Lettre n°1 Népal 2020 (5 janvier 2020)

Bonjour à tous de cette ville mythique Kathmadu, capitale d’un Népal lui aussi mystérieux. Notre première impression en arrivant cette année est une certaine amélioration de la vie quotidienne : moins de poussière et de pollution car les routes en construction l’an dernier ont été asphaltées, il pleut assez souvent alors que l’hiver, c’est la saison sèche ce qui accentue la poussière. La reconstruction de maisons ou des temples détruits pendant le séisme de 2015 est bien entamée, la ville est toujours une ruche très active, bruyante, à la circulation dense et anarchique. De plus en plus de motos, de voitures, de taxis blancs plus ou moins bien canalisées avec des lignes blanches, des agents qui s’époumonent dans leur sifflet car il n’y a toujours pas de feux de circulation.

Arrivés le 31 Décembre, nous avons bénéficié d’un accueil très festif dans les rues du Thamel, ex vieux quartier tibétain coincé entre le nouveau Palais Royal qui se visite comme musée et l’ancien à Durban Square très endommagé il y a 5 ans. A l’entrée, protégé par un dais et une enceinte de tissus rouge, un immense tableau est dessiné sur le sol de la rue, fait de haricots peints en rouge et bleu sur fond de riz blanc. Il représentait le slogan nouveau de l’Année « VISIT NEPAL 2020 » avec un Népalais sous un parasol sur fond de montagnes. Très joli ! Une foule de népalais déambulaient dans les rues étroites et pleines d‘illuminations colorées, dinaient debout à de multiples échoppes mobiles, au son des musiques traditionnelles. Un peu groggy par notre long voyage et le décalage horaire, nous sommes rentrés à notre hôtel nous coucher tôt d’autant qu’il y a eu une belle panne de courant toute la nuit ! Le lendemain matin, en descendant à la banque, nous avons revu le tableau de rue pour le photographier juste avant que 2 veaux ne réussissent à s’introduire dans l’enceinte en enjambant les tissus pour aller consommer la nourriture et souiller le dessin de leurs déjections sous les regards impuissants des badauds. Le soir, toutes traces de l’évènement avaient disparu et la journée avait été ponctuée de manifestations et défilés des écoles supérieures et des lycées menés par des fanfares ou orchestres de différentes ethnies avec le même slogan! Nous fêtons aussi le 70 ème anniversaire de l’ouverture du Népal au reste du monde car avant l’expédition de Maurice Herzog et de Louis Lachenal, pour conquérir l’Annapurna personne n’avait pu pénétrer dans ce pays fermé aux étrangers sauf autorisation du roi. Notre séjour commençait bien !

Les autres jours ont été plus classiques, bien occupés entre les visites à la banque pour changer les sommes nécessaires pour les activités de l’AFEN, les visites aux fournisseurs de bronzes, bols chantants, masques et autres productions artisanales locales ainsi que les retrouvailles avec les premiers jeunes aidés par l’association il y a 30 ans: Arjun et Shanti. Tous les deux vont bien, sont mariés, ont 2 enfants, travaillent et ils continuent de se fréquenter et de veiller l’un sur l’autre comme les frères et sœurs qu’ils ont été pendant leurs 10 ans d’internat.

Nous avons eu aussi un intermède familial vendredi 3 avec l’un de nos nombreux neveux et sa famille venus visiter le Népal pendant les vacances scolaires et qui habitent Hong Kong. Au programme, excursion à GOKARNA, bourg situé à 15 Kms au Nord de Pokhara. Nous arrivons sur les hauteurs en même temps que la pluie (8/9°), le panorama dominant toute la Vallée de Kathmandu progressivement noyé dans la brume, dommage. Nous visitons le temple dédié à Shiva et construit au bord de la rivière sacrée Basmati où sont aménagées des plateformes qui vont servir à installer les buchers funéraires des crémations. Aucune activité ce jour sauf un homme, le corps enveloppé d’un pagne blanc et torse nu, qui est venu accomplir un rite d’offrande en déposant dans la rivière, 2 soucoupes contenant une chandelle allumée sur l’une et une grosse boule de riz beurré avec des fleurs sur l’autre. Un singe venu de nulle part s’est précipité pour attraper la boule juste avant que les esquifs chavirent sous nos yeux éberlués tandis que l’homme allait se remettre à l’abri de la pluie. Le temple était en travaux de reconstruction car très touché par le tremblement de terre. Nous avons poursuivi dans un bois de pins longeant une réserve pour atteindre le monastère Bouddhiste de Kopan, magnifique, peint et parfaitement agencé avec ses jardins, stupas, bâtiments pour étudier et vivre autour du temple lui-même. Les enfants (9/8/6 ans) avaient faim, froid, étaient mouillés et fatigués; nous aussi. Alors, après un encas, nous avons écourté la randonnée et repris des taxis pour rentrer. Fin de la journée autour d’un bon repas et retour des neveux à Hong Kong samedi.

Lundi 6, nous reprenons très tôt le bus pour HEMJA avec nos gros 6 sacs de vêtements, tissus et laines pour l’école de couture (80 Kgs dont 15 via Henri, parrain d’une famille depuis plusieurs années, qui est venu passer 2 semaines au Népal et que nous avons retrouvé le 4 janvier). Merci Henri ! BONNE ANNEE A TOUS …… des CROZET.

Lettre n° 2 Népal 2020-01-11

Bien chers amis qui nous suivez dans nos «aventures».

Une semaine que nous sommes à Hemja après un voyage depuis Kathmandou (190 kms en 8h) moins pénible que d’habitude car la qualité de la route s’est beaucoup améliorée et que les pluies des jours précédents ont collé l’omniprésente poussière dans la boue. Par contre, les derniers 10 kms se sont dégradés en raison des très gros chantiers entrepris l’an dernier et non encore terminés. Dommage, car c’est un itinéraire que nous faisons souvent pour aller à Pokhara, seconde ville du pays (banque, hôpitaux, magasins …).

Nous nous sommes lancés dans les visites des écoles où sont scolarisés les enfants aidés par l’AFEN. Il nous semble important de vérifier auprès de chacune si les enfants ont été bien présents, s’ils ont été « réguliers » c'est-à-dire assidus et quelles notes ils ont obtenu. Bien évidemment, en échange de ces renseignements, nous réglons les scolarités qui sont toutes différentes d’une école à l’autre quel que soit le niveau de classe. Quasiment impossible de faire des comparaisons car certaines font payer (ou pas) des frais d’admission, des frais d’études ou d’accès à la bibliothèque, de correction de devoirs, de certificat de fin d’études ou de transfert d’établissement : bref, c’est au petit bonheur la chance. Néanmoins, peu de surprises financières par rapport au budget prévu qui était calculé sur les frais 2018 payés en janvier 2019. Certaines écoles primaires sont dans le programme d’aide aux enfants pauvres pour les fidéliser à venir à l’école en leur fournissant le « tiffin » (collation de midi). Louable intention, mais le financement repose sur les parents (!) et non sur l’institution ou la mairie locale et les enfants les plus pauvres qui ne peuvent payer la cantine assistent au repas des plus nantis. Nous avions décidé l’an dernier, dans l’attente d’une hypothétique aide, de financer le tiffin des enfants de nos familles et cette année encore, nous l’avons renouvelé. Le montant annuel par enfant est de l’ordre de 20€ mais le nombre concerné fait grimper l’addition. Environ 30 enfants de maternelle à la fin du primaire (classe 5) sont concernés cette année.

