaient entièrement pris en charge par l’Etat. Mais Lokesh  vient d’entrer en secondaire perdant ainsi la gratuité dont il bénéficiait jusqu’à présent.

                Malgré toutes nos tentatives auprès des offices gouvernementaux concernés nous n’avons pu obtenir le prolongement de cette aide ou, même, une aide partielle.

                La mère de ces deux enfants est en larmes lorsqu’elle vient nous trouver à l’école de couture. Elle travaille depuis quelques temps comme couturière grâce aux cours dont elle a pu bénéficier gratuitement dans notre école mais aussi avec l’intervention d’Indira (notre professeur) auprès d’une de ses anciennes élèves qui a ouvert un atelier de couture à Milanchowk.

                Son salaire ne suffira pas à couvrir les frais de Lokesh d’autant que son mari, expatrié dans le Golfe persique, n’envoie plus d’argent depuis qu’il a été surpris à travailler « au noir ». Pour ce fait, il a été condamné à 6 mois de prison ferme et à 300 000 roupies d’amende représentant son salaire annuel (2 350€).

                Nous voici donc contraint de payer tous les frais d’hébergement et de scolarité de Lokesh, soit environ 18.000 roupies par an/ soit 150€ minimum. Mais c’est un enfant intelligent et travailleur, il s’exprime d’ailleurs aisément en anglais et a déjà une personnalité très affirmée. Nous sommes convaincus de contribuer ainsi à lui donner toutes ses chances.

                N.B. Le même problème financier se posera dans 2 ans pour sa sœur cadette Suk Maya.

 

               

 

Famille AMAR BISHOKARMA

 

                Prise en charge en 2011, la situation de la famille Amar Bishokarma s’est nettement améliorée : aide en nourriture et à la scolarisation des 5 enfants (4 filles de 9 à 17 ans et 1 garçon de 6 ans), dons de vêtements, de matelas, de couvertures mais la récente et brève réapparition du mari parti travailler dans le Golfe persique il y a 3 ans la laissant sans ressources, a plutôt  jeté le trouble dans la famille et la discorde dans le couple.

                En effet, pour rassembler l’argent nécessaire à son départ le mari a dû emprunter au minimum 200 000 roupies soit environ l’équivalent de 3 ans de salaire d’un ouvrier sans qualification.

Après un certain temps et ne voyant pas venir les remboursements, les multiples créanciers se sont rabattus sur sa femme Amar déjà aux prises avec la difficulté d’élever seule ses 5 enfants.

                Cruelle déception donc pour Amar de voir son mari revenir sans intention de payer ni ses dettes ni sa participation au budget de la famille. Il semblerait d’ailleurs qu’il soit déjà reparti pour une destination inconnue.

                Amar est en pleine dépression, elle que nous avons toujours vue active, infatigable, dirigeant tout son petit monde avec énergie, est couchée en milieu de journée, pleure et se plaint de maux de tête. A l’heure du repas, les filles prennent la relève, Pabitra 12 ans cuisine et Bima 10 ans va chercher du bois.

                Souhaitons que chacun reprenne sa place dans la famille dans les mois à venir, que le père prenne ses responsabilités de chef de famille afin qu’Amar ne regrette pas son retour et qu’au lieu de l’aide attendue, elle n’ait qu’une bouche de plus à nourrir.               

 

                                         Famille MAYA BK dite «India » pour la reconnaître (les homonymes sont légions !)

                Nous avions  pris cette famille en charge l’an dernier dans un climat dramatique, rappelez-vous. Maya 27 ans, son mari et ses 2 fils, Binod 10 ans et Bibek 9 ans sont expulsés d’Inde où ils vivaient depuis 8 ans après le diagnostic d’une tumeur cérébrale chez le jeune mari (35 ans) qui est décédé à son arrivée au Népal tandis que  Maya, enceinte, perdait son bébé.

 La famille de son mari la tolérait, sans plus, et les 2 garçons ne parlaient que l’Indi. Tous ces évènements s’étaient déroulés sur 1 mois à peine avant que nous ne la rencontrions. (Photo 8)

 

                 Cette année, en passant par l’école où nous scolarisons 8 enfants de différentes familles, une institutrice bien avisée nous signale le lundi que 2 d'entre eux semblent souffrants: Binod a des maux de tête bilatéraux depuis un an et Bibek des problèmes pour uriner. Comme il s'agit de nos 2 protégés, nous décidons d'intervenir très vite en raison du contexte. Les enfants se sont bien intégrés à l’école, ont appris le népali et sont bons élèves. Donc, via l'institutrice, nous convoquons la maman et ses 2 enfants pour les emmener le lendemain mardi 9h, faire un bilan médical à l’hôpital de Pokhara accompagnés d’Indra (elle n’avait pas cours ce jour-là). Véritable parcours du combattant pour faire le tour de tous les médecins entre le généraliste qui dispache sur les 5 différents spécialistes, le laboratoire d'analyse d'urine et de sang, le scanner et la synthèse, le tout entrecoupé de 5 passages en caisse pour payer les divers examens et la cantine pour reprendre des forces !

                Au final : Binod n'a rien de grave et ses maux de tête sont bénins: aucune cause ORL, visuelle ou liée a une tumeur comme son père. Par contre, Bibek présente une cystite et un kyste qui doit être excisé. Nous voyons en fin de journée l’anesthésiste [excellent contact avec l'enfant] puis le chirurgien ; l'hospitalisation est prévue pour le surlendemain et l’opération le vendredi matin. Qui dit mieux pour cette efficience ? Mais nous sommes tous rentrés épuisés à 18h, entassés à 6 dans le minuscule taxi, chauffeur compris !

                Bien sûr, les frais d'examens et d’opération sont à la charge de l'AFEN car la maman gagne à peine de quoi se nourrir (nous fournissons les 2/3 de l’alimentation). Elle nous a semblée très désorientée et ne guère pouvoir compter sur la famille de son mari au mieux indifférente (et personne ne lui proposera de l’aide ou ne viendra la soulager à l’hôpital !). Le jeune Bibek a donc été opéré vendredi comme prévu, pas très rassuré d’aller à l’hôpital malgré la présence d’une poupée-clown tricotée par une dame âgée française, clown supposé lui tenir compagnie à l’hôpital et 1er jouet « affectif », car pas de doudou ici!

                Nous avons encore passé jeudi une demi-journée à cavaler dans l'hôpital pour régler les factures et acheter les médicaments, le matériel pour l'opération, puis, après, celui des perfusions ou des antidouleurs avec 7 passages en caisse et une queue de 4 à 6 personnes à chaque fois, le tout sur 3 étages. A devenir fou ! Sans compter que l'hôpital ne fournit rien d’autre qu’un lit avec 1 seul drap (douteux) ce qui oblige la maman à rester sur place nuit et jour, à aller au sous -sol chercher boisson et nourriture pour elle et son enfant. Sans paiement d’avance = pas de soins ni médicaments, pas de nourriture ni boisson (eau) !

                Mais Bibek va bien, nous étions avec lui à son réveil, très courageux car il a mal. Il était de retour chez lui le dimanche soir sans les complications redoutées. Tout est tellement rudimentaire à l'hôpital par rapport aux précautions prises en France que nous avons le sentiment de vivre sur une autre planète. En passant par le centre de couture, il récupère 1 ballon, une tenue vestimentaire complète, 1 matelas et 2 couvertures. Bibek affiche un immense sourire qu’il aura encore lorsque nous repasserons à l’école la semaine suivante. Nous l’y retrouverons avec son frère, Binod en forme tous les deux, joyeux de leur santé retrouvée. Binod , rassuré, n’avait plus mal à la tête !... Et Maya était bien soulagée elle aussi.

                                                MAYA BK Gd AMA et ITCHA BAHADUR GURUNG

                Là aussi, l’an dernier, on nous avait signalé 2 familles dramatiquement éprouvées et, dérogeant à nos règles, nous les avions tout de suite prises en charge pour l’année 2013 sans avoir eu le temps de les visiter sur place, car nous avions trouvé porte close lors de notre passage et n’avions pas eu le temps de repasser (difficile d’accès, voir récit sur le trek page 10).

 

                Les deux couples de grands-parents visités sont proches géographiquement et allaient bien. Ils  étaient heureux de notre soutien depuis l’an dernier tant pour la scolarité des enfants que pour l'aide alimentaire apportée à leurs familles. Dans les 2 cas, les mères étaient décédées mi 2012 (1 accident de jeep pour l’une et 1 meurtre pour l’autre), l'un des pères avait disparu depuis plusieurs années et l'autre était en prison depuis plus janvier 2013, raflé par la police comme témoin d'une rixe mortelle entre gens pris de boisson dans un festival. Comme il sortait de l’hôpital (même accident que sa femme), il marchait avec des béquilles et on peut raisonnablement penser qu'il n’est pas coupable. Mais on ne parle toujours pas de jugement et il n’est pas visitable. Les 4 enfants (1 fille Préna 9 ans et 3 garçons, Praban 5 ans, Susan 13 ans, Sumit 7 ans vont bien et aident au maximum leurs grands-parents respectifs. A leur école, « ils sont bons élèves et ne semblent pas trop souffrir de la situation » ont dit les 3 professeurs présents en ce jour de fête [Losar = nouvel an bouddhiste]. L’école était fermée, mais ils avaient du travail administratif et nous avons pu visiter la ravissante école très traditionnelle et bien tenue. Les grands parents paraissent, pour leur part, attentifs et affectueux vis-à-vis des enfants mais soucieux quant à l’avenir car ils prennent de l’âge, vivent  isolés et les cadets n’ont que 5 et 7 ans.

                Quand et dans quel état de santé sortira le père qui avait tant besoin de soins et de rééducation ? Restera-t-il infirme suite à son séjour en prison?  L’autre père qui avait abandonné sa famille et qui ne donne aucun signe de vie, reviendra-t-il?

 

                                                               Surprises de la contraception

                Dans une maison proche de la précédente, chez Netra Bahadur Paryar, c’est la grande surprise : la maman attend son 5éme enfant. Or, elle avait été opérée (semblait-il) il y a 9 ans après la dernière naissance ! La situation n’est pas simple pour cette famille très rustique mais très courageuse qui vit dans une maison minuscule accrochée au flanc de la colline, sans aucun confort et dans un grand dénuement. Difficile de maintenir les enfants très longtemps à l’école car les 2 garçons de 14 et 16 ans préfèrent travailler dans les champs avec leur père. Quant aux 2 filles de 9 et 11 ans, elles sont plus assidues que leurs frères mais sans grands moyens intellectuels. Notre objectif pour les enfants de ces familles pauvres est de les accompagner, au minimum, à la maitrise des connaissances de base : savoir lire, écrire et compter.

                Tous semblent heureux de cet évènement, quoique toujours très sales et quasiment en guenilles. Ils se montrent enchantés des photos prises l’an dernier qui passent de mains en mains et sourient. En effet, Daniel photographie constamment les familles, les enfants, les maisons ainsi qu’une multitude de détails de la vie quotidienne. Lorsque nous repassons l’année suivante, la remise de ces photos constitue un grand moment de joie et de partage confiant qui amorce le dialogue sur l’année écoulée et l’évaluation de l’aide alimentaire ou autre à poursuivre. L’identification des 200 photos environ destinées aux familles fait l’objet d’un bon moment de recherche animée entre les membres de l’AFEN Français et Népalais car il n’est pas toujours facile de reconstituer les familles un an après et de mettre un nom sur chaque photo, d’autant que les enfants changent très vite !

                                                                 Fin de l’aide pour les deux sœurs LAMA

                Ces 2 jeunes filles âgées de 19 et 21 ans ont été prises en charge par L’Afen durant une dizaine d’années jusqu’à février 2014. Après le décès de leur mère atteinte d’un cancer, elles ont habité seules dans une chambre dont le loyer était payé par un frère aîné chauffeur de taxi. Pendant toute cette période, nous  avons fourni  aides scolaire et alimentaire et, à présent, elles s’en sortent bien. Elles ont réussi leur SLC niveau de la scolarité obligatoire au Népal (classe de seconde pour nous) et ont continué d’étudier en classes supérieures. Nous leur avions consacré beaucoup de temps l’an dernier car elles voulaient intégrer une école d’esthétique gratuite et qui plaçait ses élèves. Or, ce type d’organisme sert souvent de couvertures à la prostitution à l’étranger et nous avions demandé à la responsable d’une ONG s’occupant de jeunes à Pokhara de se renseigner. Finalement, l’aînée travaille à la station de radio locale et la cadette poursuit ses études tout en faisant partie d’un  groupe de danseurs traditionnels népalais qui se produit dans les hôtels du Lake Side (quartier touristique de Pokhara). Elles sont très sérieuses et leur chambre que nous visitons chaque année est parfaitement rangée. Au cours de notre visite, elles ont remercié l’association et leurs différents parrains-marraines pour toute l’aide qu’ils leur ont apportée durant ces années. Ravissantes et souriantes, elles nous ont embrassés et nous étions aussi émus qu’elles. (Photo 9 avec Indira)

NOUVELLES FAMILLES

Famille SUN TALI TAMANG

                Présentée l’an dernier la veille de notre départ par le directeur de l’école où étaient scolarisés en classe 3 et 1, les 2 garçons de 10 et 7 ans, nous avions mis tout de suite en place une aide d’urgence. Cette famille, très éprouvée par l’abandon du père quelques mois auparavant, lors de la naissance d’une petite fille polyhandicapée (borgne, à laquelle il manque un pied et dont l’autre jambe est atrophiée, +++ …).

                Nous retrouvons la maman pour évaluer la situation cette année. Pas très brillante. La famille vit dans un taudis enfumée, sorte de grenier auquel on accède par un escalier-échelle très étroit de 40 cm de large. La petite fille se traine par terre sous la surveillance de Rasu, son frère aîné. Elle a 15 mois, mais ne pourra marcher qu’avec des prothèses. Jusqu’ici, sa mère la dépose à côté d’elle quand elle travaille dans les champs. Quant aux garçons ils sont assidus à l’école et assez propres ce qui est méritoire quand on voit leurs conditions de vie. Nous réajustons les quantités de nourriture, donnons 2 couvertures, vêtements et 1 ballon.

                Cette année, après la distribution de peignes, brosses, châles, serviettes de toilettes et mouchoirs en éponge les années précédentes, Françoise a acheté une trentaine de ballons que Daniel et Henri ont gonflé à la pompe pour le grand plaisir des récipiendaires! Les enfants ont si peu de jouets ici qu’ils sont heureux d’un cadeau qu’ils vont partager avec les autres dans les ruelles idéales pour le foot.

Famille LAXMI BK

                Présentée par une de ses amie, nous  rencontrons Laxmi, elle aussi abandonnée par son mari avec 3 enfants, il y a 2 ans, à la naissance d’une petite fille. Les aînés ont 12 ans G et 10 ans F. Depuis, la famille est sans abri et habite tantôt chez des amis, tantôt dans la famille en changeant sans cesse de place car elle ne peut payer de loyer. Pour l’instant, elle réside très loin de notre terrain d’action mais nous proposons une aide scolaire pour les ainés et un colis alimentaire couvrant 2 mois de nourriture. Famille à suivre l’an prochain.

FAMILLE MONGOLI PARYAR

                En fait, il s’agit d’un couple de personnes âgées: l’homme Padaom Bahadur et la femme Mongoli respectivement âgés de 72 et 80 ans qui élèvent leurs trois petits-enfants. La maman est décédée et leur fils unique a disparu sans donner de nouvelles ni d’argent pour les élever. (Photo 10)

Sanje, garçon de 16 ans qui étudie en classe 8,  Sanguita, fillette de 12 ans qui étudie en classe 4 et  Sandya, fillette de 9 ans, muette, placée dans une institution spécialisée depuis un an

                Par chance pour nous, ils habitent  à Suiket, 6km de Milanchowk et un bus nous y emmène.  A notre arrivée, ils sont tous les deux occupés à jardiner à quelque distance de là. Un voisin a dû les prévenir car ils se pressent en nous voyant.

                Leur maison est construit en contrebas de la route: l’an dernier, elle était en bambous mais le grand-père a eu l’autorisation de prendre des galets dans la rivière toute proche et a pu monter 3 murs plus protecteurs. Deux petites pièces, une pour les enfants et une pour eux-mêmes avec chacune un lit d’une personne et une petite cuisine sur le devant, protégée par les bambous, sous l’avancée du toit de tôle.

                Comme je m’étonne de ne voir qu’un lit étroit pour le couple je demande malicieusement où dort celui qui n’a pas de lit ; et la petite mamie de me répondre : « c’est moi qui dort par terre, à côté du lit » ! Là où je ne vois que terre battue ! Cette fois, la glace est rompue.

                La grand-mère est de petite taille, mince, elle a un visage tout rond et des yeux qui brillent, notre connivence est immédiate. Le grand-père est affable et tous deux se disent ravis de faire notre connaissance. Nous leur expliquons que nous venons constater leurs conditions de vie car une aide leur a été apportée l’année dernière par une association des Pyrénées. Ils confirment mais se disent inquiets ; allons-nous continuer l’aide alimentaire commencée ? Ils nourrissent leurs petits-enfants (en tout ou partie) et doivent payer aussi des frais de scolarité pour Sanje et Sanguita.

                Pour avoir étudié leur cas auparavant, nous les rassurons. Oui, nous continuerons de leur apporter une aide alimentaire et nous décidons même, sur place, de leur faire fabriquer un lit solide « pour celui qui dort par terre ! ». Nous prévoyons également un matelas pour Padaom et une couverture pour chacun des grands-parents. Un colis de vêtements pour les enfants leur sera également donné à l’école de couture.

                Et, enfin, nous prendrons en charge les frais de scolarité de Sanje et de Sanguita ainsi que les frais de pension de Sandya qui a fait de remarquables progrès à l’école où elle était si désireuse d’aller comme ses aînés. Elle se plait à l’internat (pour enfants retardés et handicapés) et y a des amis. Son grand-père va la chercher pour chaque période de vacances (compter une1/2 journée de bus pour l’aller). Tous sont très fiers de la voir écrire-en s’appliquant- des lignes de lettres devant nous.

                Au moment de se séparer, la grand’mère m’a ouvert grand ses bras et m’a serrée fort contre elle, que d’émotions partagées et de bonheur à emporter !!! J’en souris encore tout en écrivant !

INDIRA OU LA CHEVAUCHEE SAUVAGE

                Indira ! Quel dynamisme, quelle promptitude à répondre présente lorsqu’un besoin se fait sentir ! En plus d’assurer ses cours à l’école de couture, elle distribue les fournitures scolaires au fur et à mesure des besoins, accompagne les malades à l’hôpital, nous signale tout disfonctionnement dans nos actions mises en place et cuisine remarquablement bien. Bref, que ferions-nous sans elle ?

                A la tombée du jour, Indira est sortie faire quelques courses quand nous la voyons courir vers nous qui étaient restés à la maison. Elle est essoufflée, impatiente, et nous demande de lui apporter les deux couvertures et le matelas destinés aux grands-parents Paryar (cf ci-dessus). Pas le temps de nous expliquer, dit-elle, mais elle nous montre une moto qui remonte le chemin. (Photo 13, livraison des couvertures par porteur, la veille))

                Et là, à notre grande surprise, Indira s’assoit derrière le conducteur et nous fait signe d’empiler matelas et couvertures entre eux deux, sur ses genoux ; le volume est si important qu’elle pose tout juste son menton sur le haut de la pile et voilà ! En route pour Suiket distant d’environ 6km !

                Quand elle revient, il fait tout à fait nuit et elle nous raconte l’épopée.

                Le conducteur de la moto est le menuisier qui a fait le lit de Mongoli. Son aide et lui-même ont hissé le lit sur le toit du bus et l’aide a pris place à l’intérieur pendant qu’Indira et le menuisier emportaient couvertures et matelas. Quelle organisation avec si peu de moyens ! Nous avons juste regretté de n’avoir pas assisté au transfert dans le bus et à la remise des couchages mais nul doute que ce soir-là il y a eu deux grands-parents de plus à dormir confortablement grâce à l’intervention de l’Afen.

                                Daniel, Betty et Indira en trek dans les théiers (visite de Maya BK Ama et Itcha Gurun –page 7)

                Il faut dire que nos 2 familles habitaient très haut sur la montagne, au milieu de champs de thé ILAM. Ce lieu isolé se situe au- dessus du très ancien et traditionnel village LWANG qui abrite aussi, outre la manufacture locale de thé, un bureau de la protection de l'Annapurna  car, si vous l’ignorez, notre activité se concentre dans le sanctuaire des Annapurna, nom de la région donnée  par Herzog en 1950. Cette année, nous avons pris 2 jours pour faire quasiment un trek à 2000 m avec nuit sur place pour les rencontrer.  Après une montée abrupte, longue et éprouvante (surtout pour Elisabeth), nous avons été accueillis dans une vieille maison traditionnelle composée de 2 pièces de 10 m² dont l'une sert de cuisine et chambre pour les adultes et l'autre pour les enfants. Pas d'ouverture à part la porte épaisse en bois massif, plafond bas à 1.80m que Daniel touchait quasiment, pièce très enfumée avec le petit feu de bois entretenu en permanence pour chauffer le repas ou l'eau, pas d’électricité. Peu de meubles à part 2 lits et un banc, peu de vaisselle, ni de nourriture apparente: signes de dénuement.