Par ailleurs,  bien que l’enseignement aille maintenant jusqu’en cl 12 (niveau BAC international), l’examen terminal de cl 10 (SLC) perdure et les lycéens doivent passer 1 à 3 mois en internat pour être présenté à l’examen par le lycée. L’internat est payant (90 € /mois soit 6 mois de salaire pour un manœuvre comme dans nos familles). Cette pratique continue car les lycées sont classés selon les résultats de leurs poulains à l’examen et les crédits de fonctionnement alloués aux établissements aussi : d’où l’intérêt du bachotage intensif. Si les jeunes se présentent en candidats libres (les plus faibles ou ceux qui ne peuvent payer), ils ont peu de chance de réussir et continuer en classe 11 et 12 qui ne sont accessibles, de toutes façons, que pour les meilleurs. L’AFEN finance 1 mois d’internat pour les 6 élèves concernés cette année de telle sorte que les 2 autres mois restants soient «discount ou gratuit ».

Nos meilleurs lycéens continuent en cl 11 et 12 qui offrent des sections pré professionnelles en sciences, éducation (enseignement primaire), administration, management … 18 élèves sont dans ces sections. Ils peuvent aussi choisir l’enseignement technique agricole « plantes - animaux », 6 cette année dont 2 qui terminent et 4 qui commencent. Le montant (320€/ 18 mois) nous oblige à être très sélectifs sur les élèves subventionnés qui doivent être de bons élèves et d’une situation sociale difficile. 5 Filles pour 1 Garçon: vous avez dit bizarre? Normal ici, comme la sur représentation des filles en écoles gouvernementales : les familles privilégient l’enseignement privé (donc cher) mais réputé de meilleure qualité pour les fils qui soutiendront leurs parents plus tard alors que les filles vont partir dans la famille de leurs maris, parfois très tôt. Ainsi cette année, nous avons une jeune fille mariée à 13 ans et une autre à 15 ans, ce qui est illégal. Quand on sait qu’elles doivent prouver leur fécondité dès la 1ère année de leur mariage alors que leur croissance est à peine terminée, d’importants dégâts physiologiques sont à craindre. Ce que m’a confirmé Susil, un jeune médecin népalais et qui s’ajoute, dit-il navré, aux avortements sélectifs sur les fœtus féminins qui commencent à se répandre (surtout dans les niveaux économiques supérieurs car les pauvres n’ont pas encore accès à ces technologies). La lutte pour l’amélioration de la condition féminine passe par l’éducation tant à l’école que dans les camps de santé auxquels il participe dans les campagnes. Bien d’accord.

Il fait moins froid depuis hier car le soleil brille le jour et met en valeur le splendide panorama des Annapurna tout proches. Nous les contemplons en pensant à vous qui rendez possible l’aide à ces populations lointaines. Merci

Betty et Daniel Crozet

Lettre n°3 Népal 2020                                                                                                                                    Le 20-01-2020

Que s’est-il passé depuis la précédente lettre ? La routine dans la poursuite des visites aux familles ? Hélas, on le voudrait bien, mais cela ne tiendrait pas compte de l’extraordinaire nombre de cas particuliers alors que les schémas des comportements semblent bien superposables. Les familles aidées par l’AFEN sont dysfonctionnelles en raison de l’absence d’un parent voire des deux auprès des enfants, les cas de violence conjugale liée ou non à l’alcool y sont fréquents, le travail précaire quasi généralisé dans les couches de population défavorisée entraine des ressources extrêmement faibles qui rendent la vie difficile surtout dans un contexte d’inflation sur les denrées de base qui viennent de l’INDE (riz, oignons, lentilles…). S’y rajoute le poids des traditions avec les mariages précoces ou le travail des enfants : 2 exemples imprévus dans nos familles hier. Une jeune fille mariée à 13 ans et 2 sœurs de 14 et 12 ans qui ont été placées par leurs parents comme domestiques dans 2 hôtels distants d’une trentaine de kms chacun de leur maison. Nous avons fait valoir que le mariage avant 16 ans et le travail des enfants étaient illégaux et qu’elles devaient retourner à l’école, à quoi la maman répondait mécaniquement: « c’est ainsi » ou « elles doivent travailler ». A un autre argument sur la sécurité de ces très jeunes filles dans un milieu dangereux et loin de leur famille, même réponse. Par la suite, nous avons su que l’un des hôtels d’accueil appartenait à un politicien très en vue qui a fait voter des lois pour la protection de l’enfance. Hypocrisie, les bons sentiments trouvent leurs limites dans l’intérêt personnel et le « business ». Est-ce si différent chez nous ?

Nous avons eu la surprise aussi nous voir présenter beaucoup de factures de frais médicaux à rembourser : épidémie subite ? Hécatombe de fractures ou d’opérations ? « Oyez, oyez ! L’AFEN rembourse », a dit la rumeur qui s’est propagée dans les collines. Là, l’enjeu financier nécessitait que l’on se penche sur les détails et qu’on épluche les factures. Instruits par l’expérience, nous avons détecté une ou deux factures « gonflée » par le pharmacien à la demande d’une famille, la substitution d’un nom d’adulte par celui d’un enfant aidé, le recours à des structures privées très chères qui multiplient les examens, radios … Tous au résultat « NORMAL » : business, business au détriment de pauvres gens qui s’endettent et d’associations victimes. Les dites ordonnances étant rédigées en népali, nous les avons passé en revue avec l’équipe que nous avons constitué : Daniel, Arjun, Tek Nat, Bichow Raj ; en cas de doute, nous allons voir Rajesh médecin d’expérience installé à Hemja auquel nous envoyons régulièrement des patients. Nous sommes en train de faire la tournée des multiples officines de pharmacie pour les avertir de possibles demandes inconsidérées de la part de clients et que la confection de fausses factures peut être passible de fermeture de leur activité. Nous allons passer dans chacune des familles, les informations suivantes décidées ensemble par l’équipe. Toute famille prise en flagrant délit de fraude verra l’aide de l’AFEN suspendue, les personnes malades doivent se rendre uniquement dans les hôpitaux locaux gouvernementaux et ceux de Pokhara si cas plus grave. L’AFEN remboursera les frais médicaux des enfants et, pour le ou les parents en charge des enfants, les frais médicaux exceptionnels, urgents, accidentels ou qui empêchent durablement de travailler. Les remboursements pour les bobos et traitements longs sont exclus et les familles invitées à souscrire une couverture « d’assurance». Les cas et factures transitent par TekNat pour les familles des villages éloignés autour de Koramok et de Bichow Raj pour ceux de Milanchowk. Ils se concerteront régulièrement et feront appel à Paris en cas d’incertitude et décision finale. Nous espérons ainsi empêcher une dérive qui serait préjudiciable à l’avenir de nos actions en provoquant un gouffre financier.

De même, nous avons débattu sur la poursuite d’études au-delà de la classe 10 (notre niveau seconde) rendue obligatoire jusqu’à la classe 12. L’AFEN est d’accord pour la financer mais uniquement si les élèves ont le niveau suffisant. S’ils choisissent un enseignement professionnel (uniquement agricole ou couture dans la région), l’AFEN peut aussi le financer mais engagement des élèves de terminer la session (1 an à 18 mois) et si le jeune veut revenir, après, en classe 11 et 12, ce sera à ses frais et non ceux de l’AFEN. Les familles et les écoles concernées vont être informées de ces modalités pour éviter, là aussi, des débordements. Il nous a paru indispensable de faire, cette année, un plan d’action précis pour adopter un processus commun à tous, car les institutions qui se mettent en place au Népal depuis 2 ans, nécessitent d’être –certes- en conformité avec la loi, mais aussi d’être clair nous-mêmes dans ce que nous pouvons faire, afin que le plus grand nombre d’enfants en bénéficie (actuellement une centaine d’enfants de la maternelle au niveau 12 et 26 en Technique (6 Agriculture et 20 en couture). A bientôt pour de prochaines discutions et vous pouvez réagir à celle-ci ! Betty et Daniel

Lettre n° 4 du 29-01-2020 – Ici on est le  2076-10-16 !  Pas facile de s’y retrouver surtout avec le calendrier népalais!

Chers amis et sympathisants de l’AFEN,

Voici une nouvelle lettre d’Asie bien involontairement mis sous les projecteurs de l’actualité avec le coronavirus qui provoque beaucoup d’inquiétudes en Chine et autour. Au Népal, pas d’intérêt particulier, un seul cas diagnostiqué et dans nos montagnes, personne n’en parle et vit sa vie plus ou moins difficile au jour le jour. Toutes les familles habituellement suivies (parfois depuis de nombreuses années) ont été vues au moins une fois et le plus souvent deux : à leur domicile et à l’école de couture, au meeting de réunion début janvier, dans l’école de leur enfant. Bien que vous puissiez trouver que c’est du temps perdu, c’est absolument nécessaire de notre point de vue. Une fois ne permet pas d’exprimer beaucoup de choses, surtout celles qui tiennent le plus à cœur. Il faut d’abord mettre en confiance notre interlocuteur, lui demander des nouvelles de ce qui s’est passé dans l’année, les problèmes qui ont surgi. On passe au rafraichissement des données concernant les enfants : âge, classe, école. Comme nous les avons toutes visité en tout début de séjour, nous connaissons l’absentéisme ou la régularité, le niveau de chaque élève (excellent, moyen, médiocre) ce qui permet les rappels via la maman ou grand-mère, notamment sur la tentation d’utiliser les enfants pour travailler dans les champs les 2 mois de saison haute et la nécessité du travail à la maison. L’an dernier, nous avions stoppé l’aide en raison de l’école buissonnière de 3 petits frères de 7 à 9 ans que nous avions trouvé à faire une grosse lessive dans le ruisseau à l’heure des cours. Cette année, ils étaient tous à l’école régulièrement et nous avons repris en charge leur scolarité. Satisfaction ici, mais déception dans une autre famille où le garçon de 16 ans s’est fait exclure en cl 11 (notre 1 ère) pour avoir utilisé la connexion informatique de son lycée pour répandre des insanités sur ses profs: pas très malin. Nous l’avons vu bien sûr et, sans faire de leçon de morale, nous l’avons encouragé à travailler pour gagner sa vie et c’est ce qu’il fait déjà pour aider sa grand-mère qui l’élève et sa petite sœur. Aide-conducteur dans un bus, il récupère les prix des trajets.

Néanmoins sur la centaine d’enfants suivis, ces comportements sont exceptionnels car ces enfants de familles pauvres dont les parents sont le plus souvent de basse caste et analphabètes, mesurent la chance de faire des études pour espérer mieux se sortir de leur condition. Il suffit d’aller vers 8h30 dans une maison (pour nous, un véritable taudis) où des enfants trainent dans la cour, sales, dépenaillés, hirsutes pour les retrouver une demi-heure après, métamorphosés dans un uniforme impeccable, propres, cheveux plaqués, des rubans rouges aux nattes des filles, prêts à partir à l’école. Ils se sont habillés seuls, les plus âgés aidant les plus petits, sans gêner la conversation que l’on avait avec leur mère. Ils partent en petits groupes sans chahuter à leur école parfois très distante. Déroutant. Ce matin, j’assistais au démarrage des cours d’une petite école ; 60 enfants alignés sur 10 rangs devant un élève de 9/10 ans, chargé de battre au tambour, le rythme de quelques mouvements de gymnastique, puis hymne national chanté par tous, car appris dès 3ans. Ensuite, passage en revue de l’uniforme et de la propreté : vérification de la présence de la cravate, ceinture et carte de l’école au cou ; une maîtresse vérifie que les cheveux ne dépasse pas 3cms pour les garçons, une autre, la propreté des mains. Tous les fautifs doivent sortir des rangs et promettent que le lendemain, ils seront OK. Détail amusant, tous se tirent eux-mêmes les oreilles en écoutant la brève remontrance et retournent à leur place en silence avant que tous gagnent leur classe au son du tambour. C’est ainsi peu ou prou dans toutes les écoles, grandes ou petites, privées ou gouvernementales. Pourrait-on imaginer cela chez nous actuellement ?

Cette autodiscipline se retrouve aussi chez les adultes, il y a rarement de la bousculade alors que les bus sont bondés, on va faire un peu de place pour laisser monter un gars avec son tapis et un gros sac au prix de 3 autres voyageurs qui vont se retrouver accrochés à la porte ouverte, le corps hors du bus pendant qu’il cahote sur la piste. Personne ne proteste et accepte que les femmes en général soient assises surtout si âgées ou avec enfant. Le tout avec naturel et gentillesse. De même, peu de gens resquillent lorsque l’aide-conducteur passe encaisser le montant du trajet. Il en résulte une facilité de vie et une grande sérénité, et si la jeep ou le bus est passé avec ¾ d’heure de retard, c’est qu’ils n’ont pas pu faire autrement. Cette tolérance qui s’exprime au quotidien dans les petites choses est très marquée à la campagne où les gens se saluent par un « Namaste » en règle, mains jointes et incliné; mais devient plus rare en ville, surpeuplée et sous tension (bruit, foule, circulation polluée…). Il y a aussi une certaine nonchalance, on ne travaille pas beaucoup pour privilégier les multiples réunions, cérémonies religieuses ou non. On vit de peu, à la débrouille, en famille élargie, en réseau de connaissances. Un autre monde … que nous aimons bien.

Demain, nous vous ferons un 1er tableau des nouvelles familles prises en charge. Bon weekend à tous. Daniel & Betty

Lettre n° 5 Népal du 4 Février 2020

Au bout d’un mois de présence, nous sommes en train de finaliser l’aide aux familles tant pour l’aide scolaire que l’aide alimentaire dite « fooding ». Il nous restera bien sûr encore des activités importantes:

- les visites aux hôpitaux des yeux pour quelques enfants et d’autres consultations hospitalières.

- les remises, aux écoles, des listes d’enfants soutenus la prochaine année scolaire qui commence le 1er avril

- le dépôt, aux 4 commerçants, des tableaux des quantités de denrées à distribuer mensuellement à chaque famille.

- l’analyse de l’activité du Centre d’apprentissage de Couture-tricot (sélection des 20 candidates, registre des présences, production des travaux d’élèves vendus pour financer la mercerie, nombre d’uniformes exécutés)

- l’analyse financière de l’année écoulée (sur base de factures) et budget de celle en cours (début 1er 01 2020)

- l’analyse des dépenses des sommes confiées à Bischhow Raj pour faire face aux impondérables tant sur le plan des familles que médical ou de formations hors Ecoles a été faite à l’arrivée mais le budget 2020 est à confirmer.