                Nous avons dormi sur un lit sommaire de planches sans matelas et une grosse couverture de coton par-dessus nos propres duvets. Les toilettes sont comme d'habitude «  Au fond du jardin » et (mal) fermées par une tôle branlante. Nous n'avons pas entendu les cerfs venus près de la ferme le matin, ni le tigre qui descend parfois de la jungle juste au-dessus. Uniquement les cloches des buffalos de l’étable qui jouxtait notre chambre. La belle surprise à l'aube fut la vue superbe sur la chaine des Annapurna et du sommet le plus proche : 4 ou 5 kms à vol d'oiseau du Machhapuchhare (6 998m) qui ressemble au Cervin. La veille, nous avions grimpé à l’aveugle car la montagne était sous les nuages. Nous avons quitté nos hôtes à 7h du matin, après de vifs remerciements; ce vieux couple (parents d’une élève de l’école de couture) habite tout seul à 1h du village après avoir eu 10 enfants dont un seul reste a proximité. Les autres sont dispersés dont certains à l’étranger. Où pouvaient-ils tous coucher ici  tant la place est restreinte: au grenier peut-être ?

                                     Une pratique ancienne des temps féodaux : la CORVEE

 

                En sortant d’une visite à des familles, nous reprenons le chemin et rencontrons la jeune Asmita Dhungana 14 ans souriante avec son père, dans des travaux de terrassement…  En continuant, nous voyons une centaine de Népalais à la corvée communale:  ils creusent une tranchée le long de la piste pour poser une nouvelle canalisation d’eau; c’est la « communauté européenne » qui finance la fourniture des matériaux (15 lacks soit environ 10 500€); chaque famille de la commune doit participer aux travaux bénévolement, à concurrence d’une personne pendant tout leur durée, les jours fériés ou non travaillés;  dans le groupe nous trouvons Baburam, notre guide pour Sidding, que nous saluons. (Photo 11)

                A la relecture, Henri, octogénaire et fondateur de l’Afen, signale qu’en Mayenne, cette pratique perdurait au début du 20ème siècle pour les familles exemptés d’impôt et que son père y avait participé.

LES NEPALAIS S’EXPATRIENT

               

                Que ce soit dans le Golfe persique ou dans d’autres pays asiatiques tels que la Thaïlande, la Malaisie ou d’autres, les candidats au départ doivent d’abord passer par le ministère de l’émigration népalais pour se faire enregistrer.

                Tous les frais sont à la charge des migrants : l’intermédiaire, les formalités (passeport-visa), les documents (contrat de travail), le billet d’avion, soit un coût d’environ 1 an - 1 an ½ de salaire dans le Golfe. Tous empruntent de l’argent car presque tous sont issus de familles pauvres.

                L’échelle des salaires mensuels est à peu près la suivante :

                - un ouvrier non-qualifié : 180€

                - tous métiers du bâtiment pour des emplois qualifiés (maçons, charpentiers…) : 250 à 300€

                - conducteurs d’engins : 200 à 350€

                - pâtissiers-cuisiniers employés dans un hôtel : 300 à 400€

                - chauffeur de taxi : 300 à 400€

                Le logement et la nourriture sont compris dans les salaires.

                Travailler « au noir » est puni de 6 mois de prison ferme minimum et d’une amende qui peut varier de 230 à 400€ voir plus. (cf. ce qui est arrivé au mari de Lila Suk BK)

                Jusqu’à extinction de l’amende aucun argent n’est donné au salarié, de même, en cas de blessure ou de maladie mais il continue d’être logé et nourri.

                On estime à plus de 2 millions le nombre de népalais qui travaillent dans les pays du Golfe et font vivre 6 millions de népalais. La presse internationale se fait régulièrement l’écho des conditions de vie déplorables et de travail dangereuses en l’absence de sécurité sur les chantiers.

                 

                Ces candidats-migrants viennent de tout le pays et désertent massivement leurs champs, il n’y a plus d’hommes pour les cultiver, les femmes y travaillent ainsi que dans la construction des maisons où elles fournissent une main d’œuvre non qualifiée. La jungle peut réinvestir les parcelles en friche, décourageant les travailleurs - quand ils reviennent au bout de quelques années- de retourner travailler de nouveau les champs revenus à l’état sauvage et les incite à repartir au loin.

 

                Par ailleurs, au retour, si certains construisent une grande maison dont ils mettront une partie en location, le manque de connaissances sur l’importance de l’épargne pousse les familles à dépenser l’argent pour des biens de consommation au lieu de le réinvestir dans des activités générant des revenus. En conséquence, d’après l’OIM, les migrants qui sont partis à l’étranger au prix d’efforts considérables finissent par vivre dans un cercle vicieux de pauvreté et de migration continuelle.

                (Source : OIM - Organisation Internationale pour les Migrations en 2013)

 

 

STATISTIQUES

               

Dans tout rapport d’activité il y a un aspect « statistique » qui dénombre les familles suivies, celles  en aide alimentaire  et les enfants en aide scolaire. En 2013, nous avions 47 familles, arrêt de l’aide pour 6 d’entre-elles, démarrage pour 2 nouvelles dont 1 en aide ponctuelle car elle habite en dehors de notre périmètre.

         Nous aurons donc 43 familles à aider en 2014 dont 35 avec 87 enfants en aide scolaire soit 74 scolarisés (maternelle à cl 12) et 13 en situation diverse (3BB, 4 en études supérieures, 2 qui viennent de commencer de travailler et 4 non renseignés). Actuellement 35 enfants (47%) sont en primaire, 37 (49%) en collège-lycée et 2 en classes supérieures avant la poursuite d’études.

         L’aide scolaire est concrète: fourniture d’une soixantaine d’uniformes par an selon les besoins des enfants, uniformes réalisés par les élèves de l’école de couture, l’achat de 3 240 cahiers (270 douzaines), de 408 crayons-gomme et 264 Bic noirs ou bleus. Nous réglons aussi les frais d’admissions et d’examens des élèves aux familles ou aux écoles. Nous étudions la situation des aînés de nos élèves pour essayer de leur donner un bagage professionnel (agriculture, aide-vétérinaire, laborantin, infirmière et 2 vont suivre une formation en cuisine). Ces formations peuvent être chères si les études se passent en internat mais nous essayons aussi de mettre à contribution les familles pour l’accueil des jeunes en ville, dans le réseau familial, afin de réduire les coûts.

                Nous avons aussi 8 familles aidées hors enfants scolarisés mais la présence de personnes handicapées (2) ou âgées, isolées et sans ressources (6) nous incitent à fournir un peu de réconfort à ces 11 personnes.

         L’aide alimentaire qui va de pair le plus souvent avec l’aide scolaire bénéficie à 34 familles qui se fournissent auprès de 3 commerçants sur 3 sites qui couvrent notre périmètre d’action. Les épiciers ont la liste des familles avec les quantités de produits mensuels à fournir et les familles ont leur carte. Il n’y a pas de problème car les choses fonctionnent en confiance et simplement. Les épiciers sont payés chaque trimestre sur la base d’avances estimées et au mois de janvier suivant, nous réajustons les comptes en fonction des prix réels et non plus estimés.

         Pour vous donner une idée des volumes, nous distribuerons en 2014, 6 083 kg de riz (essentiel de la nourriture), 888 kg de lentilles (source de protéines), 888 kg de riz soufflé, 360 litres d’huile, 1 512 savons (lessive et toilette). Les personnes âgées ont un complément en sucre (84 kg), pommes de terre (60Kgs), haricots et oignons (24Kgs). Nous réévaluons les quantités chaque année avec la famille mais nous fournissons entre 50 et 70% des besoins pour inciter l’inciter à se prendre en charge en fonction de ses forces, de son âge et de ses possibilités.

         Les 6 familles dont nous stoppons l’aide n’ont plus d’enfants à l’école (1), l’aide ponctuelle sur 1 à 2 ans se termine (3), entrée dans la vie active d’un jeune (1) ou mariage de la jeune fille (1).

         A noter que 13 familles sur 43 sont parrainées et, ce parfois depuis plusieurs années. Nous rappelons que le coût annuel d’un enfant à aider revient à 100€ pour sa scolarité classique et son alimentation. C’est beaucoup plus cher pour les  internats spécialisés (handicapés) ou les études au-delà de la classe 10.

TOUT CE QUI EST FAIT PAR L’AFEN VIENT DE VOTRE GENEROSITE ET DE VOTRE ENGAGEMENT A NOS COTES. SOYEZ-EN TOUS REMERCIES !

         Rédaction: Françoise « didi_dail@yahoo.fr », Elisabeth « daniel.betty.crozet@orange.fr » Photos : Henri et Daniel

 

 

Chers adhérents, chers amis,

 

                Fidèles à notre habitude, nous venons vous rendre compte de notre séjour népalais pour une lecture estivale car elle est copieuse mais elle permet de vous faire partager notre quotidien varié.

                Cette année encore, nous étions quatre à nous relayer au Népal de façon à couvrir la plus longue

durée possible. En effet notre volume de travail s’accroît chaque année pour plusieurs raisons : augmentation du nombre de familles/d’enfants pris en charge, recherche d’écoles de formation pour les élèves du secondaire, de centres d’accueil pour enfants handicapés, etc…

 

                Donc, après avoir terminé nos emplettes à Katmandu, la capitale, nous partons en bus vers l’Ouest, pour Pokhara, (seconde ville du Népal) qui bénéficie d’une température plus clémente et possède un grand lac, le Phewa Tal face aux Annapurna (8 078m) et au Machhapuchhare qui ressemble au Cervin (6 998m).

                Autrefois poissonneux, ce lac à l’eau très claire propice à la baignade est aujourd’hui pollué par le déversement des eaux usées des habitations et surtout des hôtels construits près du rivage sans permis de construire ni plan d’urbanisme, ni infrastructures adéquates.

 

                Les seules activités qui s’y pratiquent encore sont les traversées en barque vers le temple édifié sur une buttée de terre en son milieu, les promenades le long des berges ou l’élevage des carpes en bassins. De temps en temps, un touriste-parapentiste malchanceux y tombe aussi  (cette activité sportive est très appréciée mais extrêmement dangereuse entre vents instables, lac, jungle et secours quasi inexistants. Mais que la vue doit être sublime et le vol avec les aigles fascinant ! )

                Il y a une quinzaine d’années nous y emmenions « nos 4 filles » scolarisées en internat à la renommée école Junior Citizen Academy située à 15km environ de Pokhara. Cette promenade sur le lac avec escale à la petite île du temple pour le rituel de la prière était devenue une étape incontournable des activités que nous leur proposions durant leur temps libre. Aucune ne savait nager mais toutes aimaient cette balade au fil de l’eau.