BILAN (provisoire) de l’aide alimentaire 2020 qui commence le 12 février, (1er jour du mois au Népal) :

42 Familles aidées pour un montant global de 800 000 Rp (6 400€) ce qui représente 6 tonnes de riz, 924 kgs de lentilles, 850kgs de flocons de riz, 480l d’huile, 1416 savons-lessive et 660 savonnettes. Nous complétons ces denrées de base par quelques kgs de pommes de terre ou haricots ou farine-bouillie, thé et sucre pour les personnes âgées et sans ressources. Cette aide est stable par rapport à 2019 (41 familles/ 801 500Rp), les 3 familles sortantes (fin d’études du dernier enfant, déménagement, décès) étant remplacées par les 4 en attente.

Govinda et Batuli GAUTAM: famille signalée par les directeurs des écoles Bumeschor et Prakash où les 4 enfants de 15, 9 et 4 ans (2 jumeaux) sont scolarisés. La famille est dans une passe difficile car leur petit élevage avicole a été décimé par un virus et elle doit rembourser les emprunts. Les parents travaillent dans les champs sans animaux et ne peuvent ni assurer les frais scolaires ni l’alimentation quotidienne. Accord aide 1 AN, revoir 2021.

Gauchura BK : grand-mère de 64 ans en charge des 3 enfants de son fils parti il y a 5 ans refaire sa vie tandis que la mère des enfants, très instable (dépression + alcool), a quitté la maison il y a 2 ans mais revient faire du grabuge et menace de mort ses enfants. Gaurucha doit faire un double signalement à la police pour 1) retrouver le père et qu’il assume ses responsabilités vis-à-vis de ses enfants et 2) signaler le comportement maternel dangereux. Dans cette attente, nous acceptons une aide alimentaire et scolaire pour Bursa 11 ans, cl 5, Purmila 10 ans, cl 3 et Prabesh 4,5 ans, maternelle et leur donnons à chacun un ballot de vêtements + Colis alimentaire d’urgence.

Sunita NEPALI est la tante de 3 neveux orphelins de mère. Comme la maman au désespoir d’être abandonnée à peine enceinte de son dernier fils, était retournée dans sa propre famille, c’est donc là qu’elle y est morte, il y a 8 mois, d’excès d’alcool dû à sa dépression. Il s’agissait d’un mariage inter-caste et le père TAMANG est reparti il y a 3 ans se remarier avec une femme de sa caste. Depuis, la famille maternelle a la charge des 3 enfants: Sumit, 12 ans, cl 6, Susita 7 ans, cl maternelle et Susit 18 mois. L’organisation est assez «clanique» avec la grand-mère âgée, ses 3  fils mariés et ayant chacun 3 enfants de 2 à 15 ans, tous scolarisés. Ils vivent dans un ensemble de 3 maisons de 2 pièces chacune autour de 2 minis cours où vaquent des poules et quelques chèvres attachées. Le tout tenant sur une surface au sol de 150 m² pour 19 personnes dont 12 enfants! L’étroite bande de cultures potagères qui longe la cour est au

voisin. Tous les adultes travaillent dans les champs comme journaliers, sauf la grand-mère qui garde les plus jeunes avec Sunita en charge du petit dernier : Susit.

L’aide demandée est scolaire et alimentaire pour les 3 enfants. Accord pour les 2, car les aînés sont bons élèves et assidus malgré la situation familiale et il faut éviter qu’ils soient rejetés par leurs familles d’accueil.

Pabitra et Dipendra NEPALI.  Dipendra 23 ans vit avec sa mère veuve, il est resté très handicapé suite à un AVC à 18 ans. Il ne peut ni marcher, ni s’habiller ou manger seul, ni parler, ni écrire mais lit l’écriture. Aidé de manière informelle l’an dernier en fin de programme, il entre en aide classique alimentaire cette année. La carte d’invalide demandée il y a 10 mois devrait arriver en février avec une petite pension mais très insuffisante pour vivre.

 

L’AIDE SCOLAIRE des nouvelles familles se caractérise par un grand nombre de jeunes aidés dans les classes supérieures, les coûts dépassant les possibilités des familles. En 2019, 7 enfants en fin d’étude sont sortis et une famille de 2 enfants a été rayé de l’aide (y compris alimentaire) car les 2 sœurs de 12 et 14 ans avaient été placées comme domestiques dans deux hôtels éloignés (en violation des lois et au détriment de leur sécurité).

En 2020, nous devrions avoir 108 enfants aidés (48 filles et 60 garçons) dont 6 en Maternelle, 30 en Primaire, 36 en Collège, 27 au lycée et 5 au centre d’Apprentissage Agricole (plantes et soins aux animaux) de Bidawari, en dehors des 20 apprenties couturières de notre centre de couture à Hemja.

28 Nouveaux élèves pris en charge par le biais de plusieurs écoles, de bons élèves en général : A/ 14 élèves isolés. Ecoles : Nispachya = N, Bahara =Ba, Boomeschor = Bo, Gauri Shankar = GS, HP = Hari Prasad

N /Anjita LAMICHAANEE, 15 ans cl 10, demande à faire le training agricole 18 mois. Parents fermiers très pauvres

N/ Sanish PAUDEL : 12 ans, cl 6 bon élève, garçon abandonné par ses parents qui vit avec sa grand-mère

N/ Elisha PAUDEL : 13 ans, cl 7, aînée de 2 autres enfants de cl 1 et 4 scolarisés aussi. Parents très pauvres

Ba/ Sirjana Rana MAGYAR, 16 ans, cl 10, bonne élève, abandonnée par ses parents, vit chez des voisins. Payons un mois d’internat avant examen final SLC et acceptons poursuite d’études cl 11 ou training

Ba/ Jyoti GAUTAM, 13 ans, cl 8, vit chez sa grand-mère âgée depuis l’abandon de ses parents. Peut être nièce de Tulsi Prasad, professeur quasi aveugle, aidé depuis des années par l’Afen et qui nous a paru très diminué cette année. Veut-il assurer une continuité de l’aide pour Jyoti s’il disparaissait?

Ba/ Sima BHUSEL: 6 ans, cl 1; père remarié, mère partie et la petite Sima vit chez ses grands-parents très démunis

Ba/ Sabita NEPALI: 16 ans, cl 11: père absent, mère travaille dans les champs et ne peut assumer les cl 11 et 12

Bo/ Arati CHETRI: 14 ans, cl 8. Bonne élève de parents pauvres et déficients qui travaille dans les champs

Bo / Sandip DHUNGANA: 13 ans, cl 7, excellent élève dont la mère travaille dans les champs. Le père est au Qatar, n’envoie pas d’argent et ne peut pas rembourser l’emprunt du billet d’avion. 2 autres frères en cl 12 et FAC qui travaillent tout en continuant leurs études.

Bo/ Lolita ADHIKARI cl 10, les parents trop pauvres pour payer l’internat. Seule élève dans ce cas. Payons 1 mois

Bo/ Modanath DHUNGANA cl 7, bonne élève mais famille trop pauvre

Bo/ Susil GAUTAM cl 9 bon élève mais famille trop pauvre pour payer les frais scolaires

GS PS/ Bijoya SUNAR : 11ans, cl 5. Maman seule pour élever ses 3 enfants depuis départ de son mari il y a 3 ans (l’aîné de 17 ans, muet, est malade mental, le second Nisha 13 ans, cl7). L’aide scolaire est demandée pour Biyota.

Suza SUNAR 24 ans, vit sans son mari, parti il y a 3 semaines après une violente crise (il bat femme et enfants). Agé de 36 ans, manœuvre sur chantier, Milan le mari, ne supporte pas Mélinda, sa petite fille de 6 ans très handicapée depuis 3 ans suite à une maladie (méningite ? polio?): elle est devenue sourde-muette et ne marche plus. Mandjip 5 ans, est en maternelle à Grand-Prakash. Nous finançons le séjour de Suza, la maman, et ses enfants à Kathmandu où elle pourra faire diagnostiquer la maladie de Mélinda et voir si des soins pourraient améliorer son état. Elle y va avec une amie et résidera chez une belle sœur. Aide scolaire pour Mandjip. GS PS/ Bickram BK : 10 ans, cl 5 va au collège l’an prochain. BB, il a perdu un œil (maladie), ses parents très pauvres ne peuvent payer l’école (le père est postier et la mère travaille dans les champs

B/ Aide demandée pour des  fratries complètes : 5 enfants

Subin et Sabina ROKA, le père de 32 ans travaille comme manœuvre dans la construction mais Sabina 24 ans ne peut travailler car elle a encore un BB de 18 mois à s’occuper en plus des aînées de 6 et 4 ans Nirjala et Namrata à l’école GS. 2 Aides scolaires acceptées (2 ans) et déconseillons de poursuivre la course au garçon après 3 filles !

Mithu BK 30 ans, est mère de 2 garçons Amrit 13 ans cl 8 et Shiva 8 ans, cl 3 à Hari Prasad. Abandonnée par son mari, il y a 4ans, elle vit chez ses beaux-parents Prem Ram 66 ans et Guna Kumari 62 ans, malades et qui ne peuvent plus travailler. Elle travaille dans les champs et ne peut plus assumer seule les frais scolaires. Accord de 2 aides scolaires d’autant qu’Amrit entre au lycée à la Bahara. Les 2

C / Les 4 nouvelles familles en aide alimentaire et scolaire : 9 Enfants (cf page 1)

Lettre n° 6 du 10 Février 2020

Vous avez eu un aperçu un peu statistique de nos rencontres avec les familles et les écoles, mais ce n’est pas que cela, heureusement. Nous participons aussi à des évènements comme les fêtes dans les écoles ou une distribution de pulls ou encore la momo-partie dans le home d’enfants d’ «Un toit sous l’Himalaya », association de l’Essonne que nous connaissons depuis une quinzaine d’années et que nous visitons très régulièrement. Mais aussi le Festival suivant auquel nous avons assisté au Musée International de la Montagne (IMM) à Pokhara dans le cadre de la mise en valeur du patrimoine religieux et culturel du Népal (« 2020 Visit Népal », campagne internationale).

Il s’agissait de la 3 ème cérémonie pour la Paix qui se déroulait du 3 au 5 Février sous l’égide d’un célèbre lama Rinpoché ; le 3 Février, la flamme de la Paix a été prélevée au centre mondial de la Paix à Lumbini (lieu de naissance de Bouddha à la frontière népalo-indienne) et transportée jusqu’au Sakya, le puissant monastère d’Hemja. Le 4/02, elle est apportée par procession des moines à Pokhara ou une grande POOJA -cérémonie de purification- va se dérouler. Les premiers discours d’ouverture sont lancés, suivi par l’hymne Népalais chanté de bon cœur par toute l’assemblée. Il est 11h.  Sur scène, une grande salle de prières de temple est reconstituée avec ses pupitres bas, ses coussins sur lesquels les moines sont assis en tailleur dans leurs robes rouge bordeaux portées sur une tunique safran orangé. Plus de 30 moines musiciens sont à leur poste : grandes trompes de 4-5 m de long, plusieurs gongs et tambours de dimensions variées et de larges cymbales. Une fois entendus, on ne peut oublier ces sons tellement caractéristiques et, pour les oreilles occidentales, assez cacophoniques voire discordants. Au moins autant de moines vont réciter pendant 2h les grandes prières au ton monocorde et grave, ponctués par les instruments. Puis, vient la Pooja qui va se dérouler au milieu du terre-plein central. Pause d’1 h au cours de laquelle, les moines réaménagent l’espace sur la scène et les musiciens se trouvent face à l’assemblée qui dégage le terre-plein au milieu de la pelouse et y dispose la chaise du Rinpoché  de part et d’autre. Le personnage magnifiquement vêtu de brocart chamarré dans les bleus-argent et affublé d’un couvre-chef imposant descend ainsi dans l’espace libéré avec ses 2 ou 3 lamas assistants. La cérémonie VAJRAKILAYA va être réalisée par le Grand Lama Rinpoché avec l’utilisation du Vajra (symbole masculin de l’éclair) et de la cloche (symbole féminin), les 2 objets rituels principaux, mais il y en aura d’autres (poudres contenues dans de petits cranes de singes, encens, figurines représentant l’ignorance, la colère et l’envie –facteurs de désordre et de guerre- qui seront transpercées par le poignard à 3 faces…). Tout au long de cette pooja d’1h, le lama psalmodie ses prières rituelles toujours rythmées par la musique lancinante des trompes, tambours et cymbales. Puis de nombreuses danses religieuses viennent illustrer le propos avec des danseurs vêtus de costumes chatoyants de brocarts de soie, vert, jaune, rouge, bleue et blanc (5 couleurs du bouddhisme: nature, air, eau, feu, terre),  la tête portant de grands masques d’animaux ou des personnages du panthéon religieux. Il y a les gardiens supposés faire peur aux esprits mauvais, les guerriers chargés de les combattre et enfin, une danse des plus jeunes moines de 10/14 ans au crâne rasé qui bondissent au rythme de leurs tambours. La cérémonie se termine vers 16h. J’ai le sentiment de n’avoir pas tout compris faute d’explications et j’essayerai d’en avoir à postériori auprès de moines parlant anglais. Néanmoins, c’était passionnant et si c’est bon pour la Paix, alors…..

La momo-partie à laquelle nous avons participé au home d’enfants était très détendue, avec la vingtaine d’enfants présents (les absents étaient en révision) et les 2 couples qui les encadrent avec fermeté et affection. La confection des dits raviolis tibétains se fait dans une ambiance joyeuse. La farce de viande hachée, herbes et oignons est prête à servir dans une énorme marmite, la pâte n’a plus qu’à être roulée et découpée par les enfants pour que les momos soient fabriqués avec soin tout en papotant en Français et en anglais avec Bischnou, Raju, Sheela, Sita. A la cuisine, les immenses marmites d’eau chauffent pour leur cuisson à la vapeur et quel repas délicieux ensuite. Nous sommes toujours surpris du climat de détente et de gentillesse qui règne ici ; ces enfants ont beaucoup de chance d’y vivre une parenthèse où ils peuvent grandir sereinement alors que leur situation personnelle est parfois difficile.

La distribution des pull-overs tricotés avec amour par plusieurs dames de notre entourage s’est fait cette année dans la petite école KAILASH accrochée à la pente de la colline face à la barre majestueuse des Annapurna et du Machhapuchhare. Sur les 35 d’enfants de 3 et 10 ans assis sagement en uniforme » vert forêt », 8 sont soutenus par l’AFEN. Chacun repart avec un pull (28 tricotés et 7 complémentaires de notre stock) qu’il s’empresse de passer et qui lui tiendra chaud, car l’hiver est long et froid. Un  grand MERCI DE LEUR PART à toutes les « mamies » de cette année qui recrutent autour d’elles d’autres bonnes volontés, pour les tricots à distribuer l’an prochain!