 

                La ville de Pokhara offre deux visages très contrastés : « Le Lake side » d’abord où se concentre l’activité touristique: hôtels, restaurants, boutiques, officines pour les treks et banques pour touristes et le quartier de « Mahendrapool » ou « Pont de Mahendra » en français, qui fait référence à Mahendra Bir Bikram Shah Dev, roi du Népal de 1955 à 1972.

                Dans ce dernier quartier commerçant très animé et typiquement népalais, nous trouvons tout ce dont nos familles prises en charge ont besoin : matelas, couvertures, tissus pour les uniformes des élèves, mercerie, fournitures scolaires dont une grande quantité de cahiers que nous achetons directement à la fabrique, et aussi matériaux, outils et matériels nécessaires à l’entretien du centre de santé ou de l’école de couture, voire plus.

                Depuis une dizaine d’années, quelques supermarchés s’y sont installés proposant une grande variété de produits qui n’ont rien à envier à ceux que nous connaissons en France, à cette différence près que seuls les népalais les plus aisés peuvent y accéder financièrement. Nous y faisons provision de confiture, fromage (de Yak ou de Bufflonne), sachets de noddles soups, thé, café en poudre, conserves de thon, papier toilette, éponges, produit à vaisselle, etc… indisponibles chez les épiciers de Milanchowk qui ne commercent pratiquement qu’avec les népalais.

 

                Le quartier de Mahendrapool est lui-même divisé en plusieurs secteurs regroupant médecins, pharmaciens, opticiens, dentistes, mais aussi boutiques de tissu et tailleurs, de literie en grand nombre, de machines à coudre, d’ustensiles de cuisine, de réfrigérateurs, de télévisions, d’ordinateurs etc…

A mi-chemin entre le Lake Side et Mahendra Pool, on trouve les commerces plus techniques tels que vendeurs de sanitaires, de mobiliers et de motos ou voitures. Pour l’exemple, chaque voiture est taxée à 400% par le gouvernement népalais, ce qui rend son prix prohibitif malgré leur taille minuscule et leur confort rudimentaire.

               

Enfin, Pokhara abrite l’hôpital public « Gandaki Hospital », son école d’infirmières et plusieurs autres hôpitaux privés ainsi qu’une grande clinique pour soins dentaires et formation de dentistes. Excepté le Gandaki  Hospital où les consultations sont bon marché, tous les autres centres de santé privés sont payants avec des tarifs hors de portée de la très grande majorité des népalais.

 

PLAN : Page 2 : le dispensaire  et l’école de couture

Page 3 : l’aide alimentaire et les commerçants, l’informatique à l’école de Bidawari, l’inauguration de la maison des                                                                       Associations

            Pages 4 à 8, , l’école de Sidding en altitude, les familles (anciennes, nouvelles et en fin d’aide)

            Page 9 et 10 : la chevauchée d’Indra, le trek des théiers, la corvée féodale, l’expatriation des népalais

            Page 11, statistiques sur l’aide alimentaire et l’aide scolaire,

 

FONCTIONNEMENT DU DISPENSAIRE/ « CLINIC de KALIKA »

                Réunion du comité de gestion :

                Le chef du village Gurung, Tech Nath professeur et travailleur social, Indra notre professeur de couture, Krishna  assistante du représentant municipal, 4 représentantes des villageois, Bimala notre nurse et 3 membres de L’AFEN. (Photo 1)

 

                Rapport annuel d’activité de Bimala :

                Ouverture 6 jours sur 7. Fréquentation du centre de santé satisfaisante, de 7 à 8 patients par jour, 3 accouchements. Quelques consultations avec des médecins, dentistes, participation à des campagnes de vaccinations ou autres.

 

                Rapport financier :

                Année équilibrée, trésorerie saine avec un peu d’avance ; le salaire a bien été versé à Bimala chaque mois. Il va être porté de 8 000 à 8 400 roupies et le 13ème mois va lui être payé compte tenu de sa présence régulière.

                La participation de la municipalité étant incertaine (30% du salaire) d’après nos correspondants, L’AFEN décide de régler, seule, la totalité du salaire à partir du 1er janvier 2014, soit la somme annuelle de 100.800 roupies ou 109.200 roupies si le 13ème mois est versé (Total de 840 €).

                Les démarches entreprises auprès de l’hôpital local ont permis d’obtenir un fonds de médicaments/pansements gratuits qui sera renouvelable tous les mois en fonction de la consommation ; bien évidemment, les recommandations de ne pas gaspiller ou d’accroître inconsidérément les stocks de produits non utilisés sont données à l’infirmière.

                Avantages : les médicaments sont distribués gratuitement et seuls ceux qui ne sont pas fournis par l’hôpital, et donc achetés par l’Afen, sont remboursés par les patients qui le peuvent ; les plus pauvres bénéficient de la gratuité totale.

                Le dispensaire a aussi une vocation d’éducation à l’hygiène et à la santé ; nous avons ainsi collecté, dans divers centres de soins ou cliniques en ville, des affichettes illustrées en Népali que Daniel (vice-président) a punaisé sur des panneaux confectionnés et disposés dans les 2 salles d’examen et la salle d’attente. L’infirmière doit changer les tracts et les thèmes régulièrement (lavage des mains, premiers soins, contraception, sida, prévention des chutes…).

                Peu de travaux prévus cette année car les locaux sont neufs mais pose de gouttières avec récupération de l’eau pour arroser les bordures plantées par Henri (le Président) et les jeunes arbres.

                La vue qui domine à 1800 m toute la vallée est superbe, balcon sur les cultures en terrasse des collines, les hameaux dispersés aux maisons traditionnelles et les sommets de 7000m situés à moins de 10 kms à vol d’oiseau. En contre-bas, les rivières miroitent au soleil, maigres filets sur lits de graviers immenses en attendant les débordements liés à la mousson ou la fonte des neiges. Quelle sérénité !               

 

L’ECOLE DE COUTURE/ « TRAINING SEWING CENTER » à HEMJA

 

                L’année s’est bien passée, les élèves très méritantes ont travaillé avec application et dans la bonne humeur sous la houlette d’Indira toujours très dynamique. Le principe est de dispenser 2 cours par jour, l’un de 6 à 10h et l’autre de 11 à 15h permettant ainsi à 18 élèves d’apprendre à coudre et à tricoter, de s’exercer sur des tissus parfois ramenés de France pour confectionner des pièces de vêtements qui seront vendus et de fabriquer la soixantaine d’uniformes de nos élèves (1 par an pour les plus jeunes, sinon 1 tous les 2 ans). La confection vendue, robes, sarouals-curtals (tunique sur pantalon large) et vêtements d’enfants permet de financer  la mercerie utilisée. Henri (le président) a profité de son long séjour pour huiler, régler et entretenir les 9 vaillantes machines Singer à pédale qui fonctionnent sans électricité ; nous prévoyons d’ailleurs de remplacer la plus défaillante.

 

                Comme chaque année, au cours de la fête de fin d’année de l’école, nous avons remis solennellement leur diplôme à chaque élève mais nous avons également célébré les 20 ans de sa création au cours desquels environ 360 diplômes ont été décernés. Après les discours, un grand pique-nique préparé par les élèves (plats succulents) a été suivi  de chants et de danses animés par les familles Gainées dont nous parrainons les enfants, (musiciens indispensables mais de « basse caste » car ils touchent les peaux des tambourins et tambours ce qui les rend impurs). (Photos 2, 3 et 12)

                Rappelons que notre école accueille et forme gratuitement toutes les jeunes femmes quelle que soit leur caste, ce qui nous a valu au début pas mal de critiques et réticences de certains, mais aussi  le soutien inattendu des combattants de l’ombre qui militent pour la parité H/F, le droit à la formation pour tous et la suppression des systèmes de castes. Bien qu’au pouvoir depuis 2008, ils peinent à réaliser leur programme car transformer les mentalités et les traditions ne se décrète pas, hélas, avec un effet immédiat. La résistance au changement et aux réformes est universelle mais du moins notre école montre-elle depuis 20 ans que la chose est possible sans mettre en péril l’équilibre de la société locale. Mais nous sommes « l’Occidental » et  ceci nous est plus facile !

 

                Financièrement, le centre fonctionne sans comité local, seulement avec Indira et l’AFEN. Tout est contrôlé et réglé lors du séjour : salaire annuel d’Indira, loyer pour Bisho Raj (propriétaire des locaux), enveloppes pour achats de tissus d’uniforme et enveloppe de précaution pour les réparations de matériels.

 

 

L’AIDE ALIMENTAIRE et les COMMERCANTS

 

                En 2013, nous avons travaillé avec 4 épiciers répartis sur 4 sites permettant aux différentes familles d’aller chercher leurs provisions au plus près de chez elles. Dès notre arrivée, Betty, la trésorière, va dans chaque commerce pour valider les factures de l’année précédente et compléter, si nécessaire, l’avance versée, par un reliquat dû aux variations du prix des denrées. C’est un système simple basé sur la confiance : les familles ont une carte de l’AFEN avec les quantités mensuelles décidées selon plusieurs critères : - composition de la famille : nombre d’adultes en capacité de travailler, d’enfants - état de santé, - patrimoine : maison, terre cultivable, animaux de ferme.

                L’épicier a un tableau des mêmes quantités par famille mais valorisées à partir des prix observés ensemble et nous lui versons trimestriellement l’avance calculée (total/4). S’il y a litige en notre absence, Indira nous en informe, sinon nous réglons le problème quand nous revenons de nouveau au Népal ce qui n’est pas arrivé souvent, heureusement. En 2014, nous avons arrêté de travailler avec le commerçant de Suiket car il avait vendu sa boutique à la fin de l’année 2013 et son successeur semblait avoir des problèmes personnels. Les 3 familles qui lui étaient rattachées ont été transférées à la boutique de Milanchowk.

                La devise de L’Afen est de limiter son aide alimentaire aux familles à 50% environ de ses besoins réels afin que les adultes en charge de ces familles ne se sentent pas humiliés de ne pouvoir eux-mêmes faire face ou ne produisent pas l’effort nécessaire pour un jour s’affranchir de cette aide.

 

 

L’ECOLE BARAHA DE BIDAWARI A L’HEURE DE L’INFORMATIQUE

 

                La modernité entre à l’école secondaire de la Baraha ! La moitié des bâtiments est en cours de rénovation mais Tech Nath, l’un des professeurs, nous fait entrer dans une grande salle équipée de 8 ordinateurs récents fournis par une association australienne qui fonctionnent sur deux grosses batteries rechargeables lorsque l’électricité revient (elle ne fonctionne toujours que 5 à 6 h sur 24h !!!!). Grâce à ces installations la connexion à internet est possible (même si elle n’est pas encore très développée) ainsi que le téléphone par satellite sans box.