Lettre n° 7 Népal 13 Février 2020

Les actions envers les familles se terminent et nous avons donné aux 4 commerçants leur liste de denrées à fournir tous les mois aux familles. Voici la journée de la remise des tableaux le 11/02, avant-veille du changement de mois au Népal et de la validité des cartes 2020. Bien évidemment, il y a toujours des gens qui veulent faire modifie leur carte au dernier moment ou ils l’ont perdu ou on n’arrive pas à les joindre pour leur donner.

Témoin, cette Lila BK, connue et suivie depuis longtemps. L’an dernier, elle avait déménagé en catimini pour fuir son compagnon très violent et avait demandé que l’on continue de l’aider. Certes, sa fille de 14 ans avait été mariée, avait quitté l’école et attendait un bébé mais il restait Pasang âgé de 10 ans qui allait à l’école et elle venait d’accueillir sa fille aînée (veuve suite au décès accidentel de son mari) avec ses 2 petits. Bref, trop tard pour la visiter en 2019, nous maintenions l’aide 1 an pour approfondir le sujet en 2020. Nous y voilà! Lila était passée nous voir mi janvier, nous avions téléphoné à l’école qui avait confirmé la présence de l’enfant, restait la visite du domicile que l’on savait loin. De fait, le bus de 13h30 (dès mon retour de Koramok) nous dépose à 20 Kms, à la croisée de la piste qui monte vers Dampus (point de départ de treks très célèbres pour l’ANNAPURNA). Bischow Raj vient avec moi (Daniel a déclaré forfait) car il dit connaître l’endroit. Hélas, malgré les indications fournies par les locaux rencontrés, nous partons à l’assaut de la colline très escarpée et nous fourvoyons sur les sentiers de marches de pierres incertaines et glissantes. Naturellement, nous sommes en nage, nous n’avons pas pris d’eau et si Bischow peut se désaltérer à une fontaine, impossible pour moi. En haut de la crête, on devrait arriver à l’école? Eh bien non, c’est une autre colline qui surgit… D’aimables gens nous indiquent l’école à 20’ de marche (népalaise), puis rectifient en me regardant : 50 mns. Grr! A ce train, l’école sera fermée et on a un gros programme à faire avant la nuit (17h30).

Je décide de redescendre malgré les protestations de mon accompagnateur, d’autant que notre escalade nous entraînait vers la droite alors que les premiers renseignements indiquaient la gauche. Machine arrière, pour aller directement à la maison et tant pis pour l’école. La maison est là-bas, derrière les bambous ! … On y va et même surprise de ces petits chemins qui semblent s’allonger au fur et à mesure … ET personne. Il est 16H, nous laissons nos coordonnées à une voisine et repartons attendre notre bus du retour dans une poussière incroyable. Tout le réseau routier est en réfection depuis 2 ans pour l’élargissement de cette route de 200 Kms qui part de Kathmandu et se termine à Baglung (30 kms de là où nous sommes) en passant par Pokhara et Hemja. De grosses machines attaquent partout les pans des collines (moraine glaciaire avec du schiste), on roule sur des lits de gravats, les bus tressautent et cahotent sur des essieux déjà très endommagés en essayant d’éviter les obstacles (rochers, ornières, dos d’âne …) et les autres véhicules. Gare à ceux qui voyagent debout et qui « sautent au plafond » à chaque cahot, en équilibre instable en raison des énormes ballots, sacs de riz et divers qui encombrent le couloir central. La circulation n’est pas coupée (15-20 Kms/h max) et on se croise sur d’étroites bandes de terre pendant l’avancée du chantier. Les Népalais effarés contemplent chaque jour les modifications du chantier et des paysages.

Nous attrapons un bus qui a de rares places assises et nous voilà partis jusqu’à notre commerçant de Suiket (à mi-distance d’Hemja) pour lui remettre son tableau avec les 3  familles en charge dont Lila BK. Après un thé offert charitablement, nous repartons dès qu’un nouveau bus s’annonce dans un nuage de poussière. 17h30, arrivée à Hemja où nous voyons Ramou, le 3éme commerçant et réservons pour demain la jeep de livraison des denrées qui nous emmènera voir le n°4, à Dhital par 20 Kms de pistes (1h) sur la crête. La journée se termine avec un bon repas préparé par Daniel, reposé de son mini trek du matin car il était rentré à pied de Koramok (15 kms en fond de vallée), site de notre 1er commerçant. L’épreuve de bus à 8h du matin lui semblait insupportable à refaire à midi car la piste, très inconfortable, évolue partiellement dans les cours d’eau, les rizières et sur les galets. Accompagnée par Tek Nat, cette fois ci, je restai donner à 2 écoles, les listes des enfants soutenus par l’AFEN pour la rentrée d’Avril.

Pendant que je patiente pour prendre un bus (inexistant à cette heure) ou une jeep (les 2 qui passent en 45’ sont bondées), se pointe un camion de chantier jaune canari flambant neuf. Il s’arrête à ma hauteur et va à Hemja! Youpi! Me voilà dans la cabine confortable, dominant la route avec de 2 jeunes gars sympas  pour 200 Rp.

Autre rencontre magique l’après-midi près de chez Lila BK, il y avait un grand arbre qui portait de drôles de fruits : une dizaine de vautours et d’aigles (très nombreux ici à l’état sauvage) venaient de s’y poser et chasser le long de la rivière du haut de ce promontoire. 3 ème moment magique du jour : une douche chaude avec le chauffe-eau solaire pour se dépoussiérer après l’effort. Vous voyez que nous sommes vernis et toujours en forme.

Bon St Valentin, très fêté ici comme dans toute l’Asie. Tant qu’il y a l’Amour! Bises à tous et toutes. Betty et Daniel.

Lettre du Népal n° 8 le 23 Février 2020

Pour compléter la lettre n°7, notre Lila BK s'est pointée le lendemain, brandissant le carnet scolaire de son gamin prouvant bien qu'il est à l'école et craignant sinon, qu'on ne lui renouvelle pas sa carte "alimentaire". OUF, elle était contente car nous l'avions préparée avant sa venue. Mais les visites de son domicile et de l’école sont remises à l'an prochain! A l'impossible, nul n'est tenu.

Vous faire partager "ces aventures" est aussi une façon de vous faire voyager avec nous qui vous intéressez aux familles démunies, combien fréquentes dans ce pays qui reste l'un des plus pauvres sur la planète. Encore que, dans la région où nous sommes, la proximité d'une grande ville comme Pokhara accélère le développement et les facilités pour le travail, les écoles, la santé et l'hygiène en général. La plupart de nos sympathisants, donateurs ou autres n'iront jamais au Népal, ni même en Asie, nous leur offrons donc une possibilité d'avoir une petite fenêtre d'observation et de voyager « autrement ». Vous l'écrire, c'est aussi la possibilité (pour moi) de prendre un peu de distance pour réfléchir à la meilleure réponse à donner face à une situation imprévue. Ainsi, en ce moment nous devons traiter 2 cas d'enfants qui posent un problème médical qu’il fallait solutionner avant notre départ d'Hemja le 24/2. C’est fait!

Bidje,11 ans, souffre d'une infection récidivante à l'ombilic (hernie?); Rajesh, médecin-pharmacien, lui a prescrit des antibiotiques et son infirmière refait son pansement au quotidien. Au bout d'une semaine, pas vraiment d'amélioration, donc nous nous sommes réunis le 18 matin avec la mère, le toubib et Bichow Raj pour prendre ou pas la décision de l'emmener consulter un chirurgien. Cette infection est mal placée, elle peut s'étendre aux tissus internes et s'aggraver (septicémie ou inflammation du péritoine), surtout compte tenu des conditions de vie difficiles de la famille couplées avec une certaine absence d'hygiène. Il a déjà perdu un œil faute de soins quand il était bébé, n'en n'ajoutons pas. D'autant qu'il est intelligent, mature et coopératif. Le chirurgien qui s’était occupé de Bischow Raj un jour, est consulté l’après-midi même dans un hôpital privé. Nous allons récupérer le gamin à l’école à 15h, le faisons goûter et hop en taxi pour être dans les premiers à la consultation. Le chirurgien convient qu’il faut agir et Bischow Raj discute avec lui et plaide pour un prix modéré, compte tenu de la situation familiale. Il propose d’opérer Bidje demain (19/2) aux aurores, avant sa clientèle. Le gamin doit être "briqué", propre et à jeun. Nous rentrons par les bus bondés (1h de route), puis  téléphonons à la mère en insistant sur sa présence au bout de sa rue à 6h30 avec l’enfant. Le lendemain matin, notre taxi descend lentement la grande route dans un silence impressionnant  en slalomant entre les immenses trous, les tas de gravats, les maisons à moitié détruites, les poteaux électriques aux fils qui pendouillent et trainent au milieu de la route tandis que la poussière reste collée au sol encore humide de la nuit. Un paysage de village bombardé ? Non, ce n’est que l’énorme chantier subi au quotidien par les riverains de l’élargissement de la route dans une poussière et un bruit infernal le jour. Comme nous descendons souvent à Pokhara, nous voyons le chantier changer d’un jour à l’autre ! Fascinant.

Bref, nous arrivons à l’hôpital « Fishtail », Bidje est pris en charge et opéré de son ombilic avec cautérisation à 8H (le temps pour B.Raj d’aller acheter à la pharmacie, les canule, catgut … et autres matériels nécessaires à l’opération) et il sortira de la salle post-opératoire à 15H muni de son dossier et des médicaments à prendre, avant la visite de contrôle dans 1 semaine. Le chirurgien a fait un prix doux  6 100 roupies (50€) payées par l’Afen via Bischow Raj, car la famille est bien incapable de payer (mère seule avec 3 enfants dont un fils de 17 ans retardé mental). L’attente a été mise à profit pour prendre une collation, puis Monisha, la mère s’est absentée une heure pour voir son ex-employeur qui habite à côté. Elle en est revient dépitée car il refuse, dit-elle, de la payer depuis 3 ans (femme de ménage). B Raj, scandalisé de cette pratique l’emmène au siège régional de la police voisin de l’Hôpital pour qu’elle porte plainte. Tous les papiers seront signés avec diligence et quand ils reviennent, l’enfant est prêt à sortir. Nous prenons un taxi pour rentrer, le prix est âprement discuté car le conducteur connaît l’état désastreux de la route. Il aura d’autres inquiétudes en voyant que Bidje a été pourvu d’un sac plastique et paraît nauséeux. Du coup, sa conduite sera irréprochable, tout en douceur : un exploit quand on connaît la conduite sportive et hasardeuse des motos, camions, bus et taxis. Pour l’anecdote, Monisha convoquée le soir même au poste de police d’Hemja comme l’employeur indélicat, a récupéré son dû. Il avait une semaine pour s’en acquitter. Sinon, il risquait une amende, voire la prison.

Un autre cas est celui de Mélinda 7 ans, handicapée moteur et qui semble souffrir aussi de retard intellectuel. D'après Suza, sa jeune mère de 24 ans, le développement de l'enfant était tout à fait normal jusqu'à 3 ans, elle marchait, parlait ... PUIS, maladie infectieuse à la suite de laquelle, elle ne pouvait plus se tenir debout, ni parler, semblait sourde et le regard absent. La maman nous sollicite pour que la petite voie un médecin. OK, nous l'envoyons 2 Jours à Kathmandou pour un check up (pas possible à Pokhara).

D'après le neurologue qui l'a examiné et fait parler la maman, la gamine aurait eu une méningite (?) dont les complications seraient arrivées après une tentative de ponction lombaire (ratée?). Il l'envoie immédiatement vers un institut spécialisé dans le handicap d'où la mère et sa fille ressortent avec un déambulateur qui va aider à la station debout. De fait, Mélinda commence à l'utiliser. Mais la plupart des examens ne pourront être faits que lorsqu'elle pèsera 20 Kgs (16 actuellement). Avec Rajesh, nous mettons en place pour 3 mois, un régime alimentaire plus riche à base de nourritures adaptées: œuf, lait, banane et des vitamines en boîte (pharmacie). Françoise, l’amie pédiatre venue ici l’an dernier, nous conseille d’introduire chaque aliment progressivement pour éviter une allergie. Elle en a rarement mangé.

Nous avons fait la tournée des commerces à proximité de leur maison pour que les œufs et bananes soient fournis dans une boutique (aidée quelques années par l’Afen), le lait par un voisin connu qui a une vache et ainsi, nous allons essayer de lui faire prendre du poids. Elle sera pesée tous les 15 jours chez Rajesh, (très sollicité cette année) pour évaluer la prise de poids. Bien évidemment, l'Afen va prendre en charge ces frais (9 000 RP / 80€) ainsi que les examens à Katmandu. C'est important que Mélinda soit diagnostiquée, rééduquée si possible et sa maman est aussi soulagée de ne plus être seule à porter cet handicap. Le couple connait une certaine instabilité car le père de l'enfant (manœuvre) est excédé par ces difficultés et pourrait les abandonner. Nous le voyons par hasard à son domicile alors qu’il était parti depuis presqu’un mois, laissant sa famille sans argent et, pour Suza, sans possibilité d’en gagner, Mélinda ne pouvant rester seule sans surveillance.

Il promet de rester et nous prenons aussi en charge la scolarité de l'autre enfant, Manjip, 5 ans. Croisons les doigts pour que tout fonctionne en notre absence, mais j'ai souvent eu la preuve que si une personne extérieure s'intéressait à un cas de ce genre, cela mobilisait aussi les voisins et qu'une solidarité contagieuse via le Comité des Femmes ou autre... se mettait en place au bénéfice de tous. Wait and see!

Les activités de cette année se sont terminées par une avalanche de difficultés à résoudre en dernière minute dont une femme de 47 ans qui arrive à 6h45 (par le camion du lait !) alors qu’elle habite très loin, car elle a des hémorragies et souffre. Nous la mettons dans un taxi et sommons l’un de ses fils qui habite Hemja de l’accompagner, il refuse d’abord, puis il y va quand Bischow Raj lui rappelle que sa mère a toujours été là pour lui et ses 6 frères. Nous donnons une avance pour faire face aux premiers frais et Maya Lama Olché reviendra le lendemain avec ses examens et analyses: infection urinaire aggravée par un traitement inadapté donné dans le petit hôpital de Bidawari. Elle a retrouvé le sourire avec un nouveau traitement. C’est une famille aidée depuis plus de 15 ans et les derniers fils sont toujours à l’école.