                Les enfants sont appliqués et travaillent sur des claviers en anglais. Le professeur nous dit que les progrès en informatique et en anglais vont de pair et que la stimulation est générale. Pour l’instant, il s’agit surtout d’apprendre les bases de Word et d’Excel.

 

 

INAUGURATION DE LA MAISON DES ASSOCIATIONS à BIDAWARI

 

                Ce bourg, encerclé par 2 rivières la Mardi Khola et L’Indi Khola, a vu plusieurs de nos réalisations au fil des ans car il a été le siège de notre école de couture pendant de nombreuses années et plusieurs familles y sont toujours aidées.

 Il y a 14 ans, nous y avons construit une passerelle suspendue de 86 m, pour laquelle nous avons fait des travaux de sécurisation l’an dernier (les garde-fous en grillage étaient très abimés). Elle est d’autant plus élégante que les poteaux et traverses ont été repeints. Les villageois qui l’empruntent chaque jour le font en toute sécurité; auparavant, il y avait de nombreuses noyades quand la rivière était gonflée par les pluies et le courant violent, surtout en période de mousson.

                En face de cette passerelle, le comité local a construit un bâtiment qui abrite 3 associations: la Croix Rouge avec du matériel de secours, le Comité des Femmes très actif et celui de la Formation agricole dont le vaste local aura certainement une vocation mixte pour toutes sortes de réunions. L’AFEN a participé l’an dernier au financement du toit (pour moitié) mais il restait encore des aménagements intérieurs à faire. L’inauguration s’est faite en grandes pompes avec des notables de la région et nous avons reçu chacun une superbe cocarde multicolore nominative de bienfaiteurs que nous avons épinglé à notre veste à l’aéroport autant par fierté qu’à usage de « laissez-passer » en cas de besoin.

 

 

UNE ECOLE DE MONTAGNE

 

                Situé à 2000m d’altitude le village de Sidding est niché au fond de la vallée, dernier lieu habité avant le Machhapuchhare qui culmine à 6998 m.

                Faiblement exposé au soleil, ce village est peuplé de familles gurungs qui pratiquent l’agriculture en terrasse et le travail de la pierre schisteuse extraite de la montagne. Les plaques sont descendues vers la route lointaine à dos de mulets aux sabots agiles et aux cloches joyeuses.

                Nous aidons depuis quelques années la population très pauvre mais qui a gardé ses traditions car les habitants sont isolés et rencontrent peu de touristes. Les choses pourraient changer avec la construction d’un hôtel japonais, en belvédère au-dessus du village avec vue sur l’Annapurna et la construction d’une piste pour le desservir.

                En 2013 L’AFEN a financé la fabrication et la pose de 2/3 des volets de bois de la nouvelle école, volets protecteurs contre les intempéries et le soleil car ici, il n’y a pas de vitres aux fenêtres et il y fait froid, venteux et humide plusieurs mois par an. Cela permet aussi de lutter contre l’absentéisme pour maladie.

                Les années précédentes, 5 familles parmi les plus pauvres avaient bénéficié de la construction de WC et le village avait été doté d’un brancard de secours. Tous les ans, des bonnets et des pulls sont distribués à une trentaine d’enfants, parfois jusqu’à cinquante selon nos réserves ainsi que de cahiers et de matériel scolaire pour une vingtaine d’enfants pauvres.

                Nous avions aussi apporté de petits jouets donnés par une classe d’enfants de Cré (Sarthe) où Elisabeth et Daniel avaient fait en décembre une conférence sur la vie des enfants au Népal. Les billes et les toupies fabriquées par des artisans français ont eu beaucoup de succès. L’équipe des enseignants est très dynamique et enthousiaste, tous semblent très motivés par leur métier alors qu'ils sont peu payés et parfois peu formés. C’est toujours un grand plaisir de les revoir autour de Shanti, la directrice qui vient d’avoir un bébé. Nous avons eu la curiosité de découvrir le soir après diner, comment on s’occupait d’un tout-petit là-bas. La maman, assise par terre devant le foyer de la cuisine, dénude progressivement le corps du bébé et sa main préalablement réchauffée devant les braises, masse doucement chaque parcelle de peau y compris la tête avec de l’huile. La peau est propre, souple, bien hydratée et le bébé calme, détendu. On voit souvent cette scène dans la rue au soleil. Au Népal, chacun pratique cet art en famille, nous dit-on.

               

QUELQUES NOUVELLES DES FAMILLES SUIVIES :

Famille DURGA GAIAK

                L’an dernier, nous avions quitté cette jeune femme attachante  sur un projet de construction d’une maison de bambous (quasi  gratuit s’il y a les tôles) avec l’aide de ses voisins compatissants. Abandonnée avec ses 2 petites filles et dépouillée de tout par son mari, il y a 3 ans à la naissance d’AURUNA, elle n’arrivait pas à payer un loyer et sa mère qui l’aidait un peu, se retrouvait handicapée suite à une attaque cérébrale. Nous l’avions tout de suite prise en charge tant sa situation était critique.

                Cette année, surprise, en tant que « femme divorcée » mais possédant un jardinet de 25 m² de terre, elle a bénéficié d’une aide gouvernementale pour construire une maison de 2 pièces de 9 m² donnant sur une terrasse d’1.6mx6m où elle pouvait faire sa cuisine. Les tôles données par l’AFEN l’an dernier ont été posées sur le toit. La maison vient d’être terminée mais il manque les châssis des fenêtres (vitrées) que nous allons faire fabriquer et poser par le menuisier local tandis qu’un rideau occultant préservera son intimité. Les filles sont vives et très souriantes comme la maman. Aruna est en maternelle et sa sœur ainée de 6 ans, Anou, est plus assidue à l’école, dit l’institutrice. Elle n’est plus réquisitionnée comme l’an dernier (à 5 ans !) pour garder sa sœur pendant le travail de sa mère. Celle-ci peut aussi travailler plus facilement sur un chantier de construction ou dans les champs et la situation progresse doucement. Durga pourra peut-être même louer la seconde pièce et améliorer ainsi sa condition. Nous vérifions en fin de séjour la pose des châssis qu’Henri enduira d’huile de moteur pour les protéger de la vermine avant la peinture suscitant ainsi un vif intérêt de la communauté. Recyclage bon marché et efficace.

                Quel changement en 3 ans! Nous maintenons l’aide à l’identique cette année et les enfants exhibent fièrement leurs bonnets donnés par leur marraine de France. (Photo 4)

Famille SITA PARIYAR « Ashok »

                Rencontrée au centre de couture et chez elle en seconde partie de séjour car elle habite souvent dans la famille où Saradoch réside, en haut de la colline, à Astam. Elle reste fragile après le décès brutal de son fils d’Ashok âgé de 15 ans il y a 2 ans, Saradoch a 15 ans maintenant lui aussi, c’est un grand gaillard qui travaille bien (cl 9)  et qui a veut réussir. Les cadeaux de sa marraine de Paris sont très appréciés et soulagent leur peine car ils se savent soutenus. Nous maintenons l’aide car la santé de Sita est précaire, elle ne peut guère travailler et son état peut se dégrader rapidement. 

               

                                                                                              Famille SITA PARIYAR « BB »

C’est avec beaucoup d’émotion que nous rencontrons la famille PARIYAR ou ce qu’il en reste : Le père, Jhahak Bahadur, 40 ans, la fille cadette Bipana 11 ans et Ram, le petit garçon de 5 ans. Leur mère, Sita, s’est suicidée mi 2013. Trop d’insultes, trop de coups pour cette femme de 33 ans mariée à un homme fruste, peu travailleur, alcoolique et violent. (Photo 5)

Les deux autres enfants ont déjà quitté la maison malgré leur jeune âge plutôt que de subir les accès de violence du père. L’ainée vient d’être mariée à 15-16 ans et son frère, Latsuman, 13 ans, travaille dans un élevage des poulets pour 3000 roupies par mois. Il apporte régulièrement de l’argent à la maison même s’il n’y habite plus car il loge chez son patron.

                Dès le lendemain de notre arrivée à Milanchowk , nous leur rendons visite. Ils habitent à l’entrée du bourg une grande pièce dont l’unique fenêtre donne sur la route qui mène à Pokhara. Pour tout mobilier: 2 lits, un garde-manger, un réchaud à gaz sur une petite table.

                Quand je frappe à la porte, c’est Bipana qui nous accueille ; fluette, elle se jette dans mes bras et m’enlace, nous nous faisons un gros câlin et je sens son petit cœur battre très fort. Ram, son jeune frère, continue de jouer avec une petite boîte qu’il fait rouler d’un bout à l’autre du logement. Le chien avec lequel il jouait l’an dernier a disparu, pas possible de vivre à l’étage.

                Nous nous asseyons sur le lit pour interroger le père. Il est plus ou moins alcoolisé, comme hier et comme demain probablement. Larmoyant, sans dire un mot, il nous montre le portrait de sa femme accroché au mur. Sa tristesse ne m’émeut pas, je ne pense qu’à Sita et à ses deux petits qui n’ont plus de mère. Quel départ dans leur jeune vie !

                Nous parlons école, j’interroge le père: en quelle classe sont les enfants ? C’est Bipana qui me répond, elle est en classe 2 (elle a donc 2 années de retard) et son frère est en maternelle. Quel est le montant des frais de scolarité ? Là, Bipana ne sait pas, son père non plus ; l’alcool lui a brûlé tous les neurones. Nous irons donc à l’école interroger le directeur et lui donnerons l’argent nécessaire. Les enfants sont calmes et gentils disent les institutrices rencontrées le matin.

                Après réflexion, nous décidons de poursuivre l’aide alimentaire dans les mêmes proportions que par le passé et de leur acheter une couverture supplémentaire. C’est Bipana qui fait office de maîtresse de maison et protège Ram. Elle se montre très affectueuse envers son petit frère et son institutrice prend en compte ses responsabilités, mais il faut qu’elle continue de progresser dans les acquis scolaires. C’est promis, nous les reverrons l’année prochaine.

Famille DE SURAJ NEPALI

 

Visite en demi-teinte de cette famille suivie depuis quelques années par L’AFEN et composée d’un couple de grands-parents élevant seuls un garçon  de 15/16 ans cette année.

                Ils sont très fatigués et se meuvent de plus en plus difficilement ; le grand-père a fait un AVC qui a beaucoup diminué ses facultés et la grand-mère est quasiment aveugle. (Photo 6)

                Au début de leur séjour et constatant leur extrême dénuement Françoise et Henri avaient commandé un grand lit, matelas et couverture. Quand Elisabeth et Daniel sont arrivés un mois plus tard, Suraj était là, un sourire narquois aux lèvres et n’a pas daigné sortir les saluer.

                Nous devions apporter une couverture supplémentaire et Suraj était chargé d’en prendre livraison à la boutique située en bas de la colline pour la porter jusqu’à la maison en empruntant un chemin pentu sur une longueur d’environ 700m, ses grands-parents en étant incapables.

                Mais Suraj n’ira jamais chercher cette couverture et c’est finalement sa grand-mère, lassée de dormir dans le froid, qui fera ce long chemin pierreux malgré son handicap

                Suraj ne va plus à l’école, il travaille depuis deux ans comme aide-receveur de bus. Il est autonome mais n’apporte aucune aide à ses grands-parents qui lui ont pourtant prodigué tous leurs soins depuis que ses parents sont décédés; ils nous disent leur déception et dans leurs yeux nous lisons une grande tristesse mais aussi beaucoup de rancœur.

                Pour toutes ces raisons, mais surtout parce que ces deux personnes âgées sont quasiment incapables de travailler, nous poursuivons notre aide-alimentaire en espérant que Suraj n’entamera pas trop leurs provisions lors de ses visites épisodiques.

 

Famille LILA SUK BAHADUR BISHOKARMA

 

                Dans cette famille, le problème majeur est la gestion des deux enfants albinos, Lokesh 13 ans et Suk Maya 10 ans nés d’un second mariage. (Photo 7). Trois autres enfants composent cette fratrie, telles que les 2 filles aînées nées d’un premier mariage, courageuses et bonnes élèves, respectivement en classes 9 et 10 et qui vont bientôt terminer leurs études. Et enfin Nikil, 4 ans, né du 3 ème père et actuel mari, en nurserie (école maternelle).

 

                Lokesh et Suk Maya sont internes depuis plusieurs années dans une école spécialisée pour enfants aveugles ou malvoyants comme c’est le cas pour ces deux enfants et jusqu’à présent leurs frais d’internat et de scolarité étaient entièrement pris en charge par l’Etat. Mais Lokesh  vient d’entrer en secondaire perdant ainsi la gratuité dont il bénéficiait jusqu’à présent.

                Malgré toutes nos tentatives auprès des offices gouvernementaux concernés nous n’avons pu obtenir le prolongement de cette aide ou, même, une aide partielle.

                La mère de ces deux enfants est en larmes lorsqu’elle vient nous trouver à l’école de couture. Elle travaille depuis quelques temps comme couturière grâce aux cours dont elle a pu bénéficier gratuitement dans notre école mais aussi avec l’intervention d’Indira (notre professeur) auprès d’une de ses anciennes élèves qui a ouvert un atelier de couture à Milanchowk.

                Son salaire ne suffira pas à couvrir les frais de Lokesh d’autant que son mari, expatrié dans le Golfe persique, n’envoie plus d’argent depuis qu’il a été surpris à travailler « au noir ». Pour ce fait, il a été condamné à 6 mois de prison ferme et à 300 000 roupies d’amende représentant son salaire annuel (2 350€).

                Nous voici donc contraint de payer tous les frais d’hébergement et de scolarité de Lokesh, soit environ 18.000 roupies par an/ soit 150€ minimum. Mais c’est un enfant intelligent et travailleur, il s’exprime d’ailleurs aisément en anglais et a déjà une personnalité très affirmée. Nous sommes convaincus de contribuer ainsi à lui donner toutes ses chances.

                N.B. Le même problème financier se posera dans 2 ans pour sa sœur cadette Suk Maya.

 

               

 

Famille AMAR BISHOKARMA

 

                Prise en charge en 2011, la situation de la famille Amar Bishokarma s’est nettement améliorée : aide en nourriture et à la scolarisation des 5 enfants (4 filles de 9 à 17 ans et 1 garçon de 6 ans), dons de vêtements, de matelas, de couvertures mais la récente et brève réapparition du mari parti travailler dans le Golfe persique il y a 3 ans la laissant sans ressources, a plutôt  jeté le trouble dans la famille et la discorde dans le couple.

                En effet, pour rassembler l’argent nécessaire à son départ le mari a dû emprunter au minimum 200 000 roupies soit environ l’équivalent de 3 ans de salaire d’un ouvrier sans qualification.

Après un certain temps et ne voyant pas venir les remboursements, les multiples créanciers se sont rabattus sur sa femme Amar déjà aux prises avec la difficulté d’élever seule ses 5 enfants.

                Cruelle déception donc pour Amar de voir son mari revenir sans intention de payer ni ses dettes ni sa participation au budget de la famille. Il semblerait d’ailleurs qu’il soit déjà reparti pour une destination inconnue.

                Amar est en pleine dépression, elle que nous avons toujours vue active, infatigable, dirigeant tout son petit monde avec énergie, est couchée en milieu de journée, pleure et se plaint de maux de tête. A l’heure du repas, les filles prennent la relève, Pabitra 12 ans cuisine et Bima 10 ans va chercher du bois.

                Souhaitons que chacun reprenne sa place dans la famille dans les mois à venir, que le père prenne ses responsabilités de chef de famille afin qu’Amar ne regrette pas son retour et qu’au lieu de l’aide attendue, elle n’ait qu’une bouche de plus à nourrir.               

 

                                         Famille MAYA BK dite «India » pour la reconnaître (les homonymes sont légions !)

                Nous avions  pris cette famille en charge l’an dernier dans un climat dramatique, rappelez-vous. Maya 27 ans, son mari et ses 2 fils, Binod 10 ans et Bibek 9 ans sont expulsés d’Inde où ils vivaient depuis 8 ans après le diagnostic d’une tumeur cérébrale chez le jeune mari (35 ans) qui est décédé à son arrivée au Népal tandis que  Maya, enceinte, perdait son bébé.

 La famille de son mari la tolérait, sans plus, et les 2 garçons ne parlaient que l’Indi. Tous ces évènements s’étaient déroulés sur 1 mois à peine avant que nous ne la rencontrions. (Photo 8)

 

                 Cette année, en passant par l’école où nous scolarisons 8 enfants de différentes familles, une institutrice bien avisée nous signale le lundi que 2 d'entre eux semblent souffrants: Binod a des maux de tête bilatéraux depuis un an et Bibek des problèmes pour uriner. Comme il s'agit de nos 2 protégés, nous décidons d'intervenir très vite en raison du contexte. Les enfants se sont bien intégrés à l’école, ont appris le népali et sont bons élèves. Donc, via l'institutrice, nous convoquons la maman et ses 2 enfants pour les emmener le lendemain mardi 9h, faire un bilan médical à l’hôpital de Pokhara accompagnés d’Indra (elle n’avait pas cours ce jour-là). Véritable parcours du combattant pour faire le tour de tous les médecins entre le généraliste qui dispache sur les 5 différents spécialistes, le laboratoire d'analyse d'urine et de sang, le scanner et la synthèse, le tout entrecoupé de 5 passages en caisse pour payer les divers examens et la cantine pour reprendre des forces !

                Au final : Binod n'a rien de grave et ses maux de tête sont bénins: aucune cause ORL, visuelle ou liée a une tumeur comme son père. Par contre, Bibek présente une cystite et un kyste qui doit être excisé. Nous voyons en fin de journée l’anesthésiste [excellent contact avec l'enfant] puis le chirurgien ; l'hospitalisation est prévue pour le surlendemain et l’opération le vendredi matin. Qui dit mieux pour cette efficience ? Mais nous sommes tous rentrés épuisés à 18h, entassés à 6 dans le minuscule taxi, chauffeur compris !

                Bien sûr, les frais d'examens et d’opération sont à la charge de l'AFEN car la maman gagne à peine de quoi se nourrir (nous fournissons les 2/3 de l’alimentation). Elle nous a semblée très désorientée et ne guère pouvoir compter sur la famille de son mari au mieux indifférente (et personne ne lui proposera de l’aide ou ne viendra la soulager à l’hôpital !). Le jeune Bibek a donc été opéré vendredi comme prévu, pas très rassuré d’aller à l’hôpital malgré la présence d’une poupée-clown tricotée par une dame âgée française, clown supposé lui tenir compagnie à l’hôpital et 1er jouet « affectif », car pas de doudou ici!

                Nous avons encore passé jeudi une demi-journée à cavaler dans l'hôpital pour régler les factures et acheter les médicaments, le matériel pour l'opération, puis, après, celui des perfusions ou des antidouleurs avec 7 passages en caisse et une queue de 4 à 6 personnes à chaque fois, le tout sur 3 étages. A devenir fou ! Sans compter que l'hôpital ne fournit rien d’autre qu’un lit avec 1 seul drap (douteux) ce qui oblige la maman à rester sur place nuit et jour, à aller au sous -sol chercher boisson et nourriture pour elle et son enfant. Sans paiement d’avance = pas de soins ni médicaments, pas de nourriture ni boisson (eau) !

                Mais Bibek va bien, nous étions avec lui à son réveil, très courageux car il a mal. Il était de retour chez lui le dimanche soir sans les complications redoutées. Tout est tellement rudimentaire à l'hôpital par rapport aux précautions prises en France que nous avons le sentiment de vivre sur une autre planète. En passant par le centre de couture, il récupère 1 ballon, une tenue vestimentaire complète, 1 matelas et 2 couvertures. Bibek affiche un immense sourire qu’il aura encore lorsque nous repasserons à l’école la semaine suivante. Nous l’y retrouverons avec son frère, Binod en forme tous les deux, joyeux de leur santé retrouvée. Binod , rassuré, n’avait plus mal à la tête !... Et Maya était bien soulagée elle aussi.

                                                MAYA BK Gd AMA et ITCHA BAHADUR GURUNG

                Là aussi, l’an dernier, on nous avait signalé 2 familles dramatiquement éprouvées et, dérogeant à nos règles, nous les avions tout de suite prises en charge pour l’année 2013 sans avoir eu le temps de les visiter sur place, car nous avions trouvé porte close lors de notre passage et n’avions pas eu le temps de repasser (difficile d’accès, voir récit sur le trek page 10).

 

                Les deux couples de grands-parents visités sont proches géographiquement et allaient bien. Ils  étaient heureux de notre soutien depuis l’an dernier tant pour la scolarité des enfants que pour l'aide alimentaire apportée à leurs familles. Dans les 2 cas, les mères étaient décédées mi 2012 (1 accident de jeep pour l’une et 1 meurtre pour l’autre), l'un des pères avait disparu depuis plusieurs années et l'autre était en prison depuis plus janvier 2013, raflé par la police comme témoin d'une rixe mortelle entre gens pris de boisson dans un festival. Comme il sortait de l’hôpital (même accident que sa femme), il marchait avec des béquilles et on peut raisonnablement penser qu'il n’est pas coupable. Mais on ne parle toujours pas de jugement et il n’est pas visitable. Les 4 enfants (1 fille Préna 9 ans et 3 garçons, Praban 5 ans, Susan 13 ans, Sumit 7 ans vont bien et aident au maximum leurs grands-parents respectifs. A leur école, « ils sont bons élèves et ne semblent pas trop souffrir de la situation » ont dit les 3 professeurs présents en ce jour de fête [Losar = nouvel an bouddhiste]. L’école était fermée, mais ils avaient du travail administratif et nous avons pu visiter la ravissante école très traditionnelle et bien tenue. Les grands parents paraissent, pour leur part, attentifs et affectueux vis-à-vis des enfants mais soucieux quant à l’avenir car ils prennent de l’âge, vivent  isolés et les cadets n’ont que 5 et 7 ans.