Le même soir, la cour est envahie dans l’obscurité à 19h par une troupe bruyante : une famille de voisins accompagne une femme Komala PAUDEL avec 3 enfants qui aurait besoin d’aide. Nous essayons de faire établir un certain silence pour pouvoir démêler ce qui se dit tandis que les plus jeunes enfants hurlent et se poursuivent. Les Paudel sont arrivés depuis peu en ville, ne pouvant plus vivre dans la maison familiale partagée entre 6 frères, manque de place, de ressources, peu de terres à cultiver: la misère. Le mari a trouvé à travailler comme manœuvre sur la route (6h30 à 17h30) pour 500 roupies /jour, à peine de quoi nourrir 3 personnes alors 5! La mère travaille dans les champs pour un salaire équivalent. Daniel dit « notre programme est fini, nous partons le surlendemain et on verra l’an prochain» ! Il faut dire qu’on est au maximum de nos capacités. Je plaide pour une aide scolaire à l’école de DJYOTI qui offre un repas de midi à la cantine. Finalement, c’est ok, demain matin, les enfants (12, 8 et 6 ans) reviennent pour choisir des vêtements au vestiaire. Ils sont maigres mais ont l’air très éveillés bien qu’ils accusent un certain retard scolaire car l’oncle aîné, chef de famille, préférait voir les enfants travailler aux champs plutôt qu’à l’école. Pendant ce temps, Daniel et Bischow Raj sont allés voir la maison et les conditions de vie. Le loyer est

faible, maison face à l’école qui est d’accord pour les intégrer. Frais scolaires, matériels, uniformes et la fameuse cantine seront à la charge de l’AFEN qui donne aussi 3 couvertures polaires colorées aux enfants. Tout s’est fait au pas de charge, mais cette famille silencieuse semblait vraiment exténuée et sans espoir et le contraste si grand avec les voisins bruyants accompagnés de leurs enfants présents, bien nourris et choyés, qu’il fallait faire quelque chose tout de suite, sans attendre un an.

Nous avons réussi à faire nos bagages pour le retour entre diverses visites comme celle de la famille de Naron Adhikari, le garçon sourd que nous avions réussi à faire intégrer une école spécialisé il y a 8 ans. Il sait lire et écrire et se plait beaucoup à son internat. Ses parents pensaient qu’il était débile et qu’on ne pouvait l’éduquer. Son agitation, enfant, devait beaucoup à la colère de ne pas être comprise. Il est très calme et autonome. Visite aussi de Bidje et sa mère venus remercier pour l’opération (granulome pyogène ombilical en fait),  Susil (étudiant chirurgien) va prendre contact avec le chirurgien pour en savoir un peu plus ( bénin ou non) et les risques de récidive. Rajesh continue les pansements et gardera l’œil sur l’enfant qui a un bon contact avec lui et n’hésitera pas à signaler un problème. C’est fini pour 2020!

Lettre Népal n° 9 du 29 Février 2020

Après toutes les péripéties de ces dernières semaines ayant eu leur content d’émotions, d’inquiétudes, de recherches et de déplacements en tout genre sur notre terrain d’action à Pokhara, nous aspirions à un peu de calme et nous avons été servis.

Tout d’abord, parce que fatigués et dans les courants d’air du bus, nous avons choppé un bon rhume qu’il importait de juguler avant de pénétrer dans les aéroports. Nous voyons dans le Katmandu Post (et sur internet) que les esprits s’échauffent dans différents pays et que des mesures sanitaires commencent à être prises un peu partout dans le monde. Déjà, les médias ici s’interrogeaient sur l’apathie des services sanitaires locaux alors que des chercheurs épidémiologistes occidentaux et chinois calculaient (et le faisaient savoir) que la ville de Katmandou faisait partie des 11 villes-métropoles les plus menacées par la contagion et le Népal, l’un des 10 derniers pays capables d’y faire face. Pas très rassurant tout cela quand on s’y trouve. Du coup, nous limitons nos sorties au nécessaire, évitons bus, bains de foule dans des endroits qui concentrent beaucoup de gens. Dommage, car il y a eu des fêtes liées à Shivaratri (naissance de Shiva) à PATAN avec défilés colorés…

Beaucoup de Sâdhus trainent en ville (ce sont des hommes drapés de tissus jaune orangé qui ont renoncé au monde), ils mendient chaque jour leur nourriture avec leur boite et leur bâton. Certains sont étonnants en portant les 3 épais longs traits blancs sur le front (appartenance à Shiva), les tikas (point rouge entre les yeux), la tête ceinte d’un turban artistiquement enroulé …. Jeunes ou vieux, leur allure est toujours digne, ils viennent souvent d’Inde et vont d’un endroit sacré à un autre pèlerinage en fonction du calendrier des fêtes hindouistes sans trop se préoccuper des frontières. Bien sûr, nous les rencontrons depuis des années et avons observé parfois chez eux, une certaine roublardise bonne enfant et une propension à utiliser des substances interdites mais dites naturelles et non trafiquées. Le ganga pousse ici comme une mauvaise herbe au bord des routes et permet d’apaiser de manière traditionnelle, les douleurs des malades et personnes âgées. Malgré la proximité de Freak Street qui rappellera des souvenirs aux soixante-huitards, nous n’avons pas essayé car «  ni malades, ni âgés » !

Néanmoins, au cours de nos promenades pédestres limitées au Thamel (vieux quartier pittoresque de Katmandou), nous avons retrouvé avec plaisir la découverte des vieilles cours s’ouvrant sur des temples et stupas blancs tant hindouistes que bouddhistes, ensembles dans leur style parfaitement intégré aux maisons de brique et fenêtres de bois sculptées qui les encerclent. L’art de l’architecture Newar date de plusieurs centaines d’années et perdure toujours grâce aux artisans toujours très actifs. Du reste, en allant flâner du côté de Durban square (le cœur symbolique du Népal au cours des siècles) qui avait été très endommagé au cours des derniers séismes en Avril-Mai 2015, nous avons eu la joie de constater que les lieux se reconstruisaient sous l’égide de l’Unesco certes, mais avec une aide capitale de la Chine tant pour les travaux que leur financement. De larges panneaux d’informations en 4 langues dont l’Anglais, décrivent les processus pour que les sites soient reconstruits à l’identique en apparence mais avec des normes antisismiques strictes. Du coup, les artisans Népalais sculptent « à l’ancienne » étais de bois, poutres et briques, les assemblent tandis que les architectes et ingénieurs chinois s’occupent des infrastructures « invisibles». Nous allons déjeuner en haut des restaurants perchés aux 4 / 5 èmes étages d’étroites maisons (parfois assez branlantes) qui bordent la Place des temples. En changeant de top-roofs restaurants, nous avons aussi de points de vue complémentaires sur l’avancement des travaux et ce qui reste à accomplir. J’y ai même emmené hier ma filleule Shanti qui découvrait l’existence de certains temples autrefois cachés, mais mis à nu du fait de la destruction récente des parties en ruine.

En la ramenant au BIR Hôpital, le plus grand et célère hôpital gouvernemental du Népal où elle travaille au service de dialyse, nous nous sommes arrêtés dans une quinzaine de pharmacie pour demander des masques : il n’y en a aucun à vendre! Du coup, j’ai réitéré cette question à toutes les pharmacies sur mon chemin (une 40 taine) en passant aussi chez les grossistes pharmaciens : NADA ! Du coup, j’ai acheté des masques en tissu lavable. Ce qui me ramène à mon point de départ, c'est-à-dire la vision pessimiste des chercheurs car Shanti m’a confirmé que le personnel hospitalier n’avait pour l’instant, reçu aucune information sur les mesures d’urgence en cas d’épidémies, en dehors des affiches placardées qui conseillent à la population de mettre un masque et se laver les mains. Elle n’est pas plus inquiète que cela, car « arrive ce qui doit arriver et on ne peut se soustraire au destin ». Espérons que le Népal soit épargné d’une épidémie massive ! Bises de Betty et Daniel de retour le 1er Mars si tout va bien.

 

 

Date de dernière mise à jour : 26/03/2020

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