                Quand et dans quel état de santé sortira le père qui avait tant besoin de soins et de rééducation ? Restera-t-il infirme suite à son séjour en prison?  L’autre père qui avait abandonné sa famille et qui ne donne aucun signe de vie, reviendra-t-il?

 

                                                               Surprises de la contraception

                Dans une maison proche de la précédente, chez Netra Bahadur Paryar, c’est la grande surprise : la maman attend son 5éme enfant. Or, elle avait été opérée (semblait-il) il y a 9 ans après la dernière naissance ! La situation n’est pas simple pour cette famille très rustique mais très courageuse qui vit dans une maison minuscule accrochée au flanc de la colline, sans aucun confort et dans un grand dénuement. Difficile de maintenir les enfants très longtemps à l’école car les 2 garçons de 14 et 16 ans préfèrent travailler dans les champs avec leur père. Quant aux 2 filles de 9 et 11 ans, elles sont plus assidues que leurs frères mais sans grands moyens intellectuels. Notre objectif pour les enfants de ces familles pauvres est de les accompagner, au minimum, à la maitrise des connaissances de base : savoir lire, écrire et compter.

                Tous semblent heureux de cet évènement, quoique toujours très sales et quasiment en guenilles. Ils se montrent enchantés des photos prises l’an dernier qui passent de mains en mains et sourient. En effet, Daniel photographie constamment les familles, les enfants, les maisons ainsi qu’une multitude de détails de la vie quotidienne. Lorsque nous repassons l’année suivante, la remise de ces photos constitue un grand moment de joie et de partage confiant qui amorce le dialogue sur l’année écoulée et l’évaluation de l’aide alimentaire ou autre à poursuivre. L’identification des 200 photos environ destinées aux familles fait l’objet d’un bon moment de recherche animée entre les membres de l’AFEN Français et Népalais car il n’est pas toujours facile de reconstituer les familles un an après et de mettre un nom sur chaque photo, d’autant que les enfants changent très vite !

                                                                 Fin de l’aide pour les deux sœurs LAMA

                Ces 2 jeunes filles âgées de 19 et 21 ans ont été prises en charge par L’Afen durant une dizaine d’années jusqu’à février 2014. Après le décès de leur mère atteinte d’un cancer, elles ont habité seules dans une chambre dont le loyer était payé par un frère aîné chauffeur de taxi. Pendant toute cette période, nous  avons fourni  aides scolaire et alimentaire et, à présent, elles s’en sortent bien. Elles ont réussi leur SLC niveau de la scolarité obligatoire au Népal (classe de seconde pour nous) et ont continué d’étudier en classes supérieures. Nous leur avions consacré beaucoup de temps l’an dernier car elles voulaient intégrer une école d’esthétique gratuite et qui plaçait ses élèves. Or, ce type d’organisme sert souvent de couvertures à la prostitution à l’étranger et nous avions demandé à la responsable d’une ONG s’occupant de jeunes à Pokhara de se renseigner. Finalement, l’aînée travaille à la station de radio locale et la cadette poursuit ses études tout en faisant partie d’un  groupe de danseurs traditionnels népalais qui se produit dans les hôtels du Lake Side (quartier touristique de Pokhara). Elles sont très sérieuses et leur chambre que nous visitons chaque année est parfaitement rangée. Au cours de notre visite, elles ont remercié l’association et leurs différents parrains-marraines pour toute l’aide qu’ils leur ont apportée durant ces années. Ravissantes et souriantes, elles nous ont embrassés et nous étions aussi émus qu’elles. (Photo 9 avec Indira)

NOUVELLES FAMILLES

Famille SUN TALI TAMANG

                Présentée l’an dernier la veille de notre départ par le directeur de l’école où étaient scolarisés en classe 3 et 1, les 2 garçons de 10 et 7 ans, nous avions mis tout de suite en place une aide d’urgence. Cette famille, très éprouvée par l’abandon du père quelques mois auparavant, lors de la naissance d’une petite fille polyhandicapée (borgne, à laquelle il manque un pied et dont l’autre jambe est atrophiée, +++ …).

                Nous retrouvons la maman pour évaluer la situation cette année. Pas très brillante. La famille vit dans un taudis enfumée, sorte de grenier auquel on accède par un escalier-échelle très étroit de 40 cm de large. La petite fille se traine par terre sous la surveillance de Rasu, son frère aîné. Elle a 15 mois, mais ne pourra marcher qu’avec des prothèses. Jusqu’ici, sa mère la dépose à côté d’elle quand elle travaille dans les champs. Quant aux garçons ils sont assidus à l’école et assez propres ce qui est méritoire quand on voit leurs conditions de vie. Nous réajustons les quantités de nourriture, donnons 2 couvertures, vêtements et 1 ballon.

                Cette année, après la distribution de peignes, brosses, châles, serviettes de toilettes et mouchoirs en éponge les années précédentes, Françoise a acheté une trentaine de ballons que Daniel et Henri ont gonflé à la pompe pour le grand plaisir des récipiendaires! Les enfants ont si peu de jouets ici qu’ils sont heureux d’un cadeau qu’ils vont partager avec les autres dans les ruelles idéales pour le foot.

Famille LAXMI BK

                Présentée par une de ses amie, nous  rencontrons Laxmi, elle aussi abandonnée par son mari avec 3 enfants, il y a 2 ans, à la naissance d’une petite fille. Les aînés ont 12 ans G et 10 ans F. Depuis, la famille est sans abri et habite tantôt chez des amis, tantôt dans la famille en changeant sans cesse de place car elle ne peut payer de loyer. Pour l’instant, elle réside très loin de notre terrain d’action mais nous proposons une aide scolaire pour les ainés et un colis alimentaire couvrant 2 mois de nourriture. Famille à suivre l’an prochain.

FAMILLE MONGOLI PARYAR

                En fait, il s’agit d’un couple de personnes âgées: l’homme Padaom Bahadur et la femme Mongoli respectivement âgés de 72 et 80 ans qui élèvent leurs trois petits-enfants. La maman est décédée et leur fils unique a disparu sans donner de nouvelles ni d’argent pour les élever. (Photo 10)

Sanje, garçon de 16 ans qui étudie en classe 8,  Sanguita, fillette de 12 ans qui étudie en classe 4 et  Sandya, fillette de 9 ans, muette, placée dans une institution spécialisée depuis un an

                Par chance pour nous, ils habitent  à Suiket, 6km de Milanchowk et un bus nous y emmène.  A notre arrivée, ils sont tous les deux occupés à jardiner à quelque distance de là. Un voisin a dû les prévenir car ils se pressent en nous voyant.

                Leur maison est construit en contrebas de la route: l’an dernier, elle était en bambous mais le grand-père a eu l’autorisation de prendre des galets dans la rivière toute proche et a pu monter 3 murs plus protecteurs. Deux petites pièces, une pour les enfants et une pour eux-mêmes avec chacune un lit d’une personne et une petite cuisine sur le devant, protégée par les bambous, sous l’avancée du toit de tôle.

                Comme je m’étonne de ne voir qu’un lit étroit pour le couple je demande malicieusement où dort celui qui n’a pas de lit ; et la petite mamie de me répondre : « c’est moi qui dort par terre, à côté du lit » ! Là où je ne vois que terre battue ! Cette fois, la glace est rompue.

                La grand-mère est de petite taille, mince, elle a un visage tout rond et des yeux qui brillent, notre connivence est immédiate. Le grand-père est affable et tous deux se disent ravis de faire notre connaissance. Nous leur expliquons que nous venons constater leurs conditions de vie car une aide leur a été apportée l’année dernière par une association des Pyrénées. Ils confirment mais se disent inquiets ; allons-nous continuer l’aide alimentaire commencée ? Ils nourrissent leurs petits-enfants (en tout ou partie) et doivent payer aussi des frais de scolarité pour Sanje et Sanguita.

                Pour avoir étudié leur cas auparavant, nous les rassurons. Oui, nous continuerons de leur apporter une aide alimentaire et nous décidons même, sur place, de leur faire fabriquer un lit solide « pour celui qui dort par terre ! ». Nous prévoyons également un matelas pour Padaom et une couverture pour chacun des grands-parents. Un colis de vêtements pour les enfants leur sera également donné à l’école de couture.

                Et, enfin, nous prendrons en charge les frais de scolarité de Sanje et de Sanguita ainsi que les frais de pension de Sandya qui a fait de remarquables progrès à l’école où elle était si désireuse d’aller comme ses aînés. Elle se plait à l’internat (pour enfants retardés et handicapés) et y a des amis. Son grand-père va la chercher pour chaque période de vacances (compter une1/2 journée de bus pour l’aller). Tous sont très fiers de la voir écrire-en s’appliquant- des lignes de lettres devant nous.

                Au moment de se séparer, la grand’mère m’a ouvert grand ses bras et m’a serrée fort contre elle, que d’émotions partagées et de bonheur à emporter !!! J’en souris encore tout en écrivant !

INDIRA OU LA CHEVAUCHEE SAUVAGE

                Indira ! Quel dynamisme, quelle promptitude à répondre présente lorsqu’un besoin se fait sentir ! En plus d’assurer ses cours à l’école de couture, elle distribue les fournitures scolaires au fur et à mesure des besoins, accompagne les malades à l’hôpital, nous signale tout disfonctionnement dans nos actions mises en place et cuisine remarquablement bien. Bref, que ferions-nous sans elle ?

                A la tombée du jour, Indira est sortie faire quelques courses quand nous la voyons courir vers nous qui étaient restés à la maison. Elle est essoufflée, impatiente, et nous demande de lui apporter les deux couvertures et le matelas destinés aux grands-parents Paryar (cf ci-dessus). Pas le temps de nous expliquer, dit-elle, mais elle nous montre une moto qui remonte le chemin. (Photo 13, livraison des couvertures par porteur, la veille))

                Et là, à notre grande surprise, Indira s’assoit derrière le conducteur et nous fait signe d’empiler matelas et couvertures entre eux deux, sur ses genoux ; le volume est si important qu’elle pose tout juste son menton sur le haut de la pile et voilà ! En route pour Suiket distant d’environ 6km !

                Quand elle revient, il fait tout à fait nuit et elle nous raconte l’épopée.

                Le conducteur de la moto est le menuisier qui a fait le lit de Mongoli. Son aide et lui-même ont hissé le lit sur le toit du bus et l’aide a pris place à l’intérieur pendant qu’Indira et le menuisier emportaient couvertures et matelas. Quelle organisation avec si peu de moyens ! Nous avons juste regretté de n’avoir pas assisté au transfert dans le bus et à la remise des couchages mais nul doute que ce soir-là il y a eu deux grands-parents de plus à dormir confortablement grâce à l’intervention de l’Afen.

                                Daniel, Betty et Indira en trek dans les théiers (visite de Maya BK Ama et Itcha Gurun –page 7)

                Il faut dire que nos 2 familles habitaient très haut sur la montagne, au milieu de champs de thé ILAM. Ce lieu isolé se situe au- dessus du très ancien et traditionnel village LWANG qui abrite aussi, outre la manufacture locale de thé, un bureau de la protection de l'Annapurna  car, si vous l’ignorez, notre activité se concentre dans le sanctuaire des Annapurna, nom de la région donnée  par Herzog en 1950. Cette année, nous avons pris 2 jours pour faire quasiment un trek à 2000 m avec nuit sur place pour les rencontrer.  Après une montée abrupte, longue et éprouvante (surtout pour Elisabeth), nous avons été accueillis dans une vieille maison traditionnelle composée de 2 pièces de 10 m² dont l'une sert de cuisine et chambre pour les adultes et l'autre pour les enfants. Pas d'ouverture à part la porte épaisse en bois massif, plafond bas à 1.80m que Daniel touchait quasiment, pièce très enfumée avec le petit feu de bois entretenu en permanence pour chauffer le repas ou l'eau, pas d’électricité. Peu de meubles à part 2 lits et un banc, peu de vaisselle, ni de nourriture apparente: signes de dénuement.

                Nous avons dormi sur un lit sommaire de planches sans matelas et une grosse couverture de coton par-dessus nos propres duvets. Les toilettes sont comme d'habitude «  Au fond du jardin » et (mal) fermées par une tôle branlante. Nous n'avons pas entendu les cerfs venus près de la ferme le matin, ni le tigre qui descend parfois de la jungle juste au-dessus. Uniquement les cloches des buffalos de l’étable qui jouxtait notre chambre. La belle surprise à l'aube fut la vue superbe sur la chaine des Annapurna et du sommet le plus proche : 4 ou 5 kms à vol d'oiseau du Machhapuchhare (6 998m) qui ressemble au Cervin. La veille, nous avions grimpé à l’aveugle car la montagne était sous les nuages. Nous avons quitté nos hôtes à 7h du matin, après de vifs remerciements; ce vieux couple (parents d’une élève de l’école de couture) habite tout seul à 1h du village après avoir eu 10 enfants dont un seul reste a proximité. Les autres sont dispersés dont certains à l’étranger. Où pouvaient-ils tous coucher ici  tant la place est restreinte: au grenier peut-être ?

                                     Une pratique ancienne des temps féodaux : la CORVEE

 

                En sortant d’une visite à des familles, nous reprenons le chemin et rencontrons la jeune Asmita Dhungana 14 ans souriante avec son père, dans des travaux de terrassement…  En continuant, nous voyons une centaine de Népalais à la corvée communale:  ils creusent une tranchée le long de la piste pour poser une nouvelle canalisation d’eau; c’est la « communauté européenne » qui finance la fourniture des matériaux (15 lacks soit environ 10 500€); chaque famille de la commune doit participer aux travaux bénévolement, à concurrence d’une personne pendant tout leur durée, les jours fériés ou non travaillés;  dans le groupe nous trouvons Baburam, notre guide pour Sidding, que nous saluons. (Photo 11)

                A la relecture, Henri, octogénaire et fondateur de l’Afen, signale qu’en Mayenne, cette pratique perdurait au début du 20ème siècle pour les familles exemptés d’impôt et que son père y avait participé.

LES NEPALAIS S’EXPATRIENT

               

                Que ce soit dans le Golfe persique ou dans d’autres pays asiatiques tels que la Thaïlande, la Malaisie ou d’autres, les candidats au départ doivent d’abord passer par le ministère de l’émigration népalais pour se faire enregistrer.

                Tous les frais sont à la charge des migrants : l’intermédiaire, les formalités (passeport-visa), les documents (contrat de travail), le billet d’avion, soit un coût d’environ 1 an - 1 an ½ de salaire dans le Golfe. Tous empruntent de l’argent car presque tous sont issus de familles pauvres.

                L’échelle des salaires mensuels est à peu près la suivante :

                - un ouvrier non-qualifié : 180€

                - tous métiers du bâtiment pour des emplois qualifiés (maçons, charpentiers…) : 250 à 300€

                - conducteurs d’engins : 200 à 350€

                - pâtissiers-cuisiniers employés dans un hôtel : 300 à 400€

                - chauffeur de taxi : 300 à 400€

                Le logement et la nourriture sont compris dans les salaires.

                Travailler « au noir » est puni de 6 mois de prison ferme minimum et d’une amende qui peut varier de 230 à 400€ voir plus. (cf. ce qui est arrivé au mari de Lila Suk BK)

                Jusqu’à extinction de l’amende aucun argent n’est donné au salarié, de même, en cas de blessure ou de maladie mais il continue d’être logé et nourri.

                On estime à plus de 2 millions le nombre de népalais qui travaillent dans les pays du Golfe et font vivre 6 millions de népalais. La presse internationale se fait régulièrement l’écho des conditions de vie déplorables et de travail dangereuses en l’absence de sécurité sur les chantiers.

                 

                Ces candidats-migrants viennent de tout le pays et désertent massivement leurs champs, il n’y a plus d’hommes pour les cultiver, les femmes y travaillent ainsi que dans la construction des maisons où elles fournissent une main d’œuvre non qualifiée. La jungle peut réinvestir les parcelles en friche, décourageant les travailleurs - quand ils reviennent au bout de quelques années- de retourner travailler de nouveau les champs revenus à l’état sauvage et les incite à repartir au loin.

 

                Par ailleurs, au retour, si certains construisent une grande maison dont ils mettront une partie en location, le manque de connaissances sur l’importance de l’épargne pousse les familles à dépenser l’argent pour des biens de consommation au lieu de le réinvestir dans des activités générant des revenus. En conséquence, d’après l’OIM, les migrants qui sont partis à l’étranger au prix d’efforts considérables finissent par vivre dans un cercle vicieux de pauvreté et de migration continuelle.

                (Source : OIM - Organisation Internationale pour les Migrations en 2013)

 

 

STATISTIQUES

               

Dans tout rapport d’activité il y a un aspect « statistique » qui dénombre les familles suivies, celles  en aide alimentaire  et les enfants en aide scolaire. En 2013, nous avions 47 familles, arrêt de l’aide pour 6 d’entre-elles, démarrage pour 2 nouvelles dont 1 en aide ponctuelle car elle habite en dehors de notre périmètre.

         Nous aurons donc 43 familles à aider en 2014 dont 35 avec 87 enfants en aide scolaire soit 74 scolarisés (maternelle à cl 12) et 13 en situation diverse (3BB, 4 en études supérieures, 2 qui viennent de commencer de travailler et 4 non renseignés). Actuellement 35 enfants (47%) sont en primaire, 37 (49%) en collège-lycée et 2 en classes supérieures avant la poursuite d’études.

         L’aide scolaire est concrète: fourniture d’une soixantaine d’uniformes par an selon les besoins des enfants, uniformes réalisés par les élèves de l’école de couture, l’achat de 3 240 cahiers (270 douzaines), de 408 crayons-gomme et 264 Bic noirs ou bleus. Nous réglons aussi les frais d’admissions et d’examens des élèves aux familles ou aux écoles. Nous étudions la situation des aînés de nos élèves pour essayer de leur donner un bagage professionnel (agriculture, aide-vétérinaire, laborantin, infirmière et 2 vont suivre une formation en cuisine). Ces formations peuvent être chères si les études se passent en internat mais nous essayons aussi de mettre à contribution les familles pour l’accueil des jeunes en ville, dans le réseau familial, afin de réduire les coûts.

                Nous avons aussi 8 familles aidées hors enfants scolarisés mais la présence de personnes handicapées (2) ou âgées, isolées et sans ressources (6) nous incitent à fournir un peu de réconfort à ces 11 personnes.

         L’aide alimentaire qui va de pair le plus souvent avec l’aide scolaire bénéficie à 34 familles qui se fournissent auprès de 3 commerçants sur 3 sites qui couvrent notre périmètre d’action. Les épiciers ont la liste des familles avec les quantités de produits mensuels à fournir et les familles ont leur carte. Il n’y a pas de problème car les choses fonctionnent en confiance et simplement. Les épiciers sont payés chaque trimestre sur la base d’avances estimées et au mois de janvier suivant, nous réajustons les comptes en fonction des prix réels et non plus estimés.

         Pour vous donner une idée des volumes, nous distribuerons en 2014, 6 083 kg de riz (essentiel de la nourriture), 888 kg de lentilles (source de protéines), 888 kg de riz soufflé, 360 litres d’huile, 1 512 savons (lessive et toilette). Les personnes âgées ont un complément en sucre (84 kg), pommes de terre (60Kgs), haricots et oignons (24Kgs). Nous réévaluons les quantités chaque année avec la famille mais nous fournissons entre 50 et 70% des besoins pour inciter l’inciter à se prendre en charge en fonction de ses forces, de son âge et de ses possibilités.

         Les 6 familles dont nous stoppons l’aide n’ont plus d’enfants à l’école (1), l’aide ponctuelle sur 1 à 2 ans se termine (3), entrée dans la vie active d’un jeune (1) ou mariage de la jeune fille (1).

         A noter que 13 familles sur 43 sont parrainées et, ce parfois depuis plusieurs années. Nous rappelons que le coût annuel d’un enfant à aider revient à 100€ pour sa scolarité classique et son alimentation. C’est beaucoup plus cher pour les  internats spécialisés (handicapés) ou les études au-delà de la classe 10.

TOUT CE QUI EST FAIT PAR L’AFEN VIENT DE VOTRE GENEROSITE ET DE VOTRE ENGAGEMENT A NOS COTES. SOYEZ-EN TOUS REMERCIES !

         Rédaction: Françoise « didi_dail@yahoo.fr », Elisabeth « daniel.betty.crozet@orange.fr » Photos : Henri et Daniel

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

Commentaires

  • https://www.viagrasansordonnancefr.com/commander-viagra-pour-homme-zara/

    1 https://www.viagrasansordonnancefr.com/commander-viagra-pour-homme-zara/ Le 04/04/2017

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  • BHW

    2 BHW Le 12/04/2017

